1er-30 avril 1981
Liban - Syrie. Reprise des combats entre troupes syriennes et milices chrétiennes
Le 1er, à Zahlé, dans la plaine de la Bekaa, au centre du Liban, de violents affrontements à l'artillerie lourde opposent les troupes syriennes de la Force arabe de dissuasion (F.A.D.) et les milices phalangistes chrétiennes qui tiennent la ville. Au bout d'une semaine de combats et de bombardements, la ville de Zahlé est totalement encerclée par les Syriens.
Le 2, à Beyrouth, l'armée syrienne recommence à bombarder les quartiers chrétiens avec une violence sans équivalent depuis les affrontements d'octobre 1978. Les cessez-le-feu successivement proclamés ne durent que quelques heures, et les grandes puissances s'inquiètent : le général Haig, secrétaire d'État américain, qui a commencé le 3 un voyage de cinq jours au Proche-Orient, essaie de calmer les Israéliens, tentés d'intervenir. Itzhak Shamir, ministre israélien des Affaires étrangères affirme, le 5, qu'« Israël ne peut rester les bras croisés » devant le « massacre » des chrétiens du Liban.
Le 7, Valéry Giscard d'Estaing décide l'envoi de deux avions Transall de l'armée de l'air française avec une aide médicale. Il lance à nouveau de pressants appels au cessez-le-feu et dépêche un émissaire auprès du président Sarkis au Liban après avoir envoyé Louis de Guiringaud, ancien ministre des Affaires étrangères, à Damas. Mais la France doit renoncer à sa proposition de création d'une force internationale « tampon » qui succéderait à la F.A.D. au Liban, la plupart des responsables libanais et des dirigeants des pays arabes ayant vivement protesté contre cette forme d'« internationalisation » du conflit. Même Bechir Gemayel, chef des milices phalangistes, se déclare plutôt favorable à un dialogue direct avec la Syrie.
Le 19, Tyr et Saïda, au Sud-Liban, sont bombardées par l'artillerie à longue portée israélienne et par les milices chrétiennes du commandant Saad Haddad, alliées d'Israël. L'armée israélienne multiplie depuis le début du mois des raids contre des positions palestiniennes au Sud-Liban.
Les 21 et 22, les combats reprennent avec une rare violence tant à Zahlé qu'à Beyrouth : l'aéroport de la capitale est fermé pour la première fois depuis les hostilités de 1975-1976.
Le 23, un nouveau cessez-le-feu entre en vigueur et, le 24, un accord est conclu entre Syriens et Libanais à propos de Zahlé. Mais, le 25, un autre front est ouvert par les troupes syriennes contre les forces libanaises dans les crêtes proches de Zahlé qui dominent à la fois le territoire chrétien et la Bekaa sous contrôle syrien.
Le 28, deux hélicoptères syriens qui venaient de participer à la « bataille des crêtes » sont abattus par la chasse israélienne. Jérusalem annonce que désormais « aucune activité aérienne syrienne au-dessus du Liban ne sera plus tolérée ». Menahem Begin, Premier ministre israélien, rappelle que l'État hébreu a un « engagement moral » à l'égard des chrétiens du Liban et que l'« intérêt national » d'Israël est en jeu.
Les 29 et 30, la Syrie réplique à l'intervention israélienne en installant dans la Bekaa des missiles antiaériens de fabrication soviétique SAM 2 et SAM 6. Jérusalem affirme qu'il s'agit d'« une escalade très dangereuse » et d'« une nouvelle rupture du statu quo au Liban », mais renonce à intervenir sur les instances de Washington qui engage une mission de médiation entre la Syrie et Israël.