1er-25 août 2006
Liban. Fin du conflit entre Israël et le Hezbollah
Le 1er, le gouvernement israélien rejette les demandes de cessez-le-feu dans le conflit qui l'oppose au Hezbollah depuis juillet et adopte un plan d'extension des opérations terrestres dans le sud du Liban. Israël poursuit ses bombardements sur le pays en dépit de la suspension des raids annoncée après le drame de Cana, le 30 juillet. L'offensive terrestre débute le même jour.
Le 1er également, le président syrien Bachar Al-Assad demande à l'armée de son pays de « se tenir prête, en raison de la situation internationale et des défis régionaux, qui nécessitent la vigilance ».
Le 2, le Hezbollah répond à l'offensive terrestre israélienne – qui rencontre une forte résistance.
Le 3, le Premier ministre libanais Fouad Siniora annonce qu'environ un million de ses concitoyens, soit le quart de la population, ont quitté leur foyer depuis le début du conflit.
Le 4, des bombardements israéliens visant la plaine de la Bekaa tuent une trentaine d'ouvriers agricoles à Al-Qaa. D'autres tirs neutralisent le dernier axe routier praticable entre le Liban et la Syrie, coupant, selon l'O.N.U., le « cordon ombilical » de l'aide humanitaire. Le Hezbollah riposte en tirant un missile sur la ville d'Hadera, à 75 kilomètres de la frontière.
Le 5, tandis qu'Israël et le Hezbollah intensifient leurs frappes, Paris et Washington parviennent à un accord sur le projet de deux résolutions visant à régler la crise libanaise: la première aurait pour objet la « cessation complète des hostilités »; elle serait suivie de la négociation d'un « cessez-le-feu permanent » et d'une « solution à long terme » – délimitation des frontières, sanctuarisation de la zone frontalière et désarmement des groupes armés –, avec « déploiement d'une force internationale sous mandat de l'O.N.U. », objet d'une seconde résolution. Beyrouth rejette ce projet qui ne force pas Israël à se retirer immédiatement du Liban et qui diffère le règlement des litiges territoriaux israélo-libanais, notamment celui qui concerne le secteur des fermes de Chebaa.
Le 7, le gouvernement libanais se déclare prêt à déployer l'armée dans le sud du pays, contrôlé par le Hezbollah, en échange du retrait israélien.
Le 9, le gouvernement israélien approuve la proposition de l'état-major d'étendre l'offensive terrestre en triplant les effectifs engagés, en vue de mettre le territoire israélien à l'abri des tirs de roquettes. L'opération n'est toutefois pas aussitôt déclenchée.
Le 9 également, le quotidien israélien Haaretz publie un encart du mouvement pacifiste La Paix maintenant, qui appelle à « donner sa chance à la voie diplomatique ». L'opinion israélienne demeure massivement favorable à la guerre engagée contre le Hezbollah.
Le 10, Moscou dépose un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'O.N.U. demandant une « cessation complète et immédiate des hostilités pour soixante-douze heures », pour une raison d'urgence humanitaire.
Le 11, le Conseil de sécurité adopte à l'unanimité la résolution 1701, présentée par la France et les États-Unis. Celle-ci prévoit la cessation totale et immédiate de « toutes les attaques » du Hezbollah et des « offensives militaires » israéliennes, le déploiement de l'armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (F.I.N.U.L.) dans le sud du pays, parallèlement au retrait de « toutes les forces » israéliennes, et le renforcement de la F.I.N.U.L. Les effectifs de cette dernière pourront passer de deux mille à quinze mille hommes. Ils seront autorisés à « prendre toutes les mesures nécessaires » pour l'exécution de leur mission, donc à user, le cas échéant, de la force.
Le 12, tandis que le gouvernement libanais entérine avec des réserves la résolution 1701, Tsahal lance dans le sud du Liban la vaste offensive en direction du fleuve Litani décidée le 9. L'armée israélienne déclare ne se fixer « aucune limite de temps » pour « neutraliser les capacités du Hezbollah de tirer des roquettes sur le nord d'Israël ».
Le 14, les combats entre l'armée israélienne et le Hezbollah prennent fin. Au cours de ces deux jours d'offensive, les Israéliens ont rencontré une vive résistance, perdant vingt-neuf hommes, alors que le Hezbollah tirait deux cent cinquante roquettes dans la seule journée du 13. Le bilan humain du conflit s'élève à au moins onze cents morts au Liban. En Israël, entre trois cent mille et cinq cent mille personnes ont été déplacées, et trente-neuf civils sont morts, victimes des tirs de roquettes. Cent dix-neuf soldats israéliens ont été tués. Tsahal se retire du sud du Liban, alors que les Libanais du Sud regagnent en masse leur foyer.
Le 14 également, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah salue « une victoire stratégique et historique pour tout le Liban et toute la oumma », la communauté des croyants musulmans. Il offre une aide à la reconstruction ou au relogement à tous ceux dont les maisons ont été détruites durant le conflit.
Le 15, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad et son homologue syrien Bachar Al-Assad, dont les pays sont les principaux appuis du Hezbollah, saluent l'émergence d'un « nouveau Moyen-Orient » fondé sur la victoire du mouvement armé chiite.
Les jours suivant l'arrêt des combats, de nombreuses voix s'élèvent en Israël pour accuser l'état-major comme le gouvernement de l'échec relatif de l'opération militaire au Liban. De nombreux réservistes, en particulier, dénoncent l'impréparation de l'armée et l'incurie du commandement.
Le 16, Fouad Siniora annonce solennellement, dans un discours à la nation, la décision du gouvernement d'étendre l'« autorité de l'État sur la totalité de son territoire ».
Le 17, l'armée libanaise entame son déploiement dans le sud du pays, entre le Litani et la frontière israélienne, où elle n'était plus présente depuis les années 1970.
Le 17 également, le président Chirac annonce que la France ne mettra que deux cents soldats supplémentaires à la disposition immédiate de la F.I.N.U.L. – en plus des deux cents qui y sont déjà incorporés – en attendant que « la mission, les règles d'engagement et les moyens » de la force internationale soient « précisés ». L'O.N.U. juge l'offre française décevante.
Le 18, l'O.N.U. diffuse auprès des pays intéressés le détail des règles d'engagement de la F.I.N.U.L. renforcée. Les casques bleus sont autorisés à faire « usage d'une force appropriée et crédible, [...] si nécessaire »; le contrôle de la zone-tampon et le désarmement du Hezbollah incombent aux forces libanaises.
Le 19, l'armée israélienne effectue un raid héliporté dans l'est du Liban.
Le 21, l'Italie, sollicitée par Israël, propose de prendre le commandement de la F.I.N.U.L.
Le 24, Jacques Chirac déclare avoir obtenu les « garanties » qui créent « les conditions d'une opération sûre et efficace » et annonce le renforcement du contingent français au sein de la F.I.N.U.L., qui atteindra finalement deux mille hommes.
Le 25, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq promettent au secrétaire général de l'O.N.U. Kofi Annan, en visite à Bruxelles, une participation de cinq mille six cents à sept mille hommes à la F.I.N.U.L. renforcée, l'Italie, la France et l'Espagne étant les principaux contributeurs.