1er-29 février 2000
Russie. Chute de Grozny et poursuite des combats et des exactions
Le 1er, les combattants tchétchènes annoncent qu'ils abandonnent Grozny, capitale de la République autonome indépendantiste où les troupes russes sont entrées en décembre 1999 et où se trouvent encore plusieurs dizaines de milliers d'habitants. Les bombardements des villages situés entre Grozny et les montagnes vers lesquelles se replient les « rebelles », au sud, font de nombreuses victimes parmi les réfugiés qui se dirigent vers la frontière avec l'Ingouchie.
Le 3, les autorités russes affirment qu'Andreï Babitski, le journaliste de Radio Svoboda, l'antenne russophone de Radio Free Europe, arrêté le 16 janvier en Tchétchénie où il couvrait les combats du côté des « rebelles », a été échangé contre des soldats russes prisonniers des Tchétchènes. Ces derniers démentent.
Le 6, le président par intérim Vladimir Poutine annonce que « l'opération de libération de Grozny est terminée ». Les témoignages se multiplient sur les exactions perpétrées à l'encontre des Tchétchènes détenus dans les « camps de filtration » mis en place par les Russes.
Le 14, l'armée russe, qui estime qu'un millier de rebelles se trouvent encore dans Grozny, interdit aux civils l'accès de la ville. Ses troupes sont accusées de s'y livrer à un « nettoyage » meurtrier.
Le 15, Vladimir Poutine annonce qu'il a demandé aux services spéciaux (F.S.B., ex-K.G.B.) d'« assurer la liberté et la vie sauve » à Andreï Babitski.
Le 17, le Kremlin annonce la nomination d'un représentant spécial du président « chargé de faire respecter les droits de l'homme et les libertés en Tchétchénie ».
Le 23, jour anniversaire de la déportation des Tchétchènes par Staline, en 1944, Médecins du monde, seule organisation non gouvernementale présente en Tchétchénie, publie un rapport accablant pour les troupes russes sur la situation des droits de l'homme dans la République autonome.
Le 28, Andreï Babitski, réapparu au Daghestan, est inculpé d'« usage de faux documents » et ramené à Moscou. Il lui est interdit de quitter la capitale. Il confirme la réalité des tortures pratiquées dans le « camp de filtration » de Tchernokozovo où il a été détenu après son arrestation.
Le 29, après de lourds bombardements, les troupes russes investissent Chatoï, dans le sud de la République autonome, où les combats se poursuivent.