1er-28 mars 2023
Israël - Autorité palestinienne. Interruption temporaire de la réforme de la justice israélienne
Le 1er, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou fait le lien entre la contestation de la réforme de la justice qui se poursuit dans la rue et les expéditions punitives des colons israéliens, en dénonçant « la violence et l’anarchie » qui divisent le pays. Dans le même temps, le ministre chargé des colonies au sein du ministère de la Défense, Bezalel Smotrich, également ministre des Finances, déclare que c’est « l’État d’Israël » et non « des individus isolés » qui doit « raser » le village d’Hawara, attaqué en représailles quelques jours plus tôt par les colons. De son côté, l’officier supérieur chargé de la Cisjordanie, le général Yehuda Fuchs, qualifie cette attaque de « pogrom ». La hiérarchie militaire s’oppose au transfert d’une partie de ses prérogatives dans les territoires occupés à l’administration civile dirigée par Bezalel Smotrich.
Le 4, les ministres des Affaires étrangères français, allemand, britannique, italien, espagnol et polonais expriment, dans un communiqué commun, « leur vive préoccupation face à la poursuite et à l’intensification des violences dans les territoires palestiniens occupés ».
Le 12, des centaines de personnes manifestent à Washington contre la venue de Bezalel Smotrich, invité de l’organisation Israel Bonds qui lève des fonds au profit de l’État hébreu. La quasi-totalité des organisations juives américaines refusent tout contact avec lui.
Le 15, le président Isaac Herzog demande au gouvernement de geler sa réforme de la justice en le mettant en garde contre le risque de « guerre civile » et présente un plan alternatif qui modère les mesures envisagées, afin de préserver l’indépendance de la Cour suprême. Il propose également de consolider les lois fondamentales du pays en engageant un « processus constitutionnel » – Israël ne dispose pas de Constitution.
Le 16, plus d’un millier de personnes manifestent à Berlin contre la visite de Benyamin Nétanyahou. Le président du Conseil central des juifs en Allemagne, Josef Schuster, se dit « préoccupé » que le gouvernement israélien « sape la confiance dans Israël en tant que démocratie », tandis que le chancelier Olaf Scholz exprime sa « grande inquiétude ».
Le 19, participant à Paris à une cérémonie en hommage à Jacques Kupfer, grande figure du judaïsme français, Bezalel Smotrich affirme : « Le peuple palestinien est une invention. […] Il y a juste des Arabes. » Ces propos soulèvent une vive indignation dans les pays arabes.
Le 21, le département d’État américain juge « particulièrement provocatrice et contre-productive » l’adoption par la Knesset d’un amendement qui lève l’interdiction faite aux Israéliens d’accéder aux territoires de Cisjordanie visés par la loi de désengagement de février 2005 – sans toutefois leur donner le droit de s’y installer. Ce vote intervient deux jours après une rencontre israélo-palestinienne organisée à Charm el-Cheikh, en Égypte, sous l’égide des États-Unis, en vue de réduire les tensions en Cisjordanie.
Le 23, la Knesset adopte une disposition de la réforme de la justice qui réduit la possibilité pour les instances judiciaires de destituer le Premier ministre, comme cela avait été évoqué à l’encontre de Benyamin Nétanyahou du fait de son inculpation pour corruption. Le même jour se déroule une nouvelle journée de manifestations contre la réforme du système judiciaire qui mobilise des dizaines de milliers de manifestants à travers le pays.
Le 26, l’annonce par Benyamin Nétanyahou du limogeage du ministre de la Défense Yoav Gallant, qui avait demandé publiquement, la veille, le gel de la réforme de la justice, provoque une forte mobilisation des opposants à celle-ci dans les rues du pays. Yoav Gallant avait relayé le malaise exprimé par de nombreux réservistes de l’armée opposés à la réforme, qui menacent de refuser de servir.
Le 27, le principal syndicat du pays, la Histadrout, appelle à une grève générale.
Le 28, Benyamin Nétanyahou annonce une « pause » dans l’examen par le Parlement de la réforme de la justice, qu’il renvoie au mois de mai. Il obtient l’accord du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir en échange de la promesse de créer une « garde nationale » sur laquelle ce dernier aurait un contrôle direct.
Le 28 également, le président américain Joe Biden, s’exprimant pour la première fois sur le sujet, estime que le gouvernement israélien ne peut « pas continuer sur cette voie » et confirme que Benyamin Nétanyahou ne sera pas invité à la Maison-Blanche « dans l’immédiat ».