1er-28 février 2011
Égypte. Chute du président Hosni Moubarak
Le 1er, une manifestation sans précédent rassemble dans les rues du Caire et des grandes villes du pays plus d'un million de personnes qui réclament le départ du président Moubarak. Dans la soirée, le chef de l'État déclare qu'il se retirera de la vie politique au terme de son mandat, en septembre. Hosni Moubarak s'engage à favoriser une transition pacifique du pouvoir en modifiant la Constitution afin de faciliter les candidatures à l'élection présidentielle. Le président américain Barack Obama affirme que « la transition politique doit être profonde, [...] pacifique et qu'elle doit commencer maintenant ».
Le 2, des partisans du président Moubarak tentent de déloger les opposants de la place Tahrir, au centre du Caire. Les affrontements font au moins sept morts. Des journalistes de la presse étrangère sont pris à partie. Les manifestants dénoncent l'intervention de policiers en civil.
Le 3, alors que les violences se poursuivent au Caire et que l'organisation des Frères musulmans appelle à son tour au renversement du raïs, l'administration américaine fait savoir qu'elle négocie la démission immédiate de ce dernier.
Le 4, des centaines de milliers d'Égyptiens descendent de nouveau dans les rues pour célébrer, en vain, le « vendredi du départ » du président Moubarak.
Le 6, un « dialogue national » s'engage entre le vice-président Omar Souleiman et des représentants de l'opposition, notamment des Frères musulmans. Un accord se dessine sur une révision de la Constitution, l'ouverture d'une enquête sur les violences meurtrières des dernières semaines et le rétablissement de la liberté de la presse.
Le 9, tandis que la mobilisation s'étend dans les rues du Caire et dans le sud du pays, le gouvernement menace les manifestants de la place Tahrir de faire intervenir l'armée « en cas de chaos ». Il accuse les États-Unis d'« imposer » leur volonté à l'Égypte.
Le 10, le président Moubarak annonce qu'il transfère ses pouvoirs au vice-président Omar Souleiman, mais sans démissionner. Ces propos provoquent la colère des manifestants qui appellent à de nouveaux rassemblements. Washington réagit, déclarant que « le gouvernement égyptien doit tracer un chemin crédible, concret et sans équivoque vers une démocratie réelle ».
Le 11, à l'issue d'une nouvelle journée de manifestations, Omar Souleiman annonce la démission du président Moubarak, au pouvoir depuis 1981, qui quitte Le Caire pour Charm el-Cheikh. Le raïs charge le Conseil suprême des forces armées (C.S.F.A.) de gérer les affaires du pays. Place Tahrir, la foule en liesse fête le départ d'Hosni Moubarak. Le président Obama prend acte de cette victoire de « la force morale de la non-violence ».
Le 13, alors que la foule de la place Tahrir se disperse, C.S.F.A. annonce la dissolution du Parlement, la suspension de la Constitution et la création d'une commission chargée de proposer des amendements qui devront être approuvés par référendum. Le Conseil annonce qu'il gouvernera par décret jusqu'aux élections prévues dans un délai de six mois.
Le 14, alors que des mouvements sociaux – pour réclamer du travail et des meilleures conditions de vie – se multiplient depuis deux jours, le C.S.F.A. appelle les Égyptiens à reprendre le travail.
Le 18, des centaines de milliers de personnes participent à une « marche de la victoire » sur la place Tahrir, une semaine après le départ du raïs. Le prédicateur Youssef Al-Karadaoui appelle la jeunesse à « protéger la révolution ».
Le 21, le parquet général réclame le gel des avoirs des membres de la famille Moubarak à l'étranger et interdit leur sortie du territoire.
Le 22, le Conseil procède à un remaniement ministériel. Il supprime le controversé ministère de l'Information – instrument de propagande du régime Moubarak –, reconduit le Premier ministre Ahmed Shafiq dans ses fonctions, nomme un vice-Premier ministre et ouvre des ministères à l'opposition légale.
Le 27, le secrétaire général de la Ligue arabe, l'Égyptien Amr Moussa, annonce sa candidature à l'élection présidentielle.
Le 28, des centaines de manifestants installent de nouveaux campements place Tahrir, pour dénoncer le maintien au pouvoir de nombreux cadres de l'ancien régime.