1er-29 septembre 1995
Bosnie-Herzégovine. Désenclavement de Sarajevo, reconquête de territoires occupés par les Serbes et accord de principe sur le futur État
Le 1er, la Forpronu suspend les frappes aériennes contre des objectifs serbes autour de Sarajevo afin de reprendre les discussions avec les Serbes de Bosnie, qui assiègent la capitale depuis avril 1992. L'opération Déliberate Force, conduite par l'O.T.A.N. pour obtenir le retrait des armes lourdes serbes de la « zone d'exclusion » de 20 kilomètres autour de Sarajevo, avait débuté à la fin d'août. L'artillerie de la Force de réaction rapide continue de viser les positions serbes « menaçantes ».
Le 5, devant l'intransigeance du général Ratko Mladić, l'O.T.A.N. reprend ses bombardements.
Le 8, à Genève, les ministres des Affaires étrangères de Bosnie, de Croatie et de la République yougoslave concluent, sous l'égide du « groupe de contact » (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie), un accord de principe en vue d'un règlement du conflit bosniaque. Le document reconnaît à la fois l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine et l'existence de la « république serbe de Bosnie » comme une des deux entités constituant le pays. Il prévoit que chaque entité pourra « établir une relation spéciale » avec ses voisins. La répartition territoriale – 51 p. 100 pour la Fédération croato-musulmane et 49 p. 100 pour la « République serbe » – reste une base de discussion.
Le 9, l'armée bosniaque et les forces croates de Bosnie lancent une offensive dans le nord-ouest du pays occupé par les Serbes bosniaques, en direction de Banja Luka. En l'absence de résistance serbe, leur progression est rapide.
Le 10, l'O.T.A.N. a, pour la première fois en Bosnie, recours à des tirs de missiles de croisière contre les positions serbes.
Les 10 et 11, les bombardements de l'O.T.A.N. s'étendent à d'autres installations militaires serbes, à l'est, autour des « zones de sécurité » de Goražde et de Tuzla et, au nord, autour de Banja Luka.
Le 12, alors que les Serbes de Bosnie refusent toujours de satisfaire aux exigences de l'O.N.U., diverses voix s'élèvent, au sein de l'Organisation et à Paris, pour dénoncer la dérive de l'opération Deliberate Force vers une guerre américaine menée par l'intermédiaire de l'O.T.A.N. De son côté, Moscou dénonce le « génocide » auquel les bombardements de l'O.T.A.N. exposent les populations civiles serbes.
Le 14, le médiateur américain Richard Holbrooke obtient la conclusion par les belligérants d'un accord sur le désenclavement de Sarajevo. Celui-ci prévoit le retrait, en trois jours, de la moitié des armes lourdes serbes de la « zone d'exclusion » autour de la capitale, en échange de l'arrêt des bombardements de l'O.T.A.N. La totalité des armes lourdes devra avoir été retirée au terme de trois jours supplémentaires. De leur côté, les Bosniaques s'engagent à ne pas lancer d'offensives à partir de Sarajevo et à placer sous observation de la Forpronu l'artillerie dont ils disposent dans la capitale.
Les 15 et 16, les principaux accès routiers vers Sarajevo ainsi que l'aéroport de la capitale sont rouverts.
Le 19, devant les inquiétudes occidentales, les forces croato-musulmanes, qui ont reconquis environ 60 p. 100 du territoire bosniaque, s'engagent à ne pas tenter d'investir la ville de Banja Luka, vers laquelle convergent des milliers de réfugiés serbes.
Le 20, prenant acte du retrait des armes lourdes serbes autour de Sarajevo à l'expiration de l'ultimatum, l'O.N.U. et l'O.T.A.N. décident une suspension indéfinie des frappes aériennes.
Le 26, les ministres des Affaires étrangères de Bosnie, de Croatie et de la République yougoslave, réunis au siège new-yorkais de l'O.N.U. sur l'initiative des États-Unis, concluent un accord sur les « principes institutionnels » qui devront régir la Bosnie. La question de la répartition territoriale du pays n'est pas évoquée.
Le 29, le Conseil de l'O.T.A.N. demande aux membres de l'Alliance de mettre sur pied une force d'interposition et de surveillance des accords de paix, forte d'environ 50 000 hommes, et destinée à remplacer les casques bleus après la signature d'un cessez-le-feu en Bosnie.