1er-30 septembre 1990
Échec des tentatives de négociation et renforcement des pressions internationales militaires et diplomatiques contre l'Irak
Le 1er, les autorités irakiennes autorisent environ sept cents ressortissants occidentaux et japonais – des femmes et des enfants pour la plupart – à quitter le pays, avant d'interdire aux avions étrangers d'atterrir en Irak. Plusieurs centaines d'otages sont évacués au cours du mois, mais des milliers d'autres ne peuvent quitter l'Irak.
Le 2, Javier Perez de Cuellar, secrétaire général de l'O.N.U., annonce l'échec de sa mission à Amman (Jordanie), au cours de laquelle il s'est entretenu avec Tarek Aziz, ministre irakien des Affaires étrangères.
Le 4, Edouard Chevardnadze, ministre soviétique des Affaires étrangères, propose de résoudre la crise du Golfe dans le cadre global d'une conférence internationale sur le Proche-Orient. Les États-Unis et Israël rejettent cette idée.
Le 5, le président Saddam Hussein, dans un discours très belliciste, réitère son appel à la guerre sainte et exhorte les peuples égyptien et saoudien à se révolter contre leurs dirigeants.
Le 6, à l'issue de sa rencontre avec Mikhaïl Gorbatchev à Moscou, Tarek Aziz fait état de « divergences considérables » entre son pays et l'U.R.S.S. sur l'évaluation de la situation dans le Golfe. Tandis que le secrétaire américain à la Défense déclare que cent mille soldats américains sont à présent déployés dans le Golfe, le secrétaire d'État James Baker entame une tournée dans la région, au cours de laquelle il obtient l'engagement des gouvernements saoudien, koweïtien en exil et des Émirats arabes unis à participer substantiellement au financement de l'opération Bouclier du désert. Leur contribution est évaluée à 12 milliards de dollars, dont 5 pour le Koweït. En outre, Tōkyō et Bonn promettent respectivement 4 milliards et 2 milliards de dollars.
Le 7, les ministres des Affaires étrangères de la C.E.E. réunis à Rome décident de ne pas participer au financement de l'opération Bouclier du désert, mais de prendre à leur charge 15 p. 100 des pertes de revenus subies par la Jordanie, l'Égypte et la Turquie du fait de la crise du Golfe, soit environ 2 milliards de dollars.
Le 9, George Bush et Mikhaïl Gorbatchev se rencontrent à Helsinki (Finlande). Après plusieurs heures de discussions, ils affirment leur volonté d'appliquer les sanctions contre l'Irak adoptées par l'O.N.U. plutôt que de recourir à la force.
Le 10, le président irakien propose de fournir gratuitement du pétrole aux pays du Tiers Monde, tandis qu'au terme d'une visite de Tarek Aziz à Téhéran les autorités iraniennes et irakiennes annoncent la normalisation de leurs relations diplomatiques. Boycottée par neuf des vingt et un membres (Irak, O.L.P., Jordanie, Yémen, Soudan, Libye, Tunisie, Algérie et Mauritanie), la réunion au Caire d'un conseil ministériel extraordinaire de la Ligue arabe – dont le secrétaire général Chedli Klibi a démissionné le 3 – décide du transfert de son siège de Tunis dans la capitale égyptienne avant la fin d'octobre. La Tunisie rejette ce « fait accompli ». À Bruxelles, James Baker demande aux pays membres de l'O.T.A.N. de participer au renforcement du dispositif militaire dans le Golfe.
Le 11, le président Bush, dans un message à la nation américaine lu devant le Congrès, s'engage à mettre un terme à l'agression irakienne et appelle les parlementaires à relever l'économie des États-Unis afin que ceux-ci puissent agir « comme une grande puissance ».
Le 12, Ali Khamenei, guide de la République islamique, assimile la lutte contre la présence américaine dans le Golfe à une guerre sainte.
Le 14, des soldats irakiens pénètrent dans les résidences des ambassadeurs de France, de Belgique, des Pays-Bas et du Canada à Koweït. Ils pillent et mettent à sac le bâtiment diplomatique français avant d'emmener quatre Français, dont un diplomate qui est relâché le soir même. James Baker rencontre à Damas le président syrien Hafez el-Assad, avec lequel il constate une identité de vue sur la question du Golfe mais aussi la persistance de divergences au sujet du terrorisme. Le gouvernement britannique décide l'envoi dans le Golfe de six mille soldats et de cent vingt chars.
Le 15, la France annonce des mesures militaires et diplomatiques en réponse à la violation par l'Irak de la résidence de son ambassadeur au Koweït. Le 16, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. condamne à l'unanimité les agressions irakiennes contre des locaux diplomatiques.
Le 16, la diffusion à la télévision irakienne d'un message de paix aux Irakiens, enregistré par le président Bush sur la proposition de Bagdad, est suivie par des manifestations de soutien à Saddam Hussein organisées par le gouvernement.
Le 17, l'U.R.S.S. et l'Arabie Saoudite rétablissent leurs relations diplomatiques. Les ministres des Affaires étrangères de la C.E.E., réunis à Bruxelles, décident l'expulsion des personnels militaires des ambassades irakiennes. L'Irak riposte le 21 par des mesures identiques à l'encontre des États de la C.E.E., des États-Unis et de l'Égypte : en particulier, onze diplomates français sont expulsés.
Le 19, l'Irak prend la décision symbolique de saisir les avoirs financiers des États qui ont gelé les siens et ceux du Koweït.
Le 20, Bagdad menace de détruire tous les champs pétrolières de la région en cas d'attaque contre son territoire. Les autorités irakiennes évoquent de nouveau, le 23, le recours à la « guerre totale » contre les pays pétroliers de la région, les États-Unis et Israël en cas d'« asphyxie » de l'Irak.
Le 22, le président Assad entame une visite à Téhéran au terme de laquelle la Syrie et l'Iran dénoncent l'agression contre le Koweït.
Le 23, l'Arabie Saoudite décide des sanctions économiques contre la Jordanie et le Yémen, pour les punir d'avoir soutenu l'Irak.
Le 25, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité moins une voix (celle de Cuba) une résolution qui étend au trafic aérien l'embargo imposé à l'Irak. Parlant le même jour devant l'Assemblée générale des Nations unies, Edouard Chevardnadze durcit le ton à l'égard de Bagdad en envisageant que l'O.N.U. puisse recourir à la force en réaction à l'« acte de terrorisme perpétré à l'encontre du nouvel ordre mondial » par l'Irak.
Le 30, le ministre soviétique des Affaires étrangères annonce que son pays participerait à une action militaire décidée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Dans un message, Saddam Hussein appelle au « dialogue » et à une « solution réaliste et équitable », tout en refusant de revenir sur l'annexion du Koweït.