1er-31 mars 2014
Ukraine - Russie. Annexion de la Crimée par la Russie
Le 1er, le Parlement russe autorise le président Vladimir Poutine à employer la force en Ukraine – dont le président Viktor Ianoukovitch a été destitué en février à l'issue d'un mouvement de contestation de trois mois –, en vue de protéger la population russophone du pays. Des unités militaires non identifiées, mais présumées russes, appuyées par des brigades prorusses, poursuivent leur prise de contrôle de positions stratégiques en Crimée, entamée les jours précédents.
Le 1er également, des manifestations organisées par des activistes prorusses rassemblent des milliers de personnes dans les grandes villes du centre et de l'est du pays.
Le 4, lors d'une conférence de presse, Vladimir Poutine affirme que seuls des « groupes d'autodéfense » agissent en Crimée, mais que la Russie se laisse « le droit d'utiliser tous les moyens pour défendre les citoyens » ukrainiens comme le lui a demandé Viktor Ianoukovitch, dont il estime, cependant, qu'il n'a « pas d'avenir politique ». Il déclare que la Russie est délivrée de ses engagements à l'égard de l'Ukraine – qui découlent notamment du mémorandum de Budapest de 1994 –, puisque le changement de pouvoir à Kiev a fait naître un « nouvel État ».
Le 6, le Parlement de Crimée décide l'organisation, le 16, d'un référendum sur le rattachement de la péninsule à la Russie.
Le 6 également, le Conseil européen réuni à Bruxelles présente un plan de riposte graduée visant les discussions diplomatiques avec la Russie, puis les visas et les avoirs de responsables russes et ukrainiens, avant l'adoption de sanctions économiques encore non précisées faute de consensus.
Le 6 encore, tandis que des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe sont empêchés d’entrer en Crimée, les États-Unis annoncent l'envoi d'un destroyer en mer Noire et d'avions de chasse en Pologne et dans les pays Baltes.
Le 10, l'O.T.A.N. annonce l'envoi d'avions de reconnaissance au-dessus de la Pologne et de la Roumanie.
Le 11, le Parlement de Simferopol proclame l'indépendance de la Crimée.
Le 12, le président américain Barack Obama reçoit à la Maison-Blanche le Premier ministre ukrainien par intérim Arseni Iatseniouk.
Le 13, un manifestant nationaliste est tué à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, par des activistes prorusses. Le lendemain, deux autres nationalistes sont tués à Kharkiv, également dans l'est du pays, dans des affrontements avec des militants prorusses.
Le 16, les électeurs de Crimée se prononcent à 96,8 p. 100 en faveur du rattachement de leur république à la Russie. Le taux de participation officiel est de 85 p. 100.
Le 17, l'Union européenne et les États-Unis annoncent l'adoption de sanctions individuelles – restrictions de visa et gel des avoirs – à l'encontre d'officiels russes et ukrainiens. Washington, qui vise des proches du président Poutine, se montre plus sévère que Bruxelles.
Le 18, au Kremlin, Vladimir Poutine entérine l'annexion de la Crimée lors d'une signature solennelle.
Le 18 également, un militaire de la base navale ukrainienne de Sébastopol est tué lors de l'attaque du site par un groupe d'autodéfense prorusse.
Le 20, Washington élargit les sanctions individuelles déjà adoptées, incluant de très proches collaborateurs du président russe ainsi que la banque Rossia, liée au pouvoir russe.
Le 21, les chefs d'État ou de gouvernement de l'Union européenne et Arseni Iatseniouk signent le volet politique de l'accord d'association avec l'Ukraine, auquel l'ancien pouvoir ukrainien avait renoncé en novembre 2013 au profit d'un accord avec la Russie, à présent dénoncé.
Le 24, les dirigeants du G7 réunis à La Haye décident l'annulation de la réunion du G8 prévue en juin à Sotchi, en Russie.
Le 25, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue du sommet international sur la sécurité nucléaire à La Haye, Barack Obama rappelle, à l'intention notamment de la Pologne et des pays Baltes, l'obligation faite à chaque État adhérent à l'O.T.A.N. de porter secours à un État membre en cas d'agression. Au sujet de la crise ukrainienne, il prône « un processus diplomatique qui permettrait une désescalade ».
Le 27, l'Assemblée générale de l'O.N.U. adopte, par 100 voix contre 11 et 58 abstentions, une déclaration dénonçant le rattachement de la Crimée à la Russie.
Le 29, Vitali Klitschko, chef du parti Oudar, l'un des principaux opposants au pouvoir déchu, renonce à se présenter à l'élection présidentielle prévue en mai et annonce son soutien à la candidature de l'homme d'affaires et ancien ministre Petro Porochenko.
Le 31, Moscou annonce un début de retrait de ses troupes massées aux frontières de l'Ukraine depuis plusieurs jours.