1er-28 mai 1998
Indonésie. Démission du président Suharto
Le 1er, le président Suharto déclare qu'il exclut toute réforme politique avant la fin de son mandat, en 2003.
Le 4, le Fonds monétaire international (F.M.I.) débloque une enveloppe d'aide de 7 milliards de dollars pour compenser la suppression de subventions publiques. Le même jour, l'annonce de hausses de prix provoque des émeutes dans plusieurs villes du pays, notamment à Medan, dans l'île de Sumatra. Celles-ci s'ajoutent aux manifestations d'étudiants de plus en plus hostiles au régime de Suharto.
Le 6, au moins six personnes sont tuées à Medan. Ce sont les premières victimes de la crise qui secoue le pays depuis plusieurs mois.
Le 8, un étudiant, le premier, est tué à Yogyakarta.
Le 11, diverses personnalités opposées au président Suharto, dont Megawali Sukarnoputri, fille de Sukarno, et Amien Raïs, dirigeant modéré de l'une des principales organisations musulmanes du pays, exigent le départ du chef de l'État.
Le 12, à Djakarta, les forces de l'ordre ouvrent le feu sur les étudiants, faisant au moins quatre morts.
Le 14, la poursuite des émeutes et des pillages dans la capitale provoque la mort de quelque cinq cents personnes dans l'incendie de grands magasins.
Le 15, le président Suharto rentre précipitamment d'Égypte et demande que des mesures soient prises « contre les criminels et les émeutiers ».
Le 16, alors que le calme a été rétabli à Djakarta, le chef de l'État annonce son intention de remanier le gouvernement, mesure que l'opposition estime insuffisante, tout comme certains cercles du pouvoir.
Le 19, dans une allocution télévisée, Suharto annonce l'organisation de nouvelles élections générales et l'institution d'un « conseil de la réforme ». Il déclare ne pas être candidat à un nouveau mandat. Le même jour, les étudiants occupent le Parlement.
Le 20, l'opposition annule la grande manifestation prévue à Djakarta en raison de la forte mobilisation des forces de l'ordre. Le même jour, Washington invite clairement Suharto à quitter le pouvoir.
Le 21, le président Suharto, à la tête de l'État depuis mars 1967, annonce sa démission. Le vice-président Bacharuddin Jusuf Habibie prête aussitôt serment. Le général Wiranto, commandant en chef des armées et ministre de la Défense, déclare que l'armée – longtemps attentiste face aux troubles – s'opposera aux « irrégularités susceptibles de menacer la nation ». Dans son premier discours, le nouveau président s'engage à procéder à des réformes et se rallie au plan du F.M.I. Les étudiants et l'opposition continuent à réclamer la fin du régime. Amien Raïs, qui a rassemblé autour de lui les principaux opposants, annonce sa candidature à la présidence de la République.
Le 22, Bacharuddin Jusuf Habibie présente un gouvernement composé de technocrates au sein duquel le général Wiranto conserve son poste. Ce dernier met rapidement à l'écart des chefs militaires proches de l'ancien président. Le 23, l'armée évacue dans le calme les étudiants qui occupaient le Parlement.
Le 25, Bacharuddin Jusuf Habibie annonce l'organisation d'élections « dès que possible ».
Le 28, leur échéance est fixée à 1999.