1er-30 octobre 2017
Espagne. Référendum d’autodétermination en Catalogne
Le 1er, l’exécutif catalan organise un référendum relatif à l’instauration d’un « État indépendant sous la forme d’une république », consultation qui est interdite par le gouvernement de Madrid. Tandis que les Mossos d’Esquadra – la police catalane – se montrent passives, la police nationale tente violemment d’empêcher la tenue du scrutin. Des centaines de personnes sont blessées dans les affrontements. Le président de la Catalogne Carles Puigdemont annonce la victoire du « oui » au référendum – par 90,2 p. 100 des suffrages et avec un taux de participation de 43 p. 100 – et revendique le droit de la province à l’indépendance, tandis que le Premier ministre Mariano Rajoy déclare : « Il n’y a pas eu de référendum d’autodétermination. »
Le 2, Mariano Rajoy rencontre Pedro Sánchez, président du Parti socialiste ouvrier espagnol, qui soutient l’action du gouvernement, mais dénonce les violences policières et prône l’ouverture de négociations avec l’exécutif catalan, et Albert Rivera, président de Ciudadanos (Citoyens, centre), qui demande l’application de l’article 155 de la Constitution. Ce dernier permet au gouvernement de prendre « les mesures nécessaires » si une communauté autonome « ne respecte pas les obligations que la Constitution ou d’autres lois lui imposent, ou si elle agit de façon à porter gravement atteinte à l’intérêt général de l’Espagne ». Carles Puigdemont appelle à une « médiation internationale », notamment de l’Union européenne qui refuse quant à elle de s’ingérer dans une affaire intérieure espagnole.
Le 3, alors que des centaines de milliers de sympathisants indépendantistes manifestent à Barcelone contre les violences policières, le roi Felipe VI dénonce dans un discours télévisé la « déloyauté inadmissible » des autorités catalanes qui mettent « en danger la stabilité économique et sociale de la Catalogne et de l’Espagne », estimant qu’il est de « la responsabilité des pouvoirs légitimes de l’État de garantir l’ordre constitutionnel ».
Le 6, CaixaBank, première banque catalane et espagnole, décide le transfert de son siège social hors de Catalogne à la suite d’une forte chute de sa capitalisation depuis le référendum. Plusieurs grandes entreprises feront de même.
Le 8, des centaines de milliers de personnes manifestent à Barcelone contre l’indépendance de la Catalogne à l’appel de l’association Société civile catalane, soutenue par le Parti populaire au pouvoir à Madrid et par Ciudadanos.
Le 10, s’exprimant devant le Parlement catalan, Carles Puigdemont déclare l’indépendance de la Catalogne, mais suspend les effets de cette déclaration – non soumise au vote du Parlement – afin de permettre l’ouverture de négociations avec Madrid.
Le 11, lors d’une séance spéciale du Parlement espagnol, Mariano Rajoy lance un ultimatum aux autorités catalanes, leur laissant jusqu’au 16 pour confirmer ou infirmer l’indépendance de la province, puis jusqu’au 19 pour y renoncer, sous peine d’être démis de leurs pouvoirs en application de l’article 155. Il rejette tout processus de médiation et accepte de dialoguer avec Barcelone dans le seul cadre du statut d’autonomie de la Catalogne.
Le 16, Carles Puigdemont propose à Madrid d’engager un dialogue « d’égal à égal » dans un délai de deux mois.
Le 16 également, l’Audience nationale met en examen pour sédition et place en détention préventive les dirigeants des deux grandes associations indépendantistes de la société civile catalane, Jordi Sànchez pour l’Assemblée nationale catalane et Jordi Cuixart pour Òmnium Cultural, pour leur rôle dans les incidents survenus à Barcelone lors des arrestations de responsables indépendantistes, le 20 septembre. Le chef des Mossos d’Esquadra, Josep Lluís Trapero, est mis en examen pour le même motif.
Le 19, Carles Puigdemont informe le gouvernement espagnol que s’il « persiste à empêcher le dialogue et à continuer la répression, le Parlement de Catalogne pourra […] voter la déclaration formelle d’indépendance ».
Le 20, les présidents de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, du Parlement européen Antonio Tajani et du Conseil européen Donald Tusk, venus recevoir à Madrid le prix Princesse des Asturies attribué à l’Union européenne, défendent l’État de droit et le respect de la loi en Espagne.
Le 27, le Parlement catalan vote la déclaration d’indépendance de la province. Une heure plus tard, le Sénat espagnol approuve l’application à la Catalogne de l’article 155 proposé par le gouvernement. Ce dernier destitue les membres de la Généralité dont la direction est confiée à la vice-présidente du gouvernement espagnol Soraya Sáenz de Santamaría. Il dissout le Parlement catalan et convoque des élections régionales pour le 21 décembre.
Le 29, alors que les autorités indépendantistes n’opposent pas de résistance ferme à leur éviction, des centaines de milliers de militants anti-indépendantistes manifestent à Barcelone, avec le soutien du Parti populaire, de Ciudadanos et, pour la première fois, du Parti socialiste catalan.
Le 30, Carles Puigdemont fuit en Belgique avec cinq de ses ministres, alors que le procureur général de l’État José Manuel Maza engage des poursuites pour « rébellion, sédition et malversation » contre l’ensemble de l’exécutif catalan et les membres du bureau du Parlement catalan. Les formations indépendantistes catalanes se déclarent prêtes à participer au scrutin de décembre, à l’exception de la Candidature d’unité populaire (anticapitaliste).