1er-23 décembre 1992
Russie. Désignation de Viktor Tchernomyrdine au poste de Premier ministre
Le 1er s'ouvre à Moscou le Congrès des députés de Russie. L'épreuve est délicate pour le président Boris Eltsine dont la politique de réformes libérales, au terme de sa première année d'exercice du pouvoir, n'a pas eu les effets escomptés. Le Congrès se présente comme le lieu d'un marchandage entre le législatif et l'exécutif. Les élus conservateurs et centristes souhaitent infléchir la politique gouvernementale dans un sens plus dirigiste. De son côté, le président veut obtenir le renouvellement des pouvoirs spéciaux qui lui avaient été attribués en novembre 1991 et qui viennent à expiration le jour même, serait-ce au prix du sacrifice de certains de ses collaborateurs.
Le 2, le Premier ministre Egor Gaïdar reproche au Parlement de lui refuser les moyens de son programme de réformes, tout en reconnaissant l'échec de sa politique monétaire.
Le 9, les députés refusent l'investiture en titre d'Egor Gaïdar comme Premier ministre – il en « fait fonction » seulement depuis sa nomination par Boris Eltsine en juin. Ils rejettent ainsi la possibilité offerte par le président russe, en échange de la confirmation d'Egor Gaïdar, d'approuver la nomination des ministres de l'Intérieur, de la Sécurité, de la Défense et des Affaires étrangères. Boris Eltsine affirme donc qu'il maintiendra en fonctions tous les membres du gouvernement.
Le 10, le président russe accuse les députés de « coup d'État rampant » et appelle à la tenue, en janvier 1993, d'un référendum qui trancherait la question de savoir qui, du Parlement ou du président, doit sortir la Russie de la crise économique et politique.
Le 14, au terme de quatre jours de négociations, Boris Eltsine et le président du Congrès Rouslan Khasboulatov parviennent à un compromis que le Congrès approuve. Le référendum annoncé par le président est différé à avril 1993 et portera sur les principes de la future Constitution. Le Parlement renonce au droit qu'il s'était arrogé de bloquer les décrets présidentiels. Une procédure complexe est définie pour la désignation du Premier ministre. Enfin, le radical Guennadi Bourboulis, éminence grise de Boris Eltsine et « bête noire » de l'opposition, est privé de son titre de chef des conseillers du président. Boris Eltsine accepte de proposer au Congrès la candidature du centriste Viktor Tchernomyrdine, qui est approuvée, en remplacement d'Egor Gaïdar. Ancien apparatchik responsable de la production gazière, le nouveau chef du gouvernement, qui dispose du soutien du complexe militaro-industriel, se déclare favorable à la poursuite des réformes.
Le 23, à la suite de difficiles marchandages, Viktor Tchernomyrdine forme un gouvernement où figure le « noyau dur » réformateur de la précédente équipe, notamment le ministre des Affaires étrangères Andreï Kozyrev.