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1er-31 mars 1984

Liban. Échec de la conférence interlibanaise de Lausanne et fin de la mission de la force multinationale à Beyrouth

Le 1er au soir, le président libanais Amine Gemayel quitte Damas après deux jours d'entretiens avec le président syrien Hafez el-Assad. Aucun communiqué n'est publié mais les autorités syriennes se félicitent d'un « accord sur plusieurs points ». Il semble à peu près acquis que, en échange de certaines concessions, le président Gemayel a obtenu que son pouvoir ne soit plus remis en question par les factions libanaises proches de Damas.

Le 5, le Conseil des ministres libanais décide l'annulation de l'accord israélo-libanais du 17 mai 1983. Jérusalem proteste contre cette annulation qui est le premier résultat annoncé de la visite d'Amine Gemayel à Damas. Un autre résultat est la convocation d'une nouvelle session du Congrès de réconciliation nationale pour le 12 à Lausanne.

L'opposition, qui réclamait en février la démission du président Gemayel, accepte la reprise du dialogue.

Le 12, la Conférence s'ouvre à Lausanne en présence des neuf personnalités libanaises qui avaient déjà participé à la première session à Genève, du 31 octobre au 4 novembre 1983, ainsi que de deux observateurs, l'un syrien, l'autre saoudien. Tandis que les tenants de l'islam radical, Walid Joumblatt, chef des druzes, et Nabih Berri, dirigeant des chiites, demandent « l'abolition du système confessionnel », les chrétiens du Front libanais, autour de Pierre Gemayel et Camille Chamoun, souhaitent « la transformation du Liban en une république fédérale dotée de départements à base confessionnelle ». Le vice-président syrien Abdelhalim Khaddam entend jouer le rôle d'arbitre et pousse au compromis élaboré par le président Gemayel.

Le 19, l'ex-président Soleiman Frangié, dirigeant maronite du Liban du Nord, se désolidarise de ses alliés musulmans au sein du Front de salut national (opposition) en rejetant un projet de document final qui semblait pouvoir recueillir un consensus : « Je n'accepterai jamais que le rôle du président maronite de la République soit réduit à celui d'un planton ! » déclare-t-il, en ajoutant qu'il s'oppose aussi aux « pouvoirs exorbitants » qui auraient été confiés au dirigeant sunnite Rachid Karamé, chargé de présider le gouvernement d'union et de salut national dont la formation était prévue dans le compromis.

Le 20, la Conférence du dialogue national libanais se sépare. Elle n'a abouti qu'à une seule décision : l'instauration d'un cessez-le-feu et l'élaboration d'un plan de sécurité à Beyrouth dont la mise en application est confiée à un haut comité politique et militaire. La formation d'un comité institutionnel chargé d'élaborer un projet de nouvelle Constitution est également prévue. Les jours suivants, le cessez-le-feu décidé n'est jamais totalement respecté : comme depuis le début du mois, des incidents sporadiques éclatent et provoquent de nouvelles victimes à Beyrouth.

Le 21, le président Gemayel, puis Nabih Berri sont successivement reçus à l'Élysée par François Mitterrand.

Le 24, Charles Hernu annonce qu'ordre a été donné aux mille deux cent cinquante soldats français, qui constituent le dernier contingent de la force multinationale encore à Beyrouth, de commencer les opérations de rembarquement. Ce sont les forces de sécurité intérieure libanaises qui doivent prendre la relève des unités françaises.

Le 28, un communiqué du Quai d'Orsay annonce que quarante militaires français vont être envoyés à Beyrouth pour superviser l'application de l'accord de cessez-le-feu aux côtés des observateurs libanais. Dès le 30, coiffés d'un casque blanc, ils se trouvent sur la ligne de démarcation entre les deux Beyrouth.

Le 31, dans une lettre adressée aux ambassades des États-Unis, de France, de Grande-Bretagne et d'Italie, le président Gemayel met officiellement fin à l'existence de la force multinationale, tandis que Claude Cheysson et Charles Hernu assistent, à Beyrouth, à la cérémonie qui marque le départ des derniers soldats français. De même, le président Reagan ordonne aux navires américains qui patrouillaient depuis septembre 1983 aux abords de Beyrouth de « reprendre ses opérations normales en Méditerranée ».

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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