1er-31 décembre 2004
Irak. Poursuite des violences et libération des otages français
Le 1er, le Pentagone annonce une augmentation, à l'approche des élections de janvier, des effectifs militaires américains en Irak, qui passeront de cent trente-huit mille à cent cinquante mille hommes.
Le 2, le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld reconnaît avoir sous-estimé la force de la résistance en Irak. Il prévoit une stabilisation du pays dans un délai de deux ans.
Le 3, à Bagdad, douze policiers irakiens sont tués dans l'attaque de leur poste, revendiquée par le groupe d'Abou Moussab Al-Zarkaoui. Un attentat-suicide à la bombe dirigé contre une mosquée chiite de la capitale fait quatorze autres victimes.
Les 4 et 5, plus de soixante personnes sont tuées à travers le pays dans plusieurs attentats.
Le 8, en visite dans un camp américain au Koweït, Donald Rumsfeld est pris à partie par des soldats prêts à servir en Irak, qui dénoncent notamment le manque de protection blindée de leurs véhicules de patrouille.
Le 9, les formations chiites soutenues par le grand ayatollah Ali Al-Sistani annoncent leur intention de présenter une liste commune aux élections générales prévues pour janvier 2005. Seule la tendance représentée par le chef radical Moqtada Al-Sadr n'y serait pas représentée.
Le 12, à Fallouja, sept soldats américains sont tués au cours de deux attaques.
Le 13, Washington et Bagdad appellent l'O.N.U. à renforcer sa présence en Irak afin d'aider à l'organisation des élections du 30 janvier 2005.
Les 13 et 14, à Bagdad, deux attentats-suicides à la voiture piégée dirigés contre l'entrée de la « zone verte », qui abrite le siège du gouvernement et les ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni, font quatorze morts.
Le 19, les mausolées des villes saintes chiites de Kerbala et de Nadjaf, au sud de Bagdad, sont la cible de deux attentats à la voiture piégée qui font plus de soixante morts.
Le 20, lors d'une conférence de presse, le président américain George W. Bush reconnaît les difficultés auxquelles est confrontée la politique américaine en Irak, ainsi que les « résultats mitigés » du processus de mise sur pied d'une armée irakienne.
Le 21, les deux journalistes français enlevés à Bagdad en août, Christian Chesnot et Georges Malbrunot, sont libérés à l'issue de négociations menées par la D.G.S.E. Dans un communiqué diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazira, l'Armée islamique en Irak, qui retenait les deux Français en otages, déclare avoir acquis la certitude que ceux-ci n'espionnaient pas pour le compte des Américains; le groupe terroriste affirme avoir répondu « à des appels et à des exigences d'institutions et d'organisations musulmanes » et avoir tenu compte « de l'attitude du gouvernement français sur la question irakienne, et de celle des deux journalistes sur la cause palestinienne ». Le président Chirac interrompt ses vacances au Maroc pour accueillir les deux journalistes le lendemain.
Le 21 également, l'attaque d'une base militaire américaine à Mossoul, revendiquée par le groupe Ansar Al-Sunna, réputé proche du réseau terroriste Al-Qaida, cause la mort de quatorze soldats et quatre civils américains.
Le 21 toujours, le Premier ministre britannique Tony Blair effectue une visite surprise à Bagdad et dans deux camps militaires proches de Bassorah.
Le 22, tandis que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin affirme que la France n'a pas versé de rançon pour la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, le retour à Paris des deux hommes relance la controverse, qui s'amplifiera les jours suivants, relative à la tentative de libération des otages français organisée en septembre par le député Didier Julia (U.M.P.).
Le 24, Donald Rumsfeld effectue une visite surprise à Mossoul.
Le 27, la chaîne Al-Jazira diffuse un message audio d'Oussama ben Laden, dans lequel le chef d'Al-Qaida appelle au boycottage des élections du 30 janvier 2005 en Irak. Il déclare considérer Abou Moussab Al-Zarkaoui comme le chef d'Al-Qaida en Irak.
Le 27 également, le Parti islamique irakien, principale formation sunnite, renonce à son intention de participer au scrutin. De nombreux autres partis sunnites, comme le Comité des oulémas, sont partisans du boycottage.
Le 29, à Bagdad, l'explosion d'un immeuble au cours d'une opération de police provoque la mort d'au moins trente personnes.
Le 29 également, les deux collaborateurs de Didier Julia qui avaient participé à l'opération de septembre en Irak, Philippe Brett et Philippe Evanno, sont mis en examen pour « intelligence avec une puissance ou une organisation étrangère, [...] de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation ».
Le 31, le bilan des pertes américaines en Irak durant le mois s'élève à soixante-quinze morts. Cinq cent trois soldats américains ont été tués au cours du second semestre de 2004, contre quatre cent un durant le premier.