1er-28 avril 1981
France. Premier tour de l'élection présidentielle
Le 1er, Georges Marchais insiste, à Rouen, sur la nécessité de constituer, au lendemain d'une éventuelle défaite du président sortant, un gouvernement comprenant des ministres communistes. Le même jour, à Pontoise, Valéry Giscard d'Estaing estime que la volonté exprimée par le candidat socialiste de dissoudre l'Assemblée nationale s'il est élu équivaut à « annuler le choix démocratique des Français ».
Le 2, Jacques Chirac tient une conférence de presse à Paris, où il déclare ne vouloir faire « aucune exclusive ni dans la formation de la majorité ni dans la composition du gouvernement ».
Le 5, au Club de la presse d'Europe 1, François Mitterrand répond aux critiques faites par le président sortant, le 1er, à Pontoise. Selon lui, « tout candidat, s'il est élu, devra dissoudre l'Assemblée nationale ».
Le 8, Valéry Giscard d'Estaing annonce officiellement une action concertée franco-allemande en faveur des investissements, dont la pièce maîtresse est le lancement d'un emprunt commun d'un montant global de 5 milliards d'E.C.U. (30 milliards de francs) sur les marchés des capitaux.
Le 9, le Conseil constitutionnel rend publique la liste des candidats à l'élection présidentielle ayant réussi à rassembler les cinq cents formulaires de présentation signés par des élus représentant au moins trente départements. Outre les quatre « grands » candidats déjà cités, il s'agit de Huguette Bouchardeau (P.S.U.), Michel Crépeau (M.R.G.), Michel Debré, Marie-France Garaud, Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) et Brice Lalonde (écologistes).
Le 11, Jacques Chirac réussit à remplir le parc des Princes à Paris (50 000 places). Devant ses partisans, il renvoie dos à dos « les marchands d'illusion » et insiste sur la prise de conscience d'une « voie nouvelle » qui se précise chaque jour davantage. Le 13, s'ouvre la campagne officielle radio-télévisée. Chaque candidat dispose, pour le premier tour, d'une heure et dix minutes d'antenne à la radio et du même temps à la télévision.
Le 16, alors que l'avion de Valéry Giscard d'Estaing atterrit, une bombe explose à l'aéroport d'Ajaccio. Cet attentat fait un mort, un jeune touriste suisse, et huit blessés. Immédiatement condamné par tous les autres candidats, il est revendiqué, le 18, par un mouvement inconnu « Francs-tireurs et partisans corses ».
À partir du 18, aucun sondage ne peut plus être publié, conformément à la loi du 19 juillet 1977. Les derniers sondages rendus publics font apparaître un recul du président sortant, ainsi que, dans une moindre mesure, du candidat socialiste, tandis que Georges Marchais et surtout Jacques Chirac progressent sensiblement.
Le 26, a lieu le scrutin du premier tour. Les résultats officiels publiés par le Conseil constitutionnel le 29 avril, donnent sur 36 398 859 inscrits (France et D.O.M.-T.O.M.), 6 882 777 abstentions, soit 18,90 p. 100 (contre 15,77 p. 100 le 5 mai 1974) ; 478 046 suffrages étant blancs ou nuls (1,31 p. 100), les suffrages exprimés sont au nombre de 29 038 036. Valéry Giscard d'Estaing obtient 8 222 432 voix (28,31 p. 100) ; François Mitterrand, 7 505 960 (25,84 p. 100) ; Jacques Chirac, 5 225 846 (17,99 p. 100) ; Georges Marchais, 4 456 922 (15,34 p. 100). Parmi les résultats des quatre « grands », la principale surprise réside dans le score médiocre du candidat communiste, le plus bas depuis 1936. Dans la Seine-Saint-Denis, fief traditionnel du P.C.F., et dans le Cher, les pertes du Parti communiste dépassent même 10 p. 100 par rapport aux législatives de mars 1978. On remarque également que le P.S. atteint son plus haut niveau depuis 1945, tandis que le président sortant perd 4,3 p. 100 par rapport au premier tour de l'élection de 1974. Quant aux « petits » candidats, Brice Lalonde recueille 3,87 p. 100 des voix ; Arlette Laguiller, 2,30 p. 100 ; Michel Crépeau, 2,21 p. 100 ; Michel Debré, 1,65 p. 100 ; Marie-France Garaud, 1,33 p. 100 ; Huguette Bouchardeau, 1,10 p. 100.
Dès le 27, Jacques Chirac, sans donner de consigne à ses électeurs, annonce qu'il votera « à titre personnel » pour le président sortant. Le même jour, François Ceyrac, président du C.N.P.F., demande aux chefs d'entreprise de refuser d'entrer « dans la voie du collectivisme ».
Le 28, le comité central du P.C.F. invite à voter, au second tour, pour François Mitterrand.