1er-24 septembre 1990
France. Intensification de l'engagement français dans le Golfe
Le 3, Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères, annonce que la France est favorable à un renforcement de l'embargo contre l'Irak et qu'elle n'exclut pas de participer à un conflit armé dans le Golfe. Cette attitude est approuvée par l'ensemble des responsables politiques français reçus à l'Élysée les 1er et 3, à l'exception de Jean-Marie Le Pen.
Le 6, dans la troisième conférence de presse qu'il donne depuis le 2 août, date de l'invasion du Koweït par les troupes irakiennes, le président de la République déclare qu'« il faut être implacable dans l'exécution de l'embargo » et que la France interviendrait sans hésitation en cas de nouvelle agression irakienne ; mais il réserve sa position en cas d'action américaine soudaine.
Le 15, François Mitterrand convoque un conseil restreint à l'Élysée à la suite de la violation, la veille, de la résidence de l'ambassadeur de France à Koweït, où quatre Français, dont un diplomate relâché le jour même, ont été enlevés. Répondant à cette « nouvelle agression », la France saisit le conseil de sécurité de l'O.N.U., demande l'extension de l'embargo au trafic aérien, expulse une quarantaine d'Irakiens, dont onze diplomates, et, surtout, renforce son dispositif militaire dans le Golfe, en décidant l'envoi de plus de quatre mille hommes, de chars, d'hélicoptères et d'une trentaine d'avions de combat en Arabie Saoudite. Cette opération, baptisée Daguet, la plus importante depuis la guerre d'Algérie, et dont le commandement est confié au général de corps d'armée Michel Roquejeoffre, place désormais la France dans une position plus offensive que défensive. De Saint-Maximin (Var), où ils participent à la première réunion du bureau politique de l'Union pour la France (U.P.F.), Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac approuvent, dans une déclaration commune, l'ensemble de ces décisions, tandis que le P.C.F. exprime ses réserves, et que le F.N., les Verts et l'extrême gauche les critiquent.
À partir du 21, les onze navires civils affrétés par le ministère de la Défense pour le transport des troupes et des matériels commencent à quitter le port de Toulon à destination de Yanbu, port saoudien de la mer Rouge. Ils y arrivent à partir du 29, pour ensuite gagner l'intérieur du désert arabe, à une centaine de kilomètres de la frontière koweïtienne.
Le 23, le porte-avions Clemenceau commence à débarquer à Yanbu cinq cents soldats, quarante-deux hélicoptères et soixante-dix véhicules ; après quoi il regagne la France.
Le 24, devant l'Assemblée générale de l'O.N.U. à New York, François Mitterrand, rappelant que sa « logique est celle de la paix », propose à Bagdad un plan en quatre étapes, dont les premières supposent le retrait des troupes d'occupation du Koweït et la libération des otages. L'Irak, tout en soulignant le « ton non agressif » de ces propositions, ne fait pourtant aucun pas dans le sens de leur application.