1er-22 janvier 2021
États-Unis. Assaut du Capitole et investiture du président Joe Biden
Le 1er, la plupart des sénateurs républicains se joignent aux démocrates pour renverser le veto opposé en décembre 2020 par le président Donald Trump au budget de la défense. La Chambre des représentants avait voté dans le même sens quelques jours plus tôt. C’est la première fois, au cours de ce mandat, que le Congrès réunit une majorité des deux tiers pour passer outre le veto présidentiel.
Le 2, le Washington Post publie une conversation téléphonique entre Donald Trump et le secrétaire d’État de Georgie, État remporté par le candidat démocrate Joe Biden avec 11 779 voix d’avance lors de l’élection présidentielle de novembre 2020. Alors que les résultats électoraux ont été certifiés en décembre 2020, le président demande à son interlocuteur de « trouver 11 780 voix […] parce que nous avons gagné dans l’État ».
Le 5, les candidats démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff remportent le second tour des deux élections sénatoriales en Georgie. Leur victoire confère aux démocrates le contrôle du Sénat. Ceux-ci y disposent d’autant de sièges que les républicains – cinquante –, mais en cas d’égalité des voix lors d’un vote, c’est la vice-présidente démocrate Kamala Harris, également présidente du Sénat, qui sera chargée d’apporter son vote décisif.
Le 6, des partisans de Donald Trump investissent le Capitole, à Washington, où le Congrès a entamé la séance de certification des résultats de l’élection présidentielle remportée par Joe Biden. Le président battu appelait ses sympathisants à se rassembler dans la capitale à cette date pour contester ces résultats qu’il qualifie de « plus grosse ARNAQUE de l’histoire de notre nation ». Des centaines de personnes circulent dans le Capitole sans rencontrer de résistance, tandis que les agents de sécurité mettent les élus sous protection. Plusieurs heures se passent avant que les forces de l’ordre n’interviennent. Donald Trump se résout finalement à diffuser une vidéo dans laquelle il demande à ses partisans de « rentrer chez [eux] en paix », après avoir affirmé comprendre leur « souffrance » et déclaré qu’il les « aimait ». La foule est évacuée dans la soirée. Le bilan de l’émeute s’élève à cinq morts, dont un policier. Le Congrès reprend sa séance et proclame la victoire de Joe Biden. De son côté, Donald Trump finit par promettre une « transition ordonnée », tout en continuant à réfuter sa défaite électorale. Ces événements feront apparaître une ligne de fracture au sein du Parti républicain dont de nombreux responsables prendront leur distance avec Donald Trump. Plusieurs membres du gouvernement annonceront leur démission.
Le 7, le réseau social Facebook annonce la fermeture définitive des comptes de Donald Trump. Twitter fera de même le lendemain. La plupart des plateformes annoncent le blocage des comptes pro-Trump.
Le 7 également, Joe Biden désigne le président de la cour d’appel du district de Columbia Merrick Garland au poste d’attorney general (ministre de la Justice). Le 8, il nomme la gouverneure de Rhode Island Gina Raimondo au secrétariat au Commerce et, le 11, l’ancien diplomate et ancien secrétaire d’État adjoint William Burns à la tête de la CIA. Ces nominations devront être confirmées par le Sénat.
Le 12, la Chambre des représentants adopte une résolution demandant au vice-président Mike Pence de recourir au 25e amendement de la Constitution afin de faire reconnaître l’incapacité du président à exercer ses fonctions. Celui-ci s’y refuse.
Le 13, la Chambre des représentants approuve la résolution de mise en accusation de Donald Trump déposée par les élus démocrates. Celui-ci est accusé d’« incitation à l’insurrection », ainsi que d’avoir exercé des pressions sur le secrétaire d’État de Georgie. Dix élus républicains votent la mise en accusation. Le procès pour impeachment doit être mené par le Sénat où la destitution de Donald Trump doit être approuvée à la majorité des deux tiers. Celui-ci a déjà été mis en accusation en décembre 2019.
Le 14, Joe Biden présente ses mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19, auxquelles doivent être consacrés 400 des 1 900 milliards de dollars (1 575 milliards d’euros) du plan de relance qu’il entend soumettre au Congrès. Celui-ci doit s’ajouter au plan de 2 000 milliards de dollars adopté en avril 2020 et de 900 milliards voté en décembre 2020. Le seuil des quatre cent mille morts du coronavirus dans le pays sera franchi le 19.
Le 19, Donald Trump gracie soixante-treize personnes, dont son ancien conseiller Steve Bannon qui était accusé de détournement de fonds. Dans son allocution d’adieu, il assure que « tous les Américains ont été horrifiés par l’assaut contre notre Capitole ».
Le 20, Joe Biden et Kamala Harris prêtent serment devant le Capitole, en l’absence de Donald Trump et sans public, dans une capitale sécurisée par la garde nationale. Dans son discours, Joe Biden appelle ses compatriotes à « s’unir pour combattre […] la colère, le ressentiment et la haine » et à « mettre fin à cette guerre incivile qui oppose le rouge [républicain] au bleu [démocrate] […] le conservateur au libéral ». « Nous devons mettre de côté la politique et enfin affronter cette pandémie comme une nation unie », affirme-t-il. Joe Biden signe dix-sept décrets qui prévoient notamment le retour du pays dans l’accord de Paris sur le climat et dans l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le rétablissement du statut protégeant les sans-papiers arrivés enfants aux États-Unis, la fin du financement du mur à la frontière mexicaine, l’annulation de l’interdiction faite aux ressortissants de certains pays musulmans d’entrer sur le territoire, l’annulation de l’autorisation accordée à la construction de l’oléoduc Keystone XL entre l’Alberta canadien et le Nebraska, et l’obligation du port du masque dans les espaces fédéraux.
Le 20 également, le Sénat confirme la nomination d’Avril Haines au poste de directrice du renseignement national. Le 22, il confirmera celle du secrétaire à la Défense Lloyd Austin, le 25 celle de la secrétaire au Trésor Janet Yellen et le 26 celle du secrétaire d’État Antony Blinken.
Le 22, le président Biden annonce l’augmentation du montant des aides alimentaires, la prolongation du moratoire sur les expulsions locatives, la simplification de l’accès aux aides fédérales pour les petites entreprises, l’assouplissement des conditions d’octroi des allocations chômage et l’augmentation du salaire minimal fédéral. Il souhaite également verser un chèque de 1 400 dollars à toutes les personnes gagnant moins de 75 000 dollars annuels, somme qui s’ajouterait aux 1 200 dollars puis aux 600 dollars versés en avril et en décembre 2020. Ces mesures justifiées par la situation sanitaire sont subordonnées à l’approbation de son plan de relance par le Congrès.