1er-27 juin 1994
Nigeria. Bras de fer entre l'opposition et le régime militaire
Le 1er, des manifestations éclatent à Lagos à l'appel de l'opposition rassemblée au sein de la Coalition démocratique nationale (Nadeco), qui avait appelé le peuple nigérian à « prendre son destin en main ». La Nadeco avait donné jusqu'au 31 mai à la junte du général Sani Abacha pour céder le pouvoir au riche homme d'affaires musulman Moshood Abiola, vainqueur présumé de l'élection présidentielle de juin 1993 qui devait marquer le retour à un régime civil et qui avait été annulée par le général Ibrahim Babangida. Les jours suivants, nombre de personnalités sont arrêtées, dont Ameh Ebute, président du Sénat dissous après le coup d'État du général Abacha, en novembre 1993.
Le 11, la veille du premier anniversaire du scrutin annulé, Moshood Abiola se proclame président de la République et commandant en chef des forces armées. Toutefois, les Nigérians, qui craignent la répression militaire et ne font plus confiance à la classe politique, restent dans l'expectative et ne répondent pas à l'appel à la désobéissance civile.
Le 23, Moshood Abiola est arrêté et accusé de trahison.
Le 27, le général Abacha ouvre la Conférence constitutionnelle censée discuter des problèmes fondamentaux du pays et déterminer la date à laquelle les militaires devront quitter le pouvoir. Cette conférence, dont les règles de procédure profitent à la junte, ne dispose d'aucune légitimité, moins de 1 p. 100 des électeurs ayant participé, à la fin de mai, à la désignation de ses membres.