1er-28 décembre 2010
Côte d'Ivoire. Crise politique à l'issue de l'élection présidentielle
Le 1er, le délai légal de proclamation des résultats définitifs de l'élection présidentielle de novembre expire sans que la Commission électorale indépendante (C.E.I.) ne se soit exprimée.
Le 2, le président de la C.E.I. Youssouf Bakayoko, auquel le Premier ministre Guillaume Soro a garanti la protection, rend publics les résultats provisoires du scrutin, hors des locaux de la commission électorale et sous la protection des casques bleus de l'O.N.U. Les résultats accordent la victoire au candidat de l'opposition, Alassane Ouattara, avec 54,1 p. 100 des suffrages, face au président Laurent Gbagbo, 45,9 p. 100.
Le 3, le Conseil constitutionnel, acquis au président sortant, infirme les résultats proclamés par la C.E.I. et déclare Laurent Gbagbo élu. De son côté, le représentant des Nations unies dans le pays, Choi Young-jin, « certifie » les résultats de la C.E.I., qui seront également reconnus par les États-Unis, l'Union européenne, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (C.E.D.E.A.O.) et l'Union africaine.
Le 5, Alassane Ouattara, retranché dans l'hôtel du Golf, à Abidjan, reconduit Guillaume Soro dans ses fonctions de Premier ministre et forme son gouvernement. Laurent Gbagbo nomme quant à lui l'universitaire Gilbert Marie N'gbo Aké Premier ministre.
Le 6, Alassane Ouattara propose à Laurent Gbagbo d'intégrer certains de ses ministres dans son futur gouvernement, en échange de sa démission.
Le 7, la Russie, estimant que l'O.N.U. outrepasse ses droits, empêche l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité reconnaissant la victoire d'Alassane Ouattara.
Le 8, le Conseil de sécurité, sans certifier explicitement l'élection d'Alassane Ouattara, adopte à l'unanimité une déclaration condamnant « tout effort pour renverser la volonté du peuple » et demandant « à toutes les parties de respecter les résultats de l'élection ».
Le 9, le président américain Barack Obama déclare accepter de recevoir Laurent Gbagbo à la Maison-Blanche si celui-ci consent à se retirer.
Le 13, le Conseil européen des ministres des Affaires étrangères annonce son intention d'engager un processus de gel des avoirs et d'interdiction de visas à l'encontre de ceux qui « menacent l'issue du processus électoral » en Côte d'Ivoire.
Le 14, Guillaume Soro appelle les partisans d'Alassane Ouattara à marcher sur l'immeuble de la télévision d'État, puis à investir le siège du gouvernement occupé par Laurent Gbagbo.
Le 16, les affrontements violents entre les forces de défense et de sécurité acquises à Laurent Gbagbo et les ex-rebelles nordistes regroupés au sein des groupes de sécurité présidentielle, qui soutiennent Alassane Ouattara, font plusieurs dizaines de morts dans les rues d'Abidjan.
Le 16 également, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. menace les auteurs d'attaques contre les civils d'être traduits devant la justice internationale.
Le 20, tandis que les sanctions visant le camp Gbagbo sont mises en place par l'Union européenne et les États-Unis, le Conseil de sécurité vote à l'unanimité la prolongation pour six mois du mandat des forces de l'O.N.U.C.I., la mission de l'O.N.U. en Côte d'Ivoire, dont Laurent Gbagbo réclamait le départ.
Le 22, Guillaume Soro demande à l'O.N.U. d'envisager une « option militaire » pour contraindre Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir.
Le 23, Alassane Ouattara demande l'envoi d'une mission de la Cour pénale internationale en vue d'enquêter sur les violations des droits de l'homme commises dans son pays au cours du mois.
Le 24, les pays de la C.E.D.E.A.O., réunis en sommet à Abuja (Nigeria), menacent d'employer la « force légitime » pour obtenir le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir.
Le 27, l'appel à la grève générale lancé par Alassane Ouattara est très peu suivi.
Le 28, la tentative de médiation engagée sous l'égide de la C.E.D.E.A.O. auprès de Laurent Gbagbo par les présidents béninois, capverdien et sierra-léonais échoue.