1er-31 mai 2022
Ukraine - Russie. Évacuation des derniers combattants de Marioupol
Le 1er, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, justifie le qualificatif de « nazi » appliqué par Moscou au président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui est juif, en affirmant qu’Hitler lui-même avait « du sang juif ».
Le 2, le Premier ministre israélien Naftali Bennett déclare que « l’utilisation du génocide juif comme outil politique doit cesser immédiatement ». Israël observe cependant une position officielle neutre à l’égard du conflit en Ukraine.
Le 3, le ministère russe des Affaires étrangères publie un texte affirmant que « le gouvernement israélien actuel soutient le régime néo-nazi à Kiev » et que des juifs ont collaboré avec les nazis dans les ghettos d’Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le 3 également, les combattants ukrainiens retranchés dans l’aciérie d’Azovstal, à Marioupol, dans le sud du Donbass, indiquent que les forces russes ont donné l’assaut au complexe sidérurgique qu’elles assiègent depuis l’occupation de la ville en avril. Cependant, l’évacuation des civils retranchés dans l’aciérie, qui a débuté fin avril, se poursuit.
Le 3 encore, le Premier ministre britannique Boris Johnson est le premier dirigeant occidental invité à s’exprimer devant le Parlement ukrainien, en visioconférence, « en reconnaissance du soutien apporté par le Royaume-Uni à l’Ukraine ». Londres est la première capitale européenne à avoir fourni des armes défensives à Kiev, dès janvier. Boris Johnson promet une aide militaire supplémentaire de 300 millions de livres sterling (356 millions d’euros).
Le 3 toujours, dans un entretien au quotidien Corriere della Sera, le pape François indique son intention de se rendre en visite à Moscou avant Kiev. Il compare les atrocités commises en Ukraine au génocide rwandais, déclare ne pas savoir « comment répondre » à la question de savoir s’il faut armer l’Ukraine et fustige « les aboiements de l’OTAN à la porte de la Russie » qui auraient poussé Moscou à intervenir. Il confirme le report sine die de sa rencontre avec le patriarche Cyrille, chef de l’Église orthodoxe russe, prévue en juin à Jérusalem.
Le 7, le bombardement par l’artillerie russe d’une école à Bilohorivka, dans le Donbass, fait une soixantaine de morts parmi les personnes qui y avaient trouvé refuge.
Le 8, dans son message vidéo quotidien, Volodymyr Zelensky affirme, à l’occasion de la célébration de la victoire du 8 mai 1945, que « le Mal est revenu », tout en promettant aux Ukrainiens la « victoire » et la « paix ».
Le 8 également, les forces ukrainiennes achèvent une série d’attaques contre l’île aux Serpents occupée par les Russes, en mer Noire. Elles abattent un hélicoptère russe, après avoir, au cours des jours précédents, détruit des batteries de défense antiaérienne et antinavires, coulé des péniches de débarquement et bombardé des bâtiments.
Le 9, lors de la commémoration à Moscou de la victoire soviétique lors de la « Grande Guerre patriotique » de 1941-1945, le président russe Vladimir Poutine réaffirme qu’en intervenant en Ukraine « la Russie a repoussé préventivement l’agression » de Kiev et des pays de l’OTAN. À Moscou, un million de personnes, selon la police, participent au défilé du Régiment immortel, en hommage aux soldats tombés durant la Seconde Guerre mondiale. La Biélorussie est le seul pays de l’ancien bloc soviétique à organiser également un défilé militaire à cette occasion. De son côté, Volodymyr Zelensky évoque dans un nouveau message vidéo le souvenir des « millions d’Ukrainiens qui ont combattu le nazisme » pendant la guerre, notamment au sein de l’Armée rouge.
Le 9 également, le président français Emmanuel Macron, lors de la clôture de la Conférence sur l’avenir de l’Europe au Parlement de Strasbourg comme lors de sa rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz à Berlin, prend ses distances avec l’idée émise par certains à Washington d’affaiblir la Russie à l’occasion du conflit ukrainien. Il continue de plaider pour « une paix négociée » avec Moscou, aux conditions définies par Kiev, et déclare : « Notre positionnement est d’être aux côtés de la souveraineté et de l’intégrité territoriale ukrainienne. Ni plus ni moins. »
Le 13, le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov évoque « un tournant stratégique dans la guerre en faveur de l’Ukraine » au sujet du recul des troupes russes qui assiégeaient depuis mars Kharkiv, dans le nord-est du pays. La contre-offensive victorieuse des forces ukrainiennes avait débuté en avril. Ailleurs sur le front de l’Est, l’armée russe progresse lentement dans le Donbass où elle fait face à une forte résistance. À la fin du mois, les troupes russes encerclent Sievierodonetsk et Lyssytchansk, les deux dernières villes non encore occupées de l’oblast de Louhansk.
Le 14, le groupe ukrainien de rap Kalush Orchestra remporte le concours Eurovision de la chanson organisé à Turin. Sa prestation reçoit le plus grand nombre de votes de téléspectateurs de l’histoire du concours.
Le 16 débute l’évacuation des derniers combattants ukrainiens retranchés dans l’aciérie Azovstal, à Marioupol, en application d’un accord conclu par Kiev et Moscou. Ceux-ci sont transférés vers des villes contrôlées par les Russes dans le Donbass.
Le 17, le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères Josep Borrell annonce le déblocage de 500 millions d’euros supplémentaires pour financer les aides militaires des États membres à l’Ukraine. Cette somme est prélevée sur la Facilité européenne pour la paix, un fonds destiné à contribuer à la sécurité et à la stabilité internationales. Elle porte à 2 milliards d’euros le montant des aides militaires allouées à Kiev par l’UE depuis le début de la guerre.
Le 18, en réaction aux expulsions de diplomates russes par Paris, Madrid et Rome en avril, Moscou annonce l’expulsion de trente-quatre diplomates français, vingt-sept espagnols et vingt-quatre italiens.
Le 21, la Russie interrompt ses livraisons de gaz à la Finlande et, le 31, aux Pays-Bas et au Danemark.
Le 27, l’Église orthodoxe ukrainienne annonce sa rupture avec l’Église orthodoxe russe dirigée par le patriarche Cyrille, dont elle dépend depuis sa création en 1990, et qui soutient l’invasion russe de l’Ukraine.
Le 30, la nouvelle ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna effectue la première visite à Kiev d’un dirigeant français depuis le début du conflit en février.
Le 31, les chefs d’État et de gouvernement européens parviennent à un accord sur un sixième train de sanctions contre la Russie. Ils décident principalement d’imposer un embargo sur le pétrole russe d’ici à la fin de l’année, qui ne s’appliquera pas à la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Bulgarie, très dépendantes de cette source d’énergie, et qui consistera à réduire de 90 % les importations communautaires. Ils élargissent les sanctions à une soixantaine de personnalités russes supplémentaires, ajoutent la Sberbank, première banque russe, aux neuf autres déjà exclues du système d’échanges interbancaires SWIFT et interdisent la diffusion dans l’UE de trois chaînes de télévision d’État russes.
Le 31 également, dans une tribune publiée par le New York Times, le président américain Joe Biden s’engage à fournir à Kiev « des systèmes de missiles et des munitions plus avancés » que ceux livrés jusque-là, permettant une plus longue portée et une meilleure précision de tir. Le chancelier allemand Olaf Scholz annonce également la livraison d’armements plus sophistiqués.