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1er-31 mars 2019

Algérie. Retrait de la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à l’élection présidentielle

Le 1er, comme le vendredi précédent, des centaines de milliers de personnes manifestent à travers le pays contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, annoncée officiellement en février.

Le 3, Abdelaziz Bouteflika dépose sa candidature par procuration. Il s’engage, s’il est réélu, à réunir une « conférence nationale inclusive » chargée de fixer la date d’une élection présidentielle anticipée à laquelle il ne se présenterait pas. Cette proposition est aussitôt rejetée par la rue.

Le 5, l’influente Organisation nationale des moudjahidines, qui regroupe les anciens combattants de la guerre d’indépendance, dénonce les institutions qui ne sont pas « à la hauteur des aspirations légitimes [du] peuple ».

Le 6, l’association des anciens membres du ministère de l’Armement et des Liaisons générales – ancêtre des services de renseignement du pays – dénonce les « manœuvres dilatoires pour perpétuer un système qui a atteint des limites ».

Le 6 également, deux membres fondateurs et six vice-présidents du Forum des chefs d’entreprise (FCE), la principale organisation patronale du pays, déclarent dans un communiqué adhérer au mouvement de contestation.

Le 8, des manifestants toujours plus nombreux exigent la fin du « système Bouteflika ».

Le 10, le président Bouteflika rentre de Genève où il était hospitalisé depuis février.

Le 11, dans une lettre aux Algériens, Abdelaziz Bouteflika annonce le retrait de sa condidature à l’élection présidentielle et le report de celle-ci. Il charge une conférence nationale « inclusive et indépendante » d’élaborer avant la fin de l’année une nouvelle Constitution, qui devra être soumise à référendum, et de fixer la date de l’élection présidentielle.

Le 12, le Premier ministre Ahmed Ouyahia démissionne. Il est remplacé par le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui.

Le 26, le général Gaïd Salah, chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, qui avait approuvé la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, suggère au Conseil constitutionnel d’activer l’article de la Loi fondamentale qui permet de déclarer l’empêchement du chef de l’État pour « cause de maladie grave et durable ». Il justifie son geste par le risque d’instrumentalisation du mouvement de contestation « par des forces ennemies internes ou externes ».

Le 27, Ahmed Ouyahia, président du Rassemblement national démocratique (RND), allié du Front de libération nationale (FLN) au sein de l’« alliance présidentielle », appelle Abdelaziz Bouteflika à présenter sa démission. De son côté, Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de la puissante Union générale des travailleurs algériens, « prend acte » de l’appel du général Salah.

Le 29, les manifestants, qui continuent de descendre en masse dans les rues les vendredis, rejettent toute solution de transition gérée par les membres de l’actuel pouvoir, y compris le général Salah.

Le 31, Abdelaziz Bouteflika nomme le nouveau gouvernement dirigé par Noureddine Bedoui, dont fait partie Gaïd Salah.

Le 31 également, Ali Haddad, président du FCE et proche du chef de l’État, qui avait démissionné le 28, est arrêté à la frontière tunisienne.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

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  • 14 octobre 2018 Algérie. Arrestation de généraux

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