1er-30 avril 2014
Ukraine. Occupation de villes de l'est par les prorusses
Le 1er, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'O.T.A.N., réunis à Bruxelles, décident le gel de la coopération militaire et civile avec Moscou, à la suite du rattachement de la Crimée à la Russie en mars, tout en déclarant vouloir maintenir le dialogue avec le régime du président Vladimir Poutine. Ils prévoient de renforcer la présence de l'Alliance dans les pays voisins de la Russie, sans envisager d'y implanter de nouvelles bases militaires. La Russie a disposé quelque quarante mille hommes derrière la frontière ukrainienne.
Le 1er également, le groupe gazier russe Gazprom augmente considérablement le prix du gaz livré jusque-là à l'Ukraine à un tarif préférentiel, et exige le paiement des arriérés.
Le 3, les autorités ukrainiennes publient les conclusions de l'enquête sur la mort de plus de cent manifestants à Kiev, en février. Celles-ci mettent en cause l'ancien président Viktor Ianoukovitch conseillé par des agents des services spéciaux russes, qui aurait donné l'ordre, ainsi que les services de sécurité ukrainiens et les forces anti-émeutes Berkout qui l'auraient exécuté.
Le 6, des militants prorusses, qui se rassemblent chaque week-end dans les villes de l'est du pays depuis le changement de pouvoir, passent à l'action simultanément, occupant des bâtiments publics à Kharkiv, Donetsk et Louhansk (Lougansk en russe).
Le 7, les manifestants prorusses de Donetsk proclament une « République populaire de Donetsk ».
Le 12, des hommes armés investissent les locaux des forces de l'ordre à Sloviansk (Slaviansk en russe), au nord de Donetsk, s'emparant de stocks d'armes, et prennent le contrôle de la ville. Les jours suivants, d'autres villes de l'est du pays seront investies par des commandos en uniformes sans insigne.
Le 13, le président par intérim Oleksandre Tourtchinov annonce le lancement d'une « opération antiterroriste » contre les séparatistes.
Le 14, les activistes prorusses de Donetsk annoncent la tenue d'un référendum sur le statut de la région du Donbass le 11 mai.
Le 16, les soldats d'une unité venue sécuriser l'aérodrome de Kramatorsk, au sud de Sloviansk, dans le cadre de l'« opération antiterroriste », sont désarmés par les séparatistes.
Le 17, à Genève, les chefs de la diplomatie de l'Ukraine, de la Russie, des États-Unis et de l'Union européenne signent une « déclaration commune » visant à favoriser « une désescalade des tensions » en Ukraine. Celle-ci prévoit le désarmement des groupes armés illégaux, l'amnistie des manifestants, l'évacuation des lieux illégalement occupés, ainsi que l'organisation d'un large dialogue national en vue de définir un « processus constitutionnel ». Le texte n'évoque pas la Crimée.
Le 17 également, Vladimir Poutine déclare lors d'une émission télévisée: « L'Ukraine, c'est la “nouvelle Russie”, c'est-à-dire Kharkiv, Louhansk, Donetsk, [...] Odessa [qui] ne faisaient pas partie de l'Ukraine à l'époque des tsars. » Il qualifie d'« illégitimes » les dirigeants de Kiev et juge « inacceptable » le projet d'élection présidentielle pour le 25 mai.
Le 24, l'armée lance une opération limitée en direction de Sloviansk. Vladimir Poutine qualifie de « crime très grave » l'utilisation par le régime de Kiev de « l'armée contre la population ».
Le 25, les séparatistes qui contrôlent Sloviansk retiennent huit observateurs militaires de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qui effectuaient une mission d'observation à la demande de Kiev et qui sont accusés d'être des « soldats de l'O.T.A.N. »
Le 26, le G7 annonce de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie. Les pays européens, qui commercent avec Moscou et dont certains dépendent de l'approvisionnement en gaz russe, demeurent réservés sur l'opportunité des sanctions économiques prônées par les États-Unis.
Le 28, Washington et Bruxelles annoncent l'extension des sanctions visant des personnalités russes et ukrainiennes.
Le 30, le F.M.I. accorde un crédit de 17 milliards de dollars à Kiev.