1er-21 avril 1981
Yougoslavie. Émeutes sanglantes au Kosovo
Le 1er, des affrontements ont lieu entre manifestants de souche albanaise établis à Pristina, capitale de la région autonome de Kosovo (Serbie), et les forces de l'ordre. Huit manifestants et un milicien sont tués. Selon l'agence de presse yougoslave, les manifestants auraient « lancé des mots d'ordre nationalistes albanais ». Déjà, en mars, des étudiants mécontents de leur situation avaient, à deux reprises, créé des désordres dans cette ville.
Le 2, les autorités yougoslaves décrètent l'état d'urgence pour deux semaines dans la région de Kosovo, et dénoncent la « collusion des ennemis intérieurs et extérieurs ». Manifestement, onze mois après la mort du maréchal Tito, Belgrade s'inquiète des risques de revendications parmi les autres minorités composant la mosaïque fédérale. À l'heure où la situation économique ne cesse de se dégrader, le gouvernement de la république limitrophe du Monténégro arrête, les 2 et 3, une série de mesures « politiques et administratives » destinées à prévenir « toute incitation à l'intolérance nationale ».
Le 8, le journal officiel du Parti albanais du travail se prononce en faveur des manifestants, ce qui ravive la tension entre la Yougoslavie et l'Albanie.
Le 19, le quotidien soviétique, la Pravda, condamne ouvertement les interprétations selon lesquelles ces troubles pourraient résulter de tentatives de déstabilisation provenant de « pays frères ».
Le 21, réunis à Niš, les procureurs des républiques fédérées et régions autonomes yougoslaves – les plus hauts magistrats – réclament la plus grande sévérité contre tous les « ennemis du pays ». Plus de cinq cents personnes seront condamnées à la suite de ces émeutes.