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1er-28 avril 2003

Irak. Chute du régime de Saddam Hussein

Le 1er, alors que les bombardements sur Bagdad s'intensifient, une bombe tombée sur Al-Hilla, au sud de la capitale, fait au moins trente-trois morts civils.

Le 1er également, la télévision irakienne retransmet un discours de Saddam Hussein dans lequel celui-ci appelle au « djihad » contre les « envahisseurs » et les « infidèles ».

Le 2, les forces américaines engagent l'offensive contre les troupes d'élite de la Garde républicaine irakienne au sud de Bagdad.

Le 3, le secrétaire d'État américain Colin Powell, en visite à Bruxelles où il rencontre des représentants de l'Union européenne et de l'O.T.A.N., réaffirme le « rôle principal » que doit avoir, selon lui, la coalition dans l'après-guerre en Irak.

Le 4, les forces américaines prennent le contrôle de l'aéroport international de Bagdad, situé à 20 kilomètres de la ville.

Le 4 également, la télévision irakienne présente des images de Saddam Hussein prenant des bains de foule dans la capitale.

Le 5, les premiers chars américains pénètrent dans Bagdad privé d'électricité.

Le 6, à l'issue de violents combats, les Américains prennent le contrôle de la ville de Kerbala, au sud de Bagdad.

Le 7, les forces britanniques affirment contrôler la plus grande partie de Bassorah, deuxième ville du pays, dans le Sud, qui est bientôt livrée au pillage.

Le 7 également, les forces américaines atteignent le complexe présidentiel de Saddam Hussein, au centre de Bagdad.

Le 7 toujours, le secrétaire général de l'O.N.U., Kofi Annan, déclare que tout nouveau rôle de la coalition non défini par les résolutions existantes devra faire l'objet d'un nouveau mandat délivré par le Conseil de sécurité. Il nomme un diplomate pakistanais comme conseiller spécial pour l'Irak.

Les 7 et 8, le président américain George W. Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair se rencontrent près de Belfast, en Irlande du Nord, pour évoquer l'après-guerre en Irak. Sous la pression de Londres, soucieux de la légitimité de la transition politique en Irak, le communiqué final souligne que « les Nations unies ont un rôle vital à jouer dans la reconstruction » du pays.

Le 8, les bombardements américains sur les bureaux bagdadis de deux chaînes de télévision arabes ainsi que le tir d'un char américain contre l'hôtel abritant les journalistes dans la capitale, l'hôtel Palestine, sont vivement dénoncés par la Fédération internationale des journalistes. Onze journalistes sont morts dans le pays depuis le déclenchement du conflit.

Le 9, les forces américaines occupent Bagdad déserté par les dirigeants du régime déchu, où ne se déroulent plus que des affrontements sporadiques. À ce stade des opérations, le bilan humain s'élève, du côté de la coalition, à cent un morts américains et trente morts britanniques.

Le 10, tandis que les pillages et les destructions des bâtiments officiels se multiplient dans la capitale, les troupes américaines et kurdes occupent Kirkouk, dans le nord du pays. Le président Bush promet le rétablissement de « la loi et l'ordre » dans le pays.

Le 11, Mossoul, autre centre pétrolier du nord du pays et dernière grande ville encore aux mains des forces irakiennes, tombe à son tour. Washington garantit à Ankara que les combattants kurdes ne s'établiront pas dans les villes « libérées ».

Le 11 également, le président Bush met en garde la Syrie contre toute action en faveur des fugitifs du régime irakien déchu.

Le 11 toujours, Jacques Chirac, Gerhard Schröder et Vladimir Poutine se rencontrent à Saint-Pétersbourg. Ils réaffirment leur vision des relations internationales qui « exclut l'unilatéralisme » et estiment que c'est aux « puissances occupantes » de faire respecter l'ordre et de garantir l'accès de l'aide humanitaire en Irak.

Le 12, le conseiller scientifique de Saddam Hussein, Amer Al-Saadi, principal interlocuteur des experts en désarmement de l'O.N.U. avant le conflit, se rend aux forces de la coalition.

Le 14, les forces américaines prennent le contrôle de Tikrit, ville natale de Saddam Hussein, au nord de Bagdad, sans rencontrer de résistance.

Le 14 également, le porte-parole de la Maison-Blanche, Ari Fleischer, qualifie la Syrie de « nation agressive » et l'accuse de chercher à se doter d'armes chimiques. De son côté, le ministre britannique de la Défense, Geoff Hoon, déclare que « la Syrie n'est pas le prochain [pays] sur la liste ».

Le 14 toujours, les forces américaines arrêtent à Bagdad l'un des chefs du Front de libération de la Palestine, Abou Al-Abbas, responsable de l'attentat contre le paquebot italien Achille-Lauro, en octobre 1985, qui avait causé la mort d'un Américain.

Le 15 se tient à Nassiriya une réunion de l'opposition au régime baasiste, présidée par le général Jay Garner, chef de l'Office pour la reconstruction et l'aide humanitaire en Irak, qui doit diriger l'administration américaine provisoire dans le pays. La réunion est présentée par Colin Powell comme une première étape vers l'instauration de la « démocratie » dans la région. Ni le Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak, principal groupe d'opposition chiite, ni le Congrès national irakien d'Ahmed Chalabi, principale figure de l'opposition au régime déchu, n'y participent. Quelque 20 000 personnes, en majorité chiites, manifestent à travers la ville contre cette réunion.

Le 15 également, marquant tous deux la volonté européenne de renouer les liens transatlantiques distendus par les positions divergentes défendues durant la crise irakienne, Gerhard Schröder rencontre Tony Blair à Hanovre, tandis que Jacques Chirac téléphone à George W. Bush.

Le 16, dans un discours, le président Bush réclame la levée des sanctions économiques contre l'Irak, geste qui marquerait la fin de l'état de guerre. De son côté, l'O.N.U. estime que les experts en désarmement doivent pouvoir vérifier la disparition de la menace représentée par les armes de destruction massive, qui était la justification de l'embargo contre l'Irak.

Le 17, l'administration américaine annonce avoir passé avec la firme de bâtiment et travaux publics Bechtel, proche des milieux républicains, le plus important des contrats relatifs à la reconstruction de l'Irak, pour un montant qui doit atteindre 680 millions de dollars sur dix-huit mois.

Le 21, l'administrateur civil provisoire américain Jay Garner prend ses fonctions à Bagdad pour une durée indéterminée.

Les 22 et 23, des centaines de milliers de fidèles chiites effectuent le pèlerinage dans la ville sainte de Kerbala, qui était très contrôlé sous le régime baasiste.

Le 24, Tarek Aziz, ancien vice-Premier ministre du régime irakien, se rend aux forces de la coalition.

Le 24 également, lors d'un entretien avec la presse, George W. Bush déclare que la découverte des armes de destruction massive en Irak va « prendre du temps ».

Le 25, lors de la prière du vendredi, les imams chiites réclament à nouveau le départ des Américains et l'instauration d'un pouvoir islamique. Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, met en garde Téhéran, soupçonné de vouloir « transformer l'Irak à l'image de l'Iran ».

Le 28, quelque trois cents personnalités irakiennes, réunies sur l'initiative de Jay Garner pour évoquer l'avenir du pays, s'engagent à se retrouver après un mois pour mettre en place une autorité intérimaire.

Le 28 également, à Fallouja, à l'ouest de Bagdad, une manifestation hostile à la présence américaine dégénère: au moins treize personnes sont tuées par les forces de la coalition.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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