1er-31 octobre 2001
Afghanistan - États-Unis. Intervention militaire en Afghanistan et contamination par la maladie du charbon aux États-Unis
Le 1er, à Rome, l'opposition afghane constituée de personnalités en exil, de représentants de tribus et d'officiers de l'Alliance du Nord décide, sur l'initiative de l'ancien roi d'Afghanistan Zaher Shah, réfugié dans la capitale italienne, de créer un Conseil suprême d'unité nationale de l'Afghanistan.
Le 2, le Premier ministre britannique, Tony Blair, déclare à l'attention des talibans: « Livrez les terroristes ou rendez le pouvoir. »
Le 3, lors du premier débat à l'Assemblée nationale française sur les attentats du 11 septembre, le Premier ministre, Lionel Jospin, affirme que « la France prendra toutes ses responsabilités, aux côtés des États-Unis ». Les mesures de coopération militaire avec les forces américaines et britanniques demeurent modestes. La France propose d'ouvrir son espace aérien aux forces alliées et de mettre à leur disposition un pétrolier-ravitailleur et une frégate.
Le 3, le président George W. Bush encourage ses compatriotes à reprendre une vie normale. Il annonce un plan de relance économique de 60 à 75 milliards de dollars, qui s'ajoutent aux 40 milliards d'aide d'urgence déjà votée par le Congrès et aux 15 milliards de soutien aux compagnies aériennes. La veille, la Réserve fédérale avait annoncé la diminution d'un demi-point, à 2,5 p. 100, de son principal taux directeur.
Le 4, l'O.T.A.N. approuve les demandes d'aide, principalement logistiques, formulées par Washington en application de l'article 5 de la charte de l'Alliance.
Le 6, les États-Unis commencent à déployer des soldats en Ouzbékistan, à la frontière nord de l'Afghanistan. Ceux-ci sont chargés d'assurer la sécurité de la base aérienne mise à la disposition des Américains par Tachkent pour des missions de « secours ».
Le 7, les forces aériennes et navales américaines et britanniques entament les bombardements sur l'Afghanistan. « Ces actions, soigneusement ciblées, explique le président Bush, visent à arrêter l'utilisation de l'Afghanistan comme base d'opérations terroristes et à attaquer les capacités militaires du régime des talibans. » Parallèlement sont engagées des opérations de largage d'aide alimentaire et sanitaire aux populations. La chaîne de télévision qatarie Al-Jazira diffuse une vidéo préenregistrée dans laquelle Oussama ben Laden approuve les attentats du 11 septembre sans en revendiquer la responsabilité, et appelle au djihad en déclarant que « l'Amérique ne connaîtra plus jamais la sécurité avant que la Palestine ne la connaisse et que toutes les armées occidentales athées ne quittent les terres saintes ». Seules les réactions de l'Irak, de l'Iran et du Vietnam sont hostiles aux frappes américano-britanniques. Par crainte de nouveaux attentats, les mesures de sécurité sont renforcées dans les pays occidentaux.
Le 8, des manifestations hostiles à l'intervention en Afghanistan se déroulent dans plusieurs pays arabes ou musulmans.
Le 8 également, le F.B.I. ouvre une enquête sur la contamination de deux personnes par la bactérie de la maladie du charbon (en anglais, anthrax), affection très rare, survenue dans le comté de Palm Beach (Floride) où ont séjourné plusieurs des kamikazes auteurs des attentats du 11 septembre. La première personne contaminée était morte le 5. Le 10, un troisième cas de contamination par le bacille du charbon sera diagnostiqué chez une personne ayant travaillé dans le même immeuble que les deux malades précédents.
Le 10, les représentants des 56 États membres de l'Organisation de la conférence islamique, réunis à Doha, prennent acte de l'entreprise des États-Unis visant à détruire le réseau terroriste mis en place par Oussama ben Laden en Afghanistan, mais refusent qu'un autre pays arabe ou musulman soit attaqué, « sous prétexte de lutte contre le terrorisme ».
Le 11, le président Bush offre une « seconde chance » au régime taliban en lui proposant l'arrêt des bombardements, qui se poursuivent quotidiennement, contre la livraison d'Oussama ben Laden.
Le 11 également, quelques milliers de personnes manifestent, à Paris, à l'appel d'organisations de gauche, contre le terrorisme et la « logique de guerre ». Le 13, en Allemagne et au Royaume-Uni, et le 14, en Italie, des milliers de personnes manifesteront à leur tour pour les mêmes raisons.
Le 12, un nouveau cas de la maladie du charbon est diagnostiqué chez une personne travaillant dans les locaux new-yorkais de la chaîne N.B.C. Elle aurait été contaminée par l'intermédiaire d'un courrier provenant de Floride et contenant de la poudre blanche. Plusieurs autres cas apparaîtront au cours du mois aux États-Unis. Le 15, une lettre contaminée sera reçue au Sénat, à Washington. Les fausses alertes à la maladie du charbon se multiplieront bientôt dans de nombreux pays.
Le 12 également, le prix Nobel de la paix est attribué conjointement à l'O.N.U. et à son secrétaire général, Kofi Annan, qui a insufflé « une nouvelle vie à l'organisation » internationale et a su relever de « nouveaux défis » tels que le « terrorisme international ».
À partir du 15, les bombardements américains se concentrent sur le nord de l'Afghanistan et sur la ligne de front, située au nord de Kaboul, entre les forces talibanes et celles de l'Alliance du Nord.
Le 18, un tribunal de New York condamne à la prison à perpétuité les quatre comparses, jugés coupables le 29 mai, dans le procès des attentats islamistes contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam, qui avaient fait 231 morts en août 1998. Les quatre hommes avaient avoué avoir été formés dans des camps d'entraînement du réseau Al-Qaida d'Oussama ben Laden, en Afghanistan.
Le 19, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, réunis en sommet à Gand, réaffirment leur « appui le plus ferme [aux États-Unis] pour les opérations militaires » et leur souhait que soit mis en place, à Kaboul, un gouvernement « stable, légitime et représentatif de l'ensemble de la population afghane ».
Le 20, le Pentagone annonce qu'un groupe des forces spéciales a effectué une opération terrestre ponctuelle, la première depuis le début de l'intervention américaine, contre un objectif militaire dans la région de Kandahar.
Le 21, la déclaration finale du sommet du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique (A.P.E.C.), qui se tient à Shanghaï, « condamne » les attentats du 11 septembre aux États-Unis et, plus largement, le terrorisme « dans toutes ses formes ». Il n'exprime toutefois aucun soutien à l'opération « Liberté immuable », que dénoncent certains États membres, comme l'Indonésie et la Malaisie. L'O.N.U. est appelée « à jouer un rôle majeur » dans la lutte antiterroriste.
Le 21 et le 22, deux postiers de Washington meurent de la maladie du charbon. Le 23, des traces de la bactérie seront découvertes à la Maison-Blanche. Le 31, la maladie du charbon fera une quatrième victime, à New York.
Le 23, le Pentagone reconnaît plusieurs erreurs de tir, les jours précédents, qui ont abouti au bombardement de bâtiments et de quartiers civils en Afghanistan, sans pouvoir estimer les pertes ainsi occasionnées.
Le 24, le Comité international de la Croix-Rouge rappelle « à toutes les parties impliquées [dans les opérations militaires en Afghanistan] leur obligation de respecter [...] la loi humanitaire internationale ».
Le 25, le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, avoue, dans un entretien avec la presse, que la résistance des talibans est plus forte que prévu.
Le 26, les talibans capturent et exécutent le commandant Abdul Haq, héros de la résistance afghane à l'occupation soviétique, qui tentait de convaincre les chefs de tribus pachtounes de rompre avec le régime de Kaboul.
Le 30, Donald Rumsfeld confirme la présence de commandos américains dans le nord de l'Afghanistan, pour des « besoins de liaison ».
Le 31, des bombardiers lourds américains B-52 entrent en action en Afghanistan.