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1er-31 mars 2003

Irak - États-Unis. Déclenchement de l'intervention armée américano-britannique

Le 1er, le Parlement turc rejette la motion présentée par le gouvernement, qui visait à permettre le déploiement de 62 000 soldats américains sur le territoire national en vue d'une intervention en Irak. Washington avait offert à Ankara des facilités financières, dont une aide directe de 6 milliards de dollars. Une centaine de députés du Parti de la justice et du développement (islamistes modérés), au pouvoir, n'ont pas suivi les consignes de vote de leurs dirigeants en faveur du déploiement.

Le 1er également, Bagdad autorise la destruction de premiers missiles Al-Samoud 2, réclamée en février par les inspecteurs du désarmement, et accepte de donner des informations sur certains stocks d'armes chimiques et biologiques dont la destruction n'était pas avérée.

Le 4, Saddam Hussein, pourtant défenseur de la laïcité, évoque pour la première fois le « djihad [...] contre le despote [américain] et ses acolytes ».

Le 6, le président américain, George W. Bush, déclare au sujet d'une éventuelle intervention contre l'Irak que quand « il s'agit de notre sécurité, [...] nous n'avons réellement pas besoin de l'approbation des Nations unies ».

Le 7, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Espagne déposent devant le Conseil de sécurité une nouvelle version de leur projet de seconde résolution. Dans celle-ci, le Conseil est invité à décider que « l'Irak n'aura pas saisi la dernière possibilité qui lui était offerte par la résolution 1441 » de janvier, s'exposant ainsi aux « graves conséquences » évoquées par celle-ci, « à moins que, le 17 mars 2003 ou avant cette date, [le Conseil de sécurité] ait conclu que l'Irak a fait preuve d'une coopération entière [...] et qu'il ait remis à l'Unmovic et à l'A.I.E.A. toutes les armes [interdites, avec] les renseignements relatifs à la destruction antérieure de ces éléments ».

Le 7 également, devant le Conseil de sécurité, Hans Blix, chef de l'Unmovic (ou Cocovinu), et Mohamed ElBaradei, directeur de l'A.I.E.A., font état de progrès dans la coopération avec l'Irak en matière de désarmement.

Le 10, dans une allocution télévisée, le président Chirac confirme que « la France votera non » à la guerre contre l'Irak, opposant ainsi à l'avance son veto au projet de résolution déposé par Washington, Londres et Madrid. Moscou expose le même point de vue.

Le 11, le secrétaire américain à la Défense Ronald Rumsfeld déclare, avant de se rétracter, que son pays pourrait entrer en guerre sans l'appui militaire du Royaume-Uni en cas de persistance de l'hostilité de l'opinion et du Parlement britanniques à l'intervention armée en Irak.

Le 13, les consultations aux Nations unies sur le projet de résolution américano-britannique sont ajournées. Dénonçant la position française, Washington et Londres renoncent implicitement à présenter le texte devant le Conseil de sécurité, pensant ne pas être en mesure de réunir la majorité requise de 9 voix sur 15 – et ce sans compter le veto français.

Les 15 et 16, la mobilisation organisée à travers le monde contre la guerre en Irak est beaucoup moins forte qu'en février.

Le 16, George W. Bush, Tony Blair et José María Aznar, réunis aux Açores, prennent « l'engagement solennel d'aider le peuple irakien à construire un nouvel Irak en paix avec lui-même et avec ses voisins ».

Le 17, le secrétaire général de l'O.N.U. annonce le départ d'Irak de tous les personnels des Nations unies.

Le 17 également, le ministre britannique chargé des Relations avec le Parlement Robin Cook, leader travailliste à la Chambre des communes, démissionne en raison de son désaccord avec la position de son gouvernement dans la crise irakienne.

Le 17 toujours, dans un discours à la nation, le président Bush déclare: « Le Conseil de sécurité [...] a failli à ses responsabilités, nous allons donc nous saisir des nôtres. » Il donne deux jours à Saddam Hussein et à ses fils pour quitter l'Irak, faute de quoi « un conflit militaire [...] débutera au moment que nous choisirons ». Cette déclaration suscite les critiques de la France, de la Russie, de la Chine, de la Ligue arabe et des pays musulmans asiatiques.

Le 18, le Parlement britannique autorise le gouvernement à entrer en guerre contre l'Irak, par 412 voix contre 149. Toutefois, 135 députés travaillistes votent en faveur d'un amendement hostile à l'intervention armée.

Le 18 également, à Madrid, José María Aznar précise devant le Congrès des députés que l'Espagne fournira à ses alliés américano-britanniques un appui « humanitaire » et non militaire en Irak. Les formations autres que le Parti populaire, au pouvoir et majoritaire au Parlement, sont opposées à cette décision.

Le 20, à l'aube, les premiers bombardements américano-britanniques frappent, dans la région de Bagdad, des « cibles d'opportunité » – Saddam Hussein en personne était visé. Le président Bush déclare que ces frappes sont destinées à « saper les capacités de Saddam Hussein à mener une guerre ». La campagne militaire, à laquelle « plus de trente-cinq pays fournissent un soutien », « pourrait être plus longue et difficile que certains le prédisent », ajoute-t-il.

Le 20, dans la soirée, les forces terrestres américano-britanniques lancent l'opération Liberté pour l'Irak en pénétrant dans le sud du pays à partir du Koweït. Ce pays a été la cible de missiles irakiens dans la journée. Bagdad est de nouveau bombardé, comme il le sera désormais quotidiennement.

Le même jour et les jours suivants, des manifestations contre la guerre rassemblent plusieurs centaines de milliers de personnes à travers le monde.

Le 20 également, le Parlement turc adopte une motion présentée par le gouvernement, qui vise à autoriser le survol du territoire par l'aviation américaine ainsi que le déploiement de troupes turques dans le Kurdistan irakien. Cette dernière région est le fief des séparatistes kurdes qui sont également actifs dans l'est de la Turquie.

Le 21, les forces de la coalition s'emparent du port d'Oum Qasr, sur le golfe Persique – où subsisteront des poches de résistance –, et du terminal pétrolier proche de la péninsule de Fao. Elles progressent par ailleurs dans la région de Bassorah.

Le 21 également, malgré les mises en garde américaines, Ankara annonce le prochain envoi de soldats dans le nord de l'Irak. Le 26, l'armée turque décidera finalement de n'agir qu'en coordination avec les Américains.

Le 22, les bombardements s'intensifient à Bagdad et s'étendent à d'autres villes du pays. Le commandement américain fait état de nombreuses redditions et désertions de soldats irakiens.

Les jours suivants, les forces de la coalition, dont les éléments les plus avancés sont à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, se heurtent à une forte résistance irakienne. Les villes de Bassorah, Nassiriya, Nadjaf et Kerbala, notamment, seront le théâtre de combats meurtriers.

Le 24, un discours de Saddam Hussein exhortant ses troupes à la résistance est diffusé par la télévision irakienne.

Le 24 également, le gouvernement américain transmet au Congrès le projet de budget rectificatif pour l'année en cours, qui présente une rallonge de crédits de 75 milliards de dollars, dont 63 pour les forces armées.

Le 26, le bombardement par erreur d'un quartier populaire dans le nord-est de Bagdad fait quatorze morts selon les autorités irakiennes.

Le 26 également, le président Bush, en visite au siège du commandement central de Tampa (Floride), admet que « cette guerre est loin d'être terminée ».

Le 27, les forces de la coalition ouvrent un nouveau front dans le Nord en parachutant des troupes dans le Kurdistan irakien.

Le 27 également, George W. Bush et Tony Blair s'entretiennent à Washington. Ils expriment des divergences sur la question de l'administration de l'Irak après la chute du régime de Saddam Hussein. Les États-Unis entendent la contrôler alors que le Royaume-Uni, comme nombre d'autres États, souhaite la voir mise en place sous l'égide de l'O.N.U.

Le 27 toujours, le port d'Oum Qasr est enfin entièrement contrôlé par la coalition. Il s'agit de la seule ville « libérée » du pays. En l'absence d'une véritable autorité, les pillages s'y multiplient.

Le 28, le Conseil de sécurité adopte à l'unanimité la résolution 1472 qui prévoit la reprise du programme Pétrole contre nourriture, suspendu le 17, qui permettait, depuis 1996, l'approvisionnement de la population irakienne.

Le 30, le général Tommy Franks, commandant en chef des forces de la coalition, dont le plan militaire est l'objet de critiques, dément toute « pause opérationnelle » dans l'opération Liberté pour l'Irak.

Le 31, des soldats américains tuent sept civils, des femmes et des enfants, circulant à bord d'une voiture qui ne s'est pas arrêtée à un poste de contrôle, près de Nadjaf.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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