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1er-31 août 1982

Pologne. Réactions du pouvoir aux manifestations de rue

Le 1er, au cours d'une cérémonie réunissant une foule considérable au cimetière de Powazki à Varsovie en souvenir du trente-huitième anniversaire de l'insurrection d'août 1944 contre l'occupant nazi, la direction clandestine de Solidarité diffuse un appel à « manifester davantage la présence du syndicat dans la vie du pays ».

Le 3, l'organe du Parti ouvrier polonais (P.O.U.P.), Trybuna Ludu, considérant comme « close » la période d'après août 1980, suggère une reconstitution « par la base » d'une « nouvelle structure syndicale en commençant par les entreprises ».

Le 9, la « commission provisoire nationale » (T.K.K.) de Solidarité appelle la population à s'organiser en « société clandestine » et à former des « petits groupes d'action » dans les usines et les lieux d'habitation afin de s'opposer aux organisations mises en place par le régime.

Le 13, de violentes manifestations ont lieu à Varsovie, Wrocław et Cracovie. À Gdańsk, la milice charge dix mille personnes rassemblées devant l'immeuble du parti.

Le 16, alors que de nouvelles manifestations ont lieu à Gdańsk et à Varsovie, où les dispositifs policiers ont été renforcés, le général Jaruzelski rencontre Leonid Brejnev en Crimée. Le dirigeant soviétique assure que « l'U.R.S.S. aidera toujours, dans la mesure de ses moyens, à la solution des problèmes économiques de la Pologne ». Le chef de la junte polonaise accuse quant à lui les États-Unis de favoriser les menées des contre-révolutionnaires.

Le 26, à Czestochowa, à la fin du pèlerinage commémorant le sixième centenaire de la présence de l'icône de la Vierge noire au monastère de Jasna Gora, Mgr Glemp réclame la libération de Lech Wałęsa et des autres internés ainsi que le rétablissement des activités syndicales. Le primat de Pologne exhorte également la population « à ne pas céder à la colère et à ne pas sortir dans la rue » le 31 août.

Le 29, deux jours avant les manifestations qui doivent marquer l'anniversaire de la signature des accords de Gdańsk en 1980, le général Jaruzelski pose comme condition à une éventuelle levée de l'état de guerre l'absence de « manifestations irresponsables » et affirme qu'« aucune atteinte [aux lois de l'état de guerre] ne sera tolérée ».

Le 31, à l'appel de Solidarité, des dizaines de milliers de Polonais descendent dans la rue dans de nombreuses villes. Ils affrontent l'énorme dispositif policier mis en place par le pouvoir. Les troubles se poursuivent durant plusieurs jours, en particulier à Lubin, faisant plusieurs morts. Plus de quatre mille personnes sont arrêtées, et la junte, attribuant la responsabilité des affrontements aux dirigeants du comité d'autodéfense (K.O.R.), laisse prévoir l'ouverture prochaine de procès politiques. L'ampleur de ces manifestations constitue, selon Solidarité, une victoire morale pour la nation.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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