1er-31 juillet 2013
Égypte. Destitution du président Mohammed Morsi
Le 1er, à la suite de l'essor, à la fin de juin, du mouvement populaire exigeant le départ du président Mohammed Morsi, l'armée lance un ultimatum de 48 heures aux deux camps pour trouver un accord, sous peine d'imposer sa propre « feuille de route ».
Le 2, tandis que les défections se multiplient dans les rangs du gouvernement, Mohammed Morsi rejette l'ultimatum de l'armée et défend sa légitimité dans un message à la nation. Les Frères musulmans mobilisent quelques centaines de milliers de partisans dans les rues du Caire, où des affrontements meurtriers se produisent.
Le 3, le général Abdel Fattah al-Sissi, ministre de la Défense et chef d'état-major des armées, prononce la destitution du président Morsi qui n'a « pas répondu aux attentes du peuple égyptien ». Celui-ci est détenu dans un lieu gardé secret, tandis que de nombreux dirigeants des Frères musulmans sont arrêtés. Le général al-Sissi apparaît entouré de Mohamed El Baradei, ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique et représentant de l'opposition au régime, ainsi que d'importantes autorités religieuses du pays. La Constitution est suspendue et la direction par intérim de l'État est confiée au président de la Cour constitutionnelle Adly Mansour, jusqu'à la tenue d'élections anticipées. Celui-ci prêtera serment le lendemain. Washington et Bruxelles appellent à des élections rapides.
Le 5, au Caire, de violents affrontements entre partisans et adversaires du président Morsi font au moins vingt-cinq morts.
Le 8, au Caire, l'armée réprime violemment le rassemblement de milliers de partisans de Mohammed Morsi devant le quartier général de la garde républicaine, faisant au moins cinquante et un morts et quatre cent trente-cinq blessés. Les salafistes du parti Al Nour, qui avaient soutenu le coup de force de l'armée, dénoncent ce « massacre » et annoncent leur retrait des négociations en vue de la nomination du gouvernement.
Le 8 également, le président par intérim Adly Mansour annonce la tenue d'élections générales avant 2014, ainsi que la nomination d'un comité constitutionnel chargé de proposer des amendements à la Loi fondamentale.
Le 9, l'économiste et ancien ministre des Finances Hazem El Beblaoui est nommé Premier ministre. Mohamed El Baradei devient vice-président.
Le 9 également, le Koweït, l'Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis annoncent qu'ils octroient une aide financière à l'Égypte.
Le 10, la justice ordonne l'arrestation du guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, pour incitation à la violence.
Le 16, le nouveau gouvernement de technocrates, qui ne compte aucun islamiste, prête serment. Le général al-Sissi reste ministre de la Défense et devient vice-Premier ministre.
Le 26, la justice ordonne le placement en détention préventive de Mohammed Morsi, qui est inculpé d'implication présumée dans des opérations meurtrières imputées au Hamas lors de la révolte contre le président Hosni Moubarak en janvier 2011, notamment pour l'aide apportée à son évasion de prison.
Le 26 également, des centaines de milliers de personnes occupent la place Tahrir, au Caire, en soutien à l'armée, tandis que les Frères musulmans mobilisent leurs troupes dans le quartier de Rabia Al-Adawiya.
Le 27, la répression par les forces de l'ordre des rassemblements d'opposants islamistes, au Caire, cause la mort d'au moins soixante-quatorze personnes. Le vice-président Mohamed El Baradei et le vice-Premier ministre Ziad Bahaa El Dine condamnent l'usage excessif de la force. De plus, les forces laïques et libérales dénoncent la volonté du gouvernement de rétablir les services de la sécurité d'État, en vigueur avant la révolution.
Le 31, le gouvernement annonce avoir donné l'ordre à la police de démanteler les campements des partisans de Mohammed Morsi au Caire.