1er-31 mars 2020
France. Lutte contre l’épidémie de Covid-19
Le 1er, alors que l’épidémie de Covid-19 causée par le coronavirus SARS-CoV-2 continue de se propager dans le pays, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) décide de ne plus hospitaliser que les personnes infectées présentant des symptômes graves, de confiner les autres à leur domicile et de réserver les tests de dépistage aux cas les plus sévères et aux soignants.
Le 8, le gouvernement annonce l’interdiction des rassemblements de plus de mille personnes.
Le 10, un conseil scientifique Covid-19 de onze membres dirigé par l’immunologiste et président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) Jean-François Delfraissy est mis en place auprès du ministère de la Santé pour éclairer la décision publique face à l’épidémie.
Le 12, le président Emmanuel Macron présente, dans une allocution télévisée solennelle, un plan de lutte contre la « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle ». Il annonce une « mobilisation générale » en faveur du système de santé, des travailleurs et des entreprises, « quoi qu’il en coûte ». Les crèches et les établissements scolaires et universitaires seront fermés à compter du 16 et jusqu’à nouvel ordre. Les entreprises sont appelées à développer le télétravail et les personnes âgées ou fragiles à limiter leurs déplacements. La trêve hivernale est prolongée de deux mois. Le chef de l’État annonce la mise en place d’un « mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel », et le report du paiement des cotisations et impôts dus par les entreprises en mars. Emmanuel Macron affirme : « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour. » Il affirme que les services de l’État-providence « ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux » et que « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, à d’autres, est une folie. » Il conclut : « Nous devons […] construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine […] qui tiennent fermement leur destin en main. » Les élections municipales sont maintenues. À cette date, soixante et une personnes sont mortes de la Covid-19 dans le pays. Le Grand Est et l’Île-de-France sont les régions les plus touchées.
Le 13, Édouard Philippe annonce l’interdiction des rassemblements de plus de cent personnes.
Le 14, le gouvernement enclenche la phase 3 du plan Orsan (Organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) qui vise à limiter les effets de la pandémie, alors que le virus circule à présent sur l’ensemble du territoire. Il ordonne la fermeture des bars, restaurants, cinémas, ainsi que des commerces non essentiels, et appelle les Français à « plus de discipline ».
Le 16, lors d’une deuxième allocution solennelle, Emmanuel Macron, déclare que « nous sommes en guerre » et ordonne le confinement de la population à partir du lendemain, pour « quinze jours au moins ». Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner précisera que les déplacements indispensables doivent être justifiés par une attestation sur l’honneur, toute infraction à cette règle étant sanctionnée par une amende. Le chef de l’État annonce également la suspension de toutes les réformes en cours, notamment celle des retraites, ainsi que le report au mois de juin du second tour des élections municipales dont le premier tour s’est déroulé la veille. Emmanuel Macron assure qu’« aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne sera livrée au risque de faillite » et qu’« aucune Française, aucun Français ne sera laissé sans ressources ». La principale mesure économique annoncée est la création d’un fonds de garantie de l’État de 300 milliards d’euros pour les prêts bancaires aux entreprises. Enfin, le chef de l’État indique que « le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour aux jours d’avant » et que « beaucoup de certitudes, de convictions seront […] remises en cause. »
Le 17, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonce un plan de soutien financier aux entreprises d’un montant de 45 milliards d’euros. Celui-ci comprend le report du paiement des charges fiscales et sociales des entreprises, le financement de la prise en charge du dispositif de chômage partiel, le paiement des indemnités journalières aux salariés contraints de s’arrêter de travailler pour garder leurs enfants et le financement du fonds d’indemnisation destiné aux indépendants et commerçants. La création d’un fonds de solidarité pour les petites entreprises, les commerçants et les artisans doit permettre de leur verser une allocation forfaitaire pour compenser la chute de leur chiffre d’affaires. Le 23, le Parlement adoptera la loi de finances rectificative correspondante.
Le 17 également, le ministre de l’Agriculture et le syndicat agricole FNSEA lancent un appel aux personnes privées de travail en raison de la crise, qu’ils invitent à venir aider les agriculteurs confrontés à une pénurie de main-d’œuvre, notamment étrangère.
Le 18 se déroulent les premiers transferts de malades des régions où les services de réanimation sont saturés – à commencer par le Grand Est – vers d’autres régions que l’épidémie n’a pas encore atteintes ou vers les pays voisins (Allemagne, Luxembourg, Suisse).
Le 19, des médecins, représentants d’un collectif de soignants, déposent les premières plaintes contre le Premier ministre et la précédente ministre de la Santé Agnès Buzyn, accusés de n’avoir pas pris à temps des mesures pour endiguer l’épidémie. Depuis le début de la crise, tous les soignants dénoncent notamment la pénurie de masques – dont les stocks constitués à l’issue de l’épidémie de H1N1 de 2009 n’ont pas été renouvelés – et plus généralement de matériel de protection, ainsi que l’insuffisance des capacités de tests de dépistage.
Le 21, Jean-Jacques Razafindranazy, médecin urgentiste à Compiègne (Oise), est le premier soignant à mourir de la Covid-19 dans le pays.
Le 22, le Parlement adopte définitivement le projet de loi instaurant l’urgence sanitaire, qui accorde au gouvernement des pouvoirs extraordinaires. L’exécutif est notamment autorisé à modifier temporairement par ordonnances le droit du travail, en vue de faciliter le recours au chômage partiel et de permettre aux employeurs de disposer plus souplement de leurs salariés en modifiant les règles relatives à la durée du travail et aux congés payés.
Le 23, Édouard Philippe annonce un durcissement des règles de confinement : les marchés de plein air sont fermés et les déplacements sont limités à une durée d’une heure, dans un rayon d’un kilomètre autour du domicile et à une fréquence d’une fois par jour.
Le 24, l’Élysée installe le Comité analyse, recherche et expertise (CARE) composé de douze chercheurs et médecins, et dirigé par la virologue Françoise Barré-Sinoussi, qui est chargé de conseiller le gouvernement sur les traitements de la Covid-19.
Le 25, Emmanuel Macron visite l’hôpital militaire de campagne installé à Mulhouse (Haut-Rhin) dans les jours précédents. Il rend hommage au « courage exceptionnel » des soignants et promet, « à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières » à l’hôpital. Le chef de l’État annonce également le lancement de l’opération militaire Résilience de « soutien aux populations » et d’« appui aux services publics ». Deux porte-hélicoptères dotés de structures hospitalières doivent rejoindre La Réunion et les Antilles.
Le 27, Édouard Philippe, estimant que le pays n’est qu’« au début de la vague épidémique », annonce la prolongation de la période de confinement au moins jusqu’au 15 avril.
Le 27 également, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire exclut le versement de dividendes en 2020 par les entreprises qui bénéficient d’aides de l’État dans le cadre de la lutte contre la pandémie.
Le 31, le nombre de victimes de la Covid-19 mortes à l’hôpital s’élève à plus de trois mille cinq cents dans le pays. Près de vingt-deux mille sept cents personnes infectées sont hospitalisées, dont près de cinq mille cinq cents en réanimation ou en soins intensifs.