1er-30 août 2019
Chine. Radicalisation de la situation à Hong Kong
Le 1er, les employés du secteur financier manifestent à Hong Kong contre le projet de loi visant à faciliter les procédures d’extradition vers la Chine continentale, qui suscite depuis juin un mouvement de contestation dans la Région administrative spéciale (RAS).
Le 2, c’est au tour des fonctionnaires de se mobiliser, malgré un appel des autorités à « servir le chef de l’exécutif et le gouvernement avec une loyauté totale ».
Les 3 et 4, les rassemblements, pour la plupart interdits, de dizaines de milliers de personnes à travers le territoire donnent lieu à des affrontements avec la police.
Le 5, l’appel à la grève générale – une première depuis 1967 – est moyennement suivi, mais les nombreuses actions de blocage qui l’accompagnent perturbent l’activité de la RAS. Les principales revendications du mouvement restent le retrait du projet de loi d’extradition, l’élection de l’exécutif au suffrage universel, la mise en place d’une commission d'enquête indépendante sur les violences policières, la libération des personnes arrêtées et l’abandon de l’accusation de participation à des « émeutes ».
Le 6, le Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, l’agence gouvernementale chinoise en charge de ces territoires, menace, lors d’une conférence de presse, « le tout petit groupe de criminels violents et sans scrupules et les forces répugnantes qui se cachent derrière eux », ajoutant que « ceux qui jouent avec le feu périront avec le feu. »
Le 7, la réunion de quelque cinq cents responsables politiques et économiques chinois et hongkongais à Shenzhen, sur l’initiative du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao, illustre la préoccupation de Pékin au sujet de la crise dans la RAS. Celle-ci est qualifiée par Zhang Xiaoming, directeur de ce bureau, de « révolution de couleur », à l’image des soulèvements populaires soutenus par l’Occident qui ont secoué des pays de l’ex-URSS et du Moyen-Orient dans les années 2000.
Le 7 également, quelques milliers de membres du milieu judiciaire manifestent contre les « poursuites politiques » visant les manifestants.
Le 9, Pékin interdit aux employés de la compagnie aérienne hongkongaise Cathay Pacific qui ont fait grève le 5 d’effectuer des vols vers la Chine et de survoler le territoire chinois – comme le font tous les vols vers l’Europe. La compagnie est sommée de fournir aux autorités chinoises la composition des équipages.
Le 12, Cathay Pacific menace de licencier ses employés qui participent au mouvement de contestation ou le soutiennent, tandis que l’occupation de l’aéroport de Hong Kong par les manifestants conduit à l’annulation de tous les vols.
Le 13, l’occupation de l’aéroport donne lieu à des violences, de la part des manifestants, contre deux Chinois pris à tort pour des policiers infiltrés. Les vols sont de nouveau annulés. Le calme revient après l’évacuation de l’aéroport ordonné par la justice.
Le 17, des dizaines de milliers de manifestants pro-Pékin dénoncent les violences et apportent leur soutien aux forces de l’ordre.
Le 18, une nouvelle manifestation de protestation réunit pacifiquement un million sept cent mille opposants dans les rues de Hong Kong.
Le 21, les autorités chinoises confirment l’arrestation, le 8, d’un employé chinois du consulat britannique à Hong Kong, Simon Cheng, accusé d’avoir enfreint des règles de sécurité publique. Elles accusent également le Royaume-Uni de « souffler sur les braises » à Hong Kong. Simon Cheng est libéré le 24.
Le 24, la présidente de l’exécutif Carrie Lam rejette la proposition de personnalités de son camp, qu’elle avait réunies pour discuter d’une sortie de crise, de satisfaire certaines revendications des opposants, notamment le retrait du projet de loi d’extradition controversé.
Les 24 et 25, les manifestations sont de nouveau marquées par des violences. Un coup de feu est tiré par un policier – pour la première fois depuis le début de la contestation.
Le 29, la police arrête Andy Chan, fondateur du Hong Kong National Party, une formation indépendantiste interdite en septembre 2018.
Le 30, le chef du parti pro-démocratie Demosistō, Joshua Wong, est à son tour arrêté.