1er-31 octobre 1989
République démocratique allemande. Remplacement d'Erich Honecker par Egon Krenz
Le 1er, plus de sept mille Allemands de l'Est en provenance des ambassades de R.F.A. à Prague et à Varsovie arrivent, à bord de sept « trains de la liberté » est-allemands, en Bavière. Ils ont été autorisés à émigrer après un accord conclu à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'O.N.U., entre les deux Allemagnes. Mais, déjà, de nouveaux transfuges les remplacent dans les jardins de l'ambassade de R.F.A. à Prague.
Le 2, à Leipzig, plus d'une dizaine de milliers de manifestants défilent dans les rues en réclamant des réformes, à la sortie du service religieux protestant célébré à l'église Saint-Nicolas qui fait de plus en plus figure de quartier général de l'opposition au régime de Erich Honecker. Ces défilés, qui ont lieu tous les lundis soir depuis plusieurs semaines, rassemblent de plus en plus de protestataires.
Le 3, les autorités de Berlin-Est autorisent les quelque dix mille Allemands de l'Est qui se sont à nouveau réfugiés dans l'ambassade de R.F.A. à Prague à gagner la République fédérale, mais décident également de rétablir le visa entre la R.D.A. et la Tchécoslovaquie, afin de freiner un exode qui se poursuivra pourtant tout au long du mois, mais au ralenti, et via Varsovie ou Budapest.
Dans la nuit du 4 au 5, des milliers de candidats au départ tentent vainement de prendre d'assaut, alors qu'ils traversent le territoire de la R.D.A., les « trains de la liberté » aux portes verrouillées, qui emportent vers l'Ouest les réfugiés de Prague. De violents affrontements avec les forces de l'ordre ont lieu autour des gares, notamment à Dresde.
Le 6, Mikhaïl Gorbatchev arrive pour deux jours à Berlin-Est afin d'assister aux cérémonies du quarantième anniversaire de la fondation de la R.D.A. C'est pour lui l'occasion de réaffirmer son attachement au statu quo en Europe et d'encourager la jeunesse à se montrer patiente dans l'attente de réformes.
Les 7 et 8, malgré cet appel d'un « Gorby » dont les manifestants scandent le nom, l'agitation s'étend à toutes les principales villes du pays. Les forces de l'ordre interviennent et plusieurs centaines d'opposants sont interpellés.
Le 9, jour de la traditionnelle manifestation du lundi à Leipzig, non seulement les forces de l'ordre laissent défiler, sans intervenir, soixante-dix mille personnes réclamant, bougie à la main, plus de démocratie, mais certains responsables du parti lancent des appels au dialogue.
Le 11, le bureau politique du Parti socialiste unifié (S.E.D., communiste) publie une déclaration traduisant un certain flottement au sein des organes dirigeants : la rigidité d'Erich Honecker aurait provoqué de vifs débats et aurait été critiquée.
Le 12, un certain changement de ton est observé dans les médias officiels, et les appels à davantage de liberté se multiplient dans la presse.
Le 13, la plupart des manifestants arrêtés les 7 et 8 sont libérés, à l'exception de onze d'entre eux qui restent incarcérés pour « actes de violence ».
Le lundi 16, plus de cent mille personnes manifestent dans les rues de Leipzig à l'issue des offices religieux et se rassemblent dans un calme impressionnant sur la Karl Marx Platz sans que la police n'intervienne.
Le 18, Erich Honecker est remplacé au poste de secrétaire général du S.E.D., qu'il occupait depuis 1971, par son dauphin désigné, Egon Krenz. Cet ancien chef de la sécurité, âgé de cinquante-deux ans, qui avait approuvé en juin la répression en Chine, insiste, dans son premier discours de dirigeant, sur le rôle moteur du S.E.D. dans la vie politique du pays, mais n'exclut pas une réforme du fonctionnement du parti et de l'État. Il s'efforce, les jours suivants, de gagner la confiance d'une population sceptique quant à sa volonté de réforme.
Le 23, des centaines de milliers de personnes manifestent dans les villes du pays. Rien qu'à Leipzig, elles sont trois cent mille à réclamer des réformes démocratiques et la légalisation des mouvements d'opposition, le Nouveau Forum, le Parti social-démocrate...
Le 24, le Parlement élit le secrétaire général chef de l'État, mais, pour la première fois dans l'histoire de la R.D.A., le vote n'est pas unanime, cinquante-deux députés sur cinq cents votant contre ou s'abstenant. Les jours suivants, les manifestations importantes deviennent quotidiennes, souvent organisées à l'initiative même des municipalités.
Le 27, l'annonce d'une amnistie générale pour les émigrants et les manifestants arrêtés est saluée par l'opposition comme « un premier signal, longtemps attendu ».
Le 30, plus d'un demi-million de manifestants participent, à travers le pays, au rituel défilé du lundi soir, dont trois cent mille à Leipzig réclament « la démocratie maintenant ! » et des élections libres.
Le 31, pour sa première visite officielle à l'étranger, Egon Krenz se rend à Moscou où il rend hommage à l'expérience de la perestroïka.