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1er-16 janvier 1987

France. Maintien de la politique de rigueur salariale face aux mouvements de grève

Le 1er, la direction de la S.N.C.F. retire le projet de nouvelle grille salariale qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 1988, et dont le médiateur, François Lavondès, avait proposé, la veille, la non-application. Cette grille introduisait l'avancement selon le mérite, en remplacement de la règle de l'ancienneté. En dépit de cette concession et de quelques ouvertures sur les conditions de travail, la base, qui est à l'origine de la grève très suivie qui a commencé le 18 décembre 1986, réagit de façon plutôt négative et le trafic ferroviaire continue d'être gravement perturbé. Le même jour, François Mitterrand, en vacances au fort de Brégançon, reçoit une délégation de cheminots grévistes du Var, venue lui présenter ses vœux. Jacques Toubon, secrétaire général du R.P.R., voit dans ce geste un encouragement donné par le président de la République aux « jusqu'au-boutistes ».

Le 2, Jacques Chirac préside une réunion interministérielle. C'est l'occasion pour le gouvernement de dénoncer les motifs « politiques » du mouvement des cheminots. La C.G.T., de son côté, annonce des initiatives pour tenter d'étendre les grèves à l'ensemble du secteur public et nationalisé.

Le 3, un accord intervient entre les syndicats de la marine marchande, dont la C.G.T., largement majoritaire, et Ambroise Guellec, secrétaire d'État à la Mer. En acceptant de geler les immatriculations de navires aux îles Kerguelen (qui permettent l'embauche de travailleurs étrangers moins payés), ce dernier favorise une reprise du travail à partir du 5 dans les ports, bloqués depuis le 10 décembre 1986.

Le 5, François Mitterrand, au cours des cérémonies de vœux à l'Élysée, souligne « l'absolue priorité qui doit être reconnue à la lutte contre l'inflation », mais estime que, « s'il y a sacrifice, il doit être justement réparti ».

À partir du 6, le trafic parisien est perturbé par la grève du métro et du R.E.R., tandis qu'une grève débute à E.D.F., après l'échec des négociations salariales. La baisse de production entraîne des coupures de courant dans de nombreuses régions, y compris la région parisienne, où les usagers commencent à être exaspérés par cette accumulation d'embarras. Jacques Chirac s'exprime le 6 sur Europe 1 après avoir réuni le gouvernement à Matignon : il insiste sur la nécessité de poursuivre la politique de rigueur, afin de lutter à la fois contre l'inflation et le chômage.

Le 7, tandis que Jacques Toubon appelle les usagers à protester contre la poursuite des grèves, Raymond Barre, invité de l'émission d'Antenne 2 L'Heure de vérité, déclare soutenir le gouvernement dans son refus de remettre en cause la politique salariale dans le secteur public, mais l'invite toutefois à pratiquer davantage le « nécessaire dialogue ».

Le 9, plusieurs dépôts S.N.C.F. décident la reprise du travail après des concessions faites le 8 par la direction. Mais la situation reste bloquée à l'E.D.F. et elle a tendance à se durcir à la R.A.T.P.

Dans la soirée du 9, la direction d'E.D.F. propose aux syndicats une modification de l'accord salarial, qui est signé le 10 par la C.G.C. et la C.F.T.C., puis le 12 par la C.F.D.T. et F.O., la C.G.T. refusant de signer.

Le 12, après la province, deux manifestations ont lieu à Paris. L'une, au Palais-Royal, à l'appel du R.P.R., réunit une quinzaine de milliers d'usagers mécontents. L'autre a lieu place de l'Opéra, à l'instigation du Front national.

Le 13, l'accalmie se confirme à la S.N.C.F., à E.D.F. ainsi que dans les transports parisiens, où le trafic reprend après l'acceptation par la direction des principales revendications du Syndicat autonome traction, majoritaire chez les conducteurs.

Le 14, les derniers dépôts S.N.C.F. décident la reprise du travail, au bout de près d'un mois de grève. C'est la fin d'un des plus longs et des plus durs conflits de l'après-guerre ; il ne sera pas sans conséquences pour l'entreprise nationale, qui estime avoir perdu 1,4 milliard de francs.

Le 16, la signature d'un accord salarial met définitivement fin à la grève du métro parisien. Mais ni la C.G.T. ni la C.F.D.T. ne le signent, estimant qu'il ne garantit ni le pouvoir d'achat ni l'emploi.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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