1er-30 novembre 1991
U.R.S.S.. Le pouvoir de Boris Eltsine renforcé par la dégradation de la situation économique
Le 1er, le Parlement russe accorde à Boris Eltsine les pouvoirs spéciaux qu'il avait demandés, le 28 octobre, en présentant son programme économique destiné à sauver la Russie de la paralysie qui la menace. Il s'agit, en gouvernant par décrets et en suspendant « les actes légaux et législatifs de l'Union soviétique » contredisant sa politique, de faire appliquer un train de mesures drastiques destinées à privatiser l'économie, à libérer les prix, dont certains pourraient augmenter de 400 p. 100, ainsi qu'à réaliser une « puissante » réforme agraire.
Le 6, la signature par l'Ukraine et la Moldavie du traité d'union économique permet d'envisager la réalisation d'un espace économique commun entre les anciennes républiques de l'U.R.S.S., projet déjà accepté, le 18 octobre, par huit autres républiques.
Le 7, Boris Eltsine décrète l'état d'urgence en Tchétchéno-Ingouchie, république musulmane du Caucase rattachée à la Russie. Cette décision a pour but de mater la rébellion tchétchène afin d'éviter que d'autres populations autochtones s'engagent sur la voie d'une remise en cause de l'unité territoriale de la Russie. Mais les députés russes annulent, le 11, le décret imposant l'état d'urgence, qui avait provoqué d'importantes manifestations en Tchétchéno-Ingouchie. Ce vote constitue un revers pour Boris Eltsine qui, le 12, reconnaît son « erreur ».
Le 19, Edouard Chevardnadze, ministre des Affaires étrangères de 1985 jusqu'à sa démission en décembre 1990, accepte, à la demande de Mikhaïl Gorbatchev, de reprendre ses anciennes fonctions. Il s'agit à la fois de rassurer les Occidentaux, dont l'aide économique est de plus en plus nécessaire, et de « stopper le processus de désintégration » de la diplomatie centrale.
Le 21, huit républiques sur douze acceptent le rééchelonnement de la dette publique soviétique (environ 400 milliards de francs) proposé par les représentants des sept pays les plus industrialisés (G7), réunis à Moscou depuis le 19, ainsi que l'octroi de nouveaux crédits, en échange d'un engagement de leur responsabilité conjointe sur cette même dette.
Le 25, le report de la signature du traité d'union politique, qui doit transformer l'ex-U.R.S.S. en « Union des États souverains » (U.E.S.), constitue un nouvel échec pour Mikhaïl Gorbatchev. Les sept républiques qui avaient signé, le 14, un projet d'accord, demandent en effet que leurs Parlements respectifs examinent le texte avant de l'entériner.
Le 29, la Banque d'État soviétique (Gosbank), devant le refus parlementaire de voter une autorisation de crédits de 90,1 milliards de roubles pour mener à son terme le dernier trimestre budgétaire, menace de ne pas assurer le paiement des salaires de la fonction publique et de l'armée en décembre.
Le 30, au terme d'un accord conclu entre Boris Eltsine et Mikhaïl Gorbatchev, la Russie, en s'engageant à verser les salaires des fonctionnaires d'État, consolide sa mainmise sur les finances centrales.