1er-18 septembre 1988
Birmanie. Reprise du pouvoir par l'armée
Le 1er, dans une déclaration radiodiffusée, le président Maung Maung accepte la formation d'un syndicat étudiant, après vingt-six ans d'interdiction. Se refusant à toute autre concession, il lance un appel au calme et à la reprise du travail. L'opposition juge ces mesures insuffisantes : elle exige le remplacement du système de parti unique par une démocratie pluraliste et la formation d'un gouvernement intérimaire avant le 7.
Le 8, devant le refus du pouvoir de céder à cet ultimatum, l'opposition proclame la grève générale et organise de gigantesques manifestations, qui rassemblent des centaines de milliers de personnes à Rangoun et dans les grandes villes de province. Des fonctionnaires et même des militaires se joignent aux manifestants.
Le 10, le président Maung Maung annonce que le comité central du parti unique a accepté l'organisation d'élections et la restauration du pluralisme politique dans un délai de trois mois. Mais les manifestations se poursuivent et les trois principaux leaders de l'opposition, l'ancien général Aung Gyi, Mme Aung San Suu Kyi et le général Tin U, s'unissent pour réclamer à nouveau la formation d'un gouvernement intérimaire.
Le 18, le général Saw Maung, fidèle du général Ne Win et ministre de la Défense, prend le pouvoir à la tête d'un comité militaire « pour la restauration de la paix ».
Il annonce que l'armée dirigera le pays jusqu'à la tenue d'élections générales. Un couvre-feu est instauré et tous les rassemblements sont interdits. Les grévistes sont invités à reprendre le travail avant le 3 octobre, faute de quoi ils seront licenciés.
Dans les jours qui suivent, l'ordre est rapidement rétabli après une sanglante répression, qui fait au moins mille morts, selon des bilans non officiels. Mais, à la fin du mois, l'opposition, encouragée par la promesse d'élections démocratiques, accepte de constituer des partis politiques, tandis que, le 3 octobre, les grévistes, pour la plupart fonctionnaires ou ouvriers dans les entreprises nationalisées qui englobent pratiquement toutes les industries, se résignent à reprendre le travail devant les menaces du pouvoir.