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1er-27 décembre 1995

Bosnie-Herzégovine. Libération des pilotes français et signature de l'accord de paix à Paris

Le 1er, le ministère français de la Défense désavoue le général Jean-René Bachelet, commandant de la Forpronu à Sarajevo, qui avait déclaré, devant la presse, que l'accord de paix de Dayton, conclu en novembre, « mène droit dans l'impasse » en prévoyant la réunification de la capitale sans accorder de garanties aux Serbes bosniaques qui en contrôlent certains quartiers. Le président Chirac avait exprimé une préoccupation analogue dans un message adressé à la fin de novembre au président américain Clinton — Sarajevo se situe dans la zone attribuée au contingent français de l'Implementation Force (Ifor).

Le 5, le général Bachelet est rappelé à Paris pour avoir manqué à son devoir de réserve.

Le 6, le président Chirac exige de son homologue serbe, Slobodan Milošević, la libération rapide des deux pilotes français, Frédéric Chiffot et José Souvignet, retenus prisonniers depuis que leur avion a été abattu au-dessus de Pale le 30 août. Il menace, dans le cas contraire, d'en tirer « toutes les conséquences ».

Les 8 et 9 se tient à Londres la conférence sur l'application de l'accord de Dayton, qui met en place le volet civil du rétablissement de la paix en Bosnie. Le Suédois Carl Bildt est chargé d'en assurer la coordination pour le compte de l'O.N.U.

Le 12, les deux pilotes français sont libérés à Zvornik, localité située à la frontière des zones serbe et croato-musulmane. Leur restitution donne lieu à une poignée de main entre le général français Jean-Philippe Douin, chef d'état-major des armées, et le chef militaire serbe Ratko Mladić, inculpé de crimes contre l'humanité. Les deux pilotes déclarent avoir été bien traités. Paris affirme n'avoir accordé aucune contrepartie à leur libération. Dans une allocution télévisée, le président Chirac remercie les présidents serbe et russe de leurs « efforts ». Il rend également hommage aux cinquante-six casques bleus français tués en ex-Yougoslavie.

Le 12 également, les Serbes installés dans trois quartiers de Sarajevo rejettent massivement, par référendum, l'accord de Dayton.

Le 13, le Sénat des États-Unis autorise l'envoi de troupes américaines en Bosnie.

Le 14, les présidents bosniaque Alija Izetbegović, croate Franjo Tudjman et serbe Slobodan Milošević signent, au palais de l'Élysée à Paris, l'accord de paix sur la Bosnie, en présence des dirigeants des pays membres du « groupe de contact » sur l'ex-Yougoslavie et de l'Union européenne, qui contresignent l'accord. En raison des problèmes subsistant entre Belgrade et Zagreb, seules les républiques de Bosnie et de Serbie procèdent à leur reconnaissance mutuelle. Trois ans et demi de guerre en Bosnie ont fait quelque 200 000 morts et provoqué le déplacement de 2,7 millions de personnes.

Le 15, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte, à l'unanimité, la résolution 1031 qui autorise l'O.T.A.N. à faire appliquer l'accord de paix sur la Bosnie, en recourant au besoin à la force.

Le 20, la Forpronu, déployée dans le pays depuis mars 1992, remet ses pouvoirs à l'Ifor. Commandée sur le terrain par l'amiral américain Leighton Smith, Joint Endeavour (« Effort concerté ») est la première opération terrestre de cette envergure conduite par l'O.T.A.N. qui agit, également pour la première fois, en dehors de sa zone d'intervention. Sa fonction essentielle est de veiller à la cessation des hostilités et à la séparation des belligérants.

Les 20 et 21 se tient à Bruxelles, sous l'égide des Quinze et de la Banque mondiale, la première conférence internationale sur la reconstruction de la Bosnie ; 500 millions de dollars sont dégagés pour financer des programmes prioritaires.

Le 27, Le Canard enchaîné affirme que, au cours de leur détention, les deux pilotes français ont été torturés en présence de Ratko Mladić. Le ministère de la Défense reconnaît que les deux hommes ont été « maltraités ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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