1er-28 mai 1982
Pologne. Manifestations d'hostilité au régime
Le 1er, tandis que se déroulent les cérémonies officielles de la fête du travail, des dizaines de milliers de contre-manifestants arborant le badge de Solidarité se réunissent dans les rues de Varsovie, de Gdańsk et d'autres villes de province. La milice n'intervient pas. Le soir même, pour la deuxième fois, Radio-Solidarność émet, mais l'émission est rapidement brouillée.
Le 3, à Varsovie, de violents affrontements opposent forces de l'ordre et manifestants se réclamant de Solidarité qui célèbrent l'anniversaire de la Constitution de 1791. D'autres manifestations se déroulent à Gdańsk et Szczecin. La foule conspue la junte et réclame la libération de Lech Wałęsa. Il y a des blessés et 1 372 personnes sont arrêtées. Ces manifestations sont les plus importantes depuis l'instauration de l'« état de guerre », le 13 décembre 1981.
Le 5, 597 personnes – surtout des jeunes – sont jugées suivant la procédure des flagrants délits : 115 peines de prison sont prononcées.
Le 6, le pape Jean-Paul II évoque, devant des syndicalistes belges, le « droit inaliénable » des Polonais à former des syndicats libres.
Le 10, les autorités mettent en garde contre toute nouvelle tentative de troubler l'ordre public.
Le 13, à l'appel de la direction clandestine de Solidarité, de brefs arrêts de travail et des manifestations ont lieu dans tout le pays : 679 personnes sont arrêtées ou internées.
Le 17, K. V. Roussakov, secrétaire du comité central soviétique, se rend à Varsovie, où il rencontre le général Wojciech Jaruzelski. Manifestement, les remous qui se développent depuis le début du mois inquiètent Moscou.
Le 18, c'est au tour du maréchal Viktor Koulikov, commandant en chef des forces du pacte de Varsovie, de se rendre dans la capitale polonaise.
Le 26, le Conseil d'État polonais (présidence collégiale de la République) est épuré du seul membre, Ryszard Reiff, qui avait refusé, le 13 décembre 1981, d'approuver l'« état de guerre ». Par contre, Stanisław Kania y fait son entrée. Avec l'annonce du transfert dans le sud-est du pays de Lech Wałęsa, détenu jusqu'alors dans la proche banlieue de Varsovie, ces mesures confirment le durcissement des autorités.
Le 28, le premier anniversaire de la mort du cardinal Wyszynski est l'occasion pour une foule énorme de descendre dans les rues de Varsovie manifester son attachement à l'Église polonaise.