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1er-28 décembre 1984

France. Début de la mission d'Edgard Pisani pour la Nouvelle-Calédonie dans un climat tendu

Le 1er, le Conseil des ministres réuni en séance extraordinaire nomme Edgard Pisani délégué du gouvernement en Nouvelle-Calédonie.

Le 4, au cours d'un débat à l'Assemblée nationale, Laurent Fabius confirme que le scrutin d'autodétermination, initialement prévu en 1989, sera avancé, et demande le respect des « droits légitimes de chaque communauté ». Lionel Jospin propose l'organisation de deux consultations, l'une pour les Mélanésiens, l'autre pour les Européens. Edgard Pisani arrive en Nouvelle-Calédonie ce même jour.

Le 5, à Hienghène, localité de la côte orientale, dix militants du F.L.N.K.S. sont tués au cours d'une embuscade tendue par des caldoches. Parmi les victimes figurent deux frères de Jean-Marie Tjibaou, chef du gouvernement provisoire indépendantiste. Huit métis sont arrêtés quelques jours plus tard et inculpés d'assassinat. Les indépendantistes acceptent cependant de lever la plupart des barrages, et la ville minière de Thio, sur la côte est, est libérée le 10. Mais ses habitants non Canaques fuient vers Nouméa, et l'exploitation des mines de nickel ne peut reprendre.

Du 15 au 17, Edgard Pisani a des entretiens séparés avec les dirigeants politiques du territoire à qui il avait adressé, le 12, deux questionnaires détaillés. Mais Jacques Lafleur, président du Rassemblement pour la Calédonie dans la République (R.P.C.R.) et député R.P.R., qui a une action modératrice sur le terrain, refuse d'engager des négociations avant que l'ordre public et la « confiance » soient rétablis.

Le 16, François Mitterrand déclare à TF1 qu'il comprend l'« exaspération » du peuple canaque soumis à un « état d'injustice insupportable ».

Le 16 également, à Bourail, seconde ville blanche du territoire, trois personnes, dont un gendarme mobile, meurent en tentant de combattre un incendie d'origine criminelle. Ce drame provoque, les jours suivants, la mise en place de barrages anti-indépendantistes aux sorties de la ville.

Le 20, Edgard Pisani, de passage à Paris pour s'entretenir avec le chef de l'État et le Premier ministre, déclare sur Antenne 2 qu'« il est exclu que l'indépendance puisse être donnée, si elle doit être donnée, à la Nouvelle-Calédonie en dehors d'un référendum ». Quant au R.P.R., qui a incité ses partisans sur le terrain à durcir leurs positions, il multiplie les attaques contre le gouvernement.

Le 21, Valéry Giscard d'Estaing et six anciens Premiers ministres de la Ve République publient une déclaration reprochant au pouvoir de « mettre en cause les principes de l'autodétermination, les règles fondamentales de la République et les intérêts de la France ».

Le 28, Edgard Pisani engage, devant l'Assemblée territoriale réunie à huis clos à Nouméa, un débat avec les élus du R.P.R. sur le maintien de l'ordre et annonce une série de mesures économiques destinées à rétablir la « confiance » sur le territoire.

Le 28 également, Jean-Marie Tjibaou déclare au cours d'une conférence de presse que les indépendantistes sont prêts à négocier « une accession petit à petit à l'indépendance » et que « l'essentiel [est] de recouvrer notre souveraineté en 1985 ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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