1er-30 novembre 2004
Ukraine. Contestation des résultats de l'élection présidentielle
Le 1er, au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat de l'opposition Viktor Iouchtchenko, ancien directeur de la Banque centrale, pro-européen, conteste les résultats provisoires annoncés par la commission électorale qui le placent derrière le candidat du pouvoir, soutenu par Moscou, le Premier ministre Viktor Ianoukovitch. De leur côté, les observateurs internationaux font état de nombreuses fraudes.
Le 10, la commission électorale annonce les résultats définitifs du premier tour: Viktor Iouchtchenko arrive en tête avec 39,9 p. 100 des voix devant Viktor Ianoukovitch, 39,3 p. 100.
Le 22, à l'issue du second tour, tandis que les sondages à la sortie des urnes laissent présager la victoire du candidat de l'opposition, les résultats quasi définitifs de la commission électorale placent Viktor Ianoukovitch en tête. Viktor Iouchtchenko dénonce des fraudes et appelle ses partisans à manifester « jusqu'à la victoire ».
Le 23, à Kiev, environ cent mille personnes s'installent sur la place de l'Indépendance, sous le contrôle de l'organisation étudiante Pora. La « révolution orange » s'étend aux autres grandes villes de l'ouest du pays. Viktor Iouchtchenko, qui annonce le lancement d'« un mouvement organisé de résistance civile », prête serment devant le Parlement lors d'une séance extraordinaire boycottée par les élus favorables au pouvoir en place. Tandis que l'Union européenne et les États-Unis dénoncent les fraudes, la Russie stigmatise « l'action de certains représentants d'États étrangers et structures internationales » qu'elle accuse de contribuer à « déstabiliser » l'Ukraine.
Le 24, alors que la mobilisation de l'opposition se poursuit, la commission électorale proclame les résultats définitifs de l'élection présidentielle, qui accordent la victoire à Viktor Ianoukovitch, avec 49,5 p. 100 des suffrages, devant Viktor Iouchtchenko, 46,6 p. 100. Ce dernier lance un appel à la grève générale, annonce la constitution d'un comité de salut national et met en garde contre les risques de « guerre civile ». Tandis que Bruxelles et Washington haussent le ton, Moscou dénonce des actions « antirusses ».
Le 25, la Cour suprême suspend l'annonce des résultats électoraux dans l'attente de l'examen des plaintes pour fraudes.
Le 26, le président sortant Leonid Koutchma et les deux candidats se rencontrent en présence de médiateurs, dont les présidents polonais et lituanien, le président de la Douma russe, celui de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et le représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne. Viktor Iouchtchenko exige l'organisation d'un nouveau scrutin.
Le 28, des délégués régionaux de l'est et du sud du pays votent une résolution réclamant une révision de la Constitution en vue d'accorder plus d'autonomie aux régions. Le gouverneur de la région du Donetsk, fief de Viktor Ianoukovitch, menace de constituer une république autonome en cas de victoire d'un président « illégitime ».
Le 29, le président Koutchma évoque la possibilité d'une nouvelle élection.
Le 30, l'opposition annonce la rupture des négociations avec le pouvoir et la reprise du blocus des sièges du Parlement, du gouvernement et de la présidence, qui avait été momentanément levé.