1er-31 mars 2006
France. Durcissement de l'opposition au C.P.E
Le 1er, le Sénat adopte, après l'Assemblée nationale en février, l'article du projet de loi sur l'égalité des chances relatif à la création du contrat première embauche (C.P.E.).
Le 7, à l'appel des syndicats de salariés et des organisations d'étudiants et de lycéens, mobilisées depuis janvier, entre 400 000 et 1 million de personnes manifestent dans toute la France pour le retrait du C.P.E. L'U.N.E.F. appelle à la grève générale dans les universités, dont certaines font déjà l'objet de blocus. Les jours suivants, des voix commencent à s'élever, parmi les élus de la majorité, pour réclamer la suspension du C.P.E., tandis que la mobilisation étudiante s'amplifie.
Le 10, le président de l'université de Nantes demande au Premier ministre Dominique de Villepin de suspendre le C.P.E. Un nombre croissant de ses collègues l'imitent les jours suivants, alors que plus de la moitié des universités sont bloquées ou perturbées dans leur fonctionnement.
Le 11, à Paris, les forces de l'ordre font évacuer la Sorbonne, occupée depuis le 8 par quelque trois cents étudiants.
Le 12, sur T.F.1, Dominique de Villepin rappelle qu'il mène « une bataille sans précédent pour l'emploi » et affirme, au sujet du C.P.E., que « la loi qui a été votée s'appliquera ».
Le 16, entre 250 000 et 500 000 étudiants et lycéens manifestent dans les villes de France. De violents affrontements troublent certains cortèges, notamment à Paris.
Le 17, le président Chirac assure les partenaires sociaux que « le gouvernement [...] est prêt au dialogue » sur le C.P.E., et que lui-même « souhaite qu'il s'ouvre au plus vite ».
Le 18, entre 530 000 et 1,5 million de manifestants – étudiants, lycéens et salariés – à Paris et en province, réclament le retrait du C.P.E. Un militant du syndicat Sud-P.T.T. est grièvement blessé à l'issue de la manifestation parisienne. Dominique de Villepin continue de défendre « un C.P.E. complété, amélioré pour répondre aux inquiétudes de chacun ».
Le 21, devant les parlementaires de l'U.M.P., le Premier ministre exclut toute « dénaturation » du C.P.E., n'envisageant de revenir ni sur l'absence de motivation de la rupture de contrat ni sur la durée de deux ans de la période d'essai.
Le 23, entre 220 000 et 450 000 étudiants et lycéens manifestent de nouveau dans toute la France. Certains défilés sont marqués par des violences dues à des casseurs.
Le 23 également, Dominique de Villepin invite les représentants des cinq grandes centrales syndicales à Matignon pour une « réunion de travail » consacrée à l'emploi des jeunes. Celle-ci, qui a lieu le lendemain, ne procure aucune ouverture.
Le 28, la nouvelle journée de mobilisation nationale réunit de un à trois millions de personnes contre le C.P.E., étudiants, lycéens et salariés du secteur public, mais aussi du secteur privé. La participation dépasse celle des grèves de décembre 1995 contre le « plan Juppé » ou de mars 2003 contre la réforme des retraites. L'aggravation de la crise politique pousse le Premier ministre à demander au président de la République de promulguer au plus vite la loi sur l'égalité des chances, tandis que Nicolas Sarkozy, numéro deux du gouvernement et président de l'U.M.P., ainsi que de nombreux élus de la majorité se déclarent favorables à la négociation.
Le 30, le Conseil constitutionnel, saisi par le Parti socialiste le 14, valide la loi sur l'égalité des chances.
Le 31, Jacques Chirac annonce son intention de promulguer la loi sur l'égalité des chances portant création du C.P.E. Il charge toutefois le gouvernement de présenter une nouvelle loi modifiant les deux dispositions les plus contestées de la mesure: la durée de la période d'essai, qui doit être réduite à un an, et l'absence de motivation de la rupture du contrat par l'employeur, à laquelle il oppose le « droit du jeune salarié à connaître les raisons » de son licenciement. Il demande qu'aucun C.P.E. ne soit signé avant ces modifications.