1er-29 juin 2004
Irak. Transfert du pouvoir au gouvernement intérimaire
Le 1er, le Conseil intérimaire de gouvernement (C.I.G.) désigne à la présidence du pays – fonction essentiellement honorifique – Ghazi Al-Yaouar, un cheikh sunnite, issu d'une grande tribu comprenant des chiites et des sunnites. Cette nomination intervient dans le cadre de la mise en place de l'exécutif intérimaire qui doit entrer en fonctions le 30 et diriger le pays jusqu'aux élections générales prévues au plus tard en janvier 2005.
Le 2, le directeur de la C.I.A. George Tenet présente sa démission au président George W. Bush. L'agence de renseignement américaine était mise en cause pour ses erreurs et ses manipulations dans les dossiers du terrorisme et de l'Irak.
Le 8, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1546 qui entérine la fin de l'occupation de l'Irak le 30 juin et le transfert de souveraineté aux institutions intérimaires. La résolution est accompagnée, en annexe, de deux lettres: l'une, du Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, qui demande que la force multinationale continue d'assurer la sécurité du pays; l'autre, du secrétaire d'État américain Colin Powell qui indique que la force multinationale pourra mener « des opérations de combat contre les forces qui cherchent à infléchir par la violence l'avenir politique de l'Irak [...] et la poursuite de la recherche et du contrôle d'armes qui menaceraient la sécurité de l'Irak ».
Le 14, à Bagdad, un attentat-suicide à la voiture piégée, dirigé contre un convoi de véhicules appartenant à une société américaine travaillant à la reconstruction du pays, fait seize morts, dont cinq étrangers.
Les 15 et 16, alors que les attaques contre les installations pétrolières sont devenues incessantes au cours des derniers mois, le sabotage des oléoducs menant aux terminaux de Bassorah et de Khor al-Amaya interrompt momentanément l'exportation de brut irakien par le Golfe (90 p. 100 du total).
Le 16, la commission indépendante qui enquête sur les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis rend publique une note d'information qui conclut à l'absence de « preuve crédible » d'un lien entre le régime de Saddam Hussein et l'organisation terroriste Al-Qaida.
Le 17, à Bagdad, un attentat-suicide à la voiture piégée devant un centre de recrutement de l'armée fait trente-trois morts.
Le 22, le corps d'un civil sud-coréen, dont l'enlèvement avait été annoncé le 17, est retrouvé décapité. Le groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui, chef présumé d'Al-Qaida en Irak, qui avait revendiqué l'enlèvement, exigeait que Séoul renonce à déployer trois mille soldats supplémentaires en août, en plus des six cents hommes déjà sur place.
Le 23, le gouvernement intérimaire irakien demande officiellement l'aide de l'O.T.A.N. pour la formation de ses forces de sécurité.
Le 24, une série d'attentats et d'affrontements dirigés contre la police irakienne et les forces de la coalition dans le triangle sunnite causent la mort d'une centaine de personnes. Les Américains soupçonnent Abou Moussab Al-Zarkaoui d'avoir orchestré ces opérations.
Le 28, l'Autorité provisoire de la coalition remet le pouvoir au gouvernement intérimaire irakien avec deux jours d'avance sur le calendrier prévu, pour prendre de court une éventuelle recrudescence des violences. Dans une déclaration, Iyad Allaoui encourage le ralliement des membres de l'ex-parti Baas « qui n'ont pas commis de crimes », propose l'amnistie aux résistants qui rendraient les armes et promet de poursuivre les « mercenaires venant de différents pays » qui combattent en Irak.
Le 29, Saddam Hussein et onze autres anciens dirigeants irakiens arrêtés sont placés sous le « contrôle juridique » du gouvernement intérimaire irakien. Ils demeurent toutefois sous la garde de la force internationale.