1er-29 août 2023
Niger. Marques d’hostilité de la junte à l’égard de la France
Les 1er et 2, la France évacue ses ressortissants du Niger où un putsch a renversé le président Mohamed Bazoum fin juillet.
Le 2, le général Salifou Modi, ancien chef des forces armées nigériennes, limogé en avril par le président Bazoum et numéro deux de la junte, se rend en visite au Mali et au Burkina Faso dont les dirigeants, également issus de coups d’État militaires, ont rompu avec la France et se sont rapprochés de la Russie.
Le 3, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) dénonce les cinq accords de sécurité et de défense passés avec la France entre 1977 et 2020. Un préavis de trente jours est fixé au retrait des deux accords encadrant la présence de mille cinq cents soldats français dans le pays. Le CNSP annonce également la révocation des ambassadeurs du Niger en France, aux États-Unis, au Nigeria et au Togo.
Le 4, Paris estime que seules les autorités légitimes du pays peuvent mettre fin aux accords avec la France.
Le 6, l’ultimatum fixé à la junte par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions arrive à expiration. La CEDEAO, qui a suspendu les pays membres où des putschs se sont récemment produits – Mali, Burkina Faso, Guinée, Niger –, avait évoqué l’usage possible de la force pour ce rétablissement.
Le 7, le CNSP nomme l’économiste Ali Lamine Zeine au poste de Premier ministre.
Le 8, les putschistes refusent la venue à Niamey d’une délégation conjointe de la CEDEAO, de l’Union africaine (UA) et de l’ONU.
Le 9, la junte accuse Paris de n’avoir pas respecté la fermeture de l’espace aérien nigérien et d’avoir « libéré des terroristes », en évacuant des soldats français du poste avancé d’Aguelal, situé dans le massif de l’Aïr.
Le 10, un gouvernement de vingt membres, dont six militaires, est nommé. Les généraux Salifou Modi et Mohamed Toumba occupent respectivement les fonctions de ministre de la Défense et de ministre de l’Intérieur.
Le 10 également, les dirigeants de la CEDEAO, réunis en sommet extraordinaire à Abuja (Nigeria), réitèrent leur menace d’intervention armée au Niger, demandant que leur force militaire conjointe soit activée « sans délai », tout en affirmant leur « détermination à maintenir ouvertes toutes les options en vue d’un règlement pacifique de la crise ».
Le 13, la junte exprime son intention de poursuivre le président déchu Mohamed Bazoum, toujours détenu dans la résidence présidentielle à Niamey, pour haute trahison et atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays.
Le 15, une embuscade visant un détachement des forces spéciales nigériennes à l’ouest de Niamey, au cours de laquelle au moins dix-sept soldats sont tués, illustre la recrudescence des attaques djihadistes dans le pays depuis le coup d’État.
Le 16, l’UA, se dissociant de la position de la CEDEAO, se déclare opposée à toute intervention armée au Niger, tout en suspendant Niamey de sa participation aux activités de l’organisation.
Le 19, une délégation de la CEDEAO menée par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar rencontre le général Abdourahamane Tiani, président du CNSP, ainsi que Mohamed Bazoum. Plus tard dans la journée, Abdourahamane Tiani évoque dans un discours télévisé une transition d’une durée de trois ans avant le retour des civils au pouvoir, ce que la CEDEAO juge « inacceptable ».
Le 25, le CNSP exige le départ « sous quarante-huit heures » de l’ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté. Paris rejette cette demande, indiquant que « l’agrément de l’ambassadeur [émane] des seules autorités légitimes nigériennes élues ».
Le 28, lors de la Conférence des ambassadeurs à l’Élysée, le président français Emmanuel Macron réaffirme son soutien au président Bazoum, « qui n’a pas démissionné », et à « une solution diplomatique, ou militaire quand elle le décidera, de la CEDEAO ». En soutenant une intervention militaire au Niger, Paris se démarque de la position des autres membres de l’Union européenne (UE) et des États-Unis.
Le 29, le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf, dont le pays se pose en médiateur dans la crise nigérienne, propose une période de transition d’une durée de six mois, afin que le coup d’État ne devienne pas un « fait accompli ». Alger se dit opposé à toute intervention militaire au Niger.