1er-22 mai 1983
Pologne. Tensions dans le pays et avec Moscou
Le 1er, de nombreux manifestants répondent au mot d'ordre de défilé de Solidarité, dans une vingtaine de villes polonaises. Se déroulant parallèlement aux manifestations officielles pour la fête du Travail, ces défilés sont marqués, en particulier à Nowa Huta où un jeune homme trouve la mort, par des affrontements violents avec les forces de l'ordre. Il s'agit toutefois d'un incontestable succès pour les dirigeants clandestins du syndicat. Lech Wałęsa s'en félicite et invite le pouvoir à négocier.
Le 3, de nouvelles manifestations marquent l'anniversaire de la Constitution libérale de 1791. Des affrontements ont encore lieu, notamment à Varsovie, où le service d'ordre est bien plus imposant que le 1er mai.
Le 5, la conférence épiscopale polonaise demande le rétablissement des libertés à l'occasion de la visite du pape, prévue du 16 au 23 juin. Jean-Paul II a d'ailleurs, en acceptant l'invitation officielle de l'État polonais, exprimé l'espoir qu'une amnistie générale coïnciderait avec sa venue.
Le 6, un article publié dans l'hebdomadaire soviétique Temps nouveaux s'en prend directement au Vice-Premier ministre Mieczyslaw Rakowski. À travers lui, c'est toute l'équipe du général Jaruzelski qui est ainsi publiquement rappelée à l'ordre.
Le 6 également, les dirigeants des anciens syndicats officiels et de Solidarité adressent en commun une lettre à la Diète demandant le rétablissement du pluralisme syndical et la libération des syndicalistes condamnés.
Le 12, l'hebdomadaire polonais Polityka réplique aux critiques soviétiques, dont il déplore le « ton sans précédent ».
Le 14, à Varsovie, un jeune homme, Grzegorz Przemyk, meurt des suites de brutalités policières. Ses obsèques donnent lieu, le 19, à une manifestation silencieuse d'environ trente mille personnes.
Le 19, Moscou publie une nouvelle mise en garde à Varsovie. Un article paru dans Kommounist (organe de comité central du P.C.U.S.) invite le général Jaruzelski à agir contre toute forme d'opposition « anti-socialiste », en particulier celle de l'Église.
Le 22, Lech Wałęsa demande aux Polonais de « ne rien faire » qui puisse compromettre la visite de Jean-Paul II en Pologne.
Les 27, 28 et 30, Lech Wałęsa est à nouveau interrogé par la police, cette fois-ci à propos des activités du K.O.R., dont les principaux dirigeants sont en prison.
Le 31, les débats du XIIe plénum du comité central du P.O.U.P. confirment la persistance d'un désarroi et de doutes profonds au sein même du parti.