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1er-31 octobre 2008

Réponses à la crise financière

Le 1er, l'Irlande, réagissant de façon indépendante à la crise financière qui balaie les économies occidentales, annonce que l'État garantira pendant deux ans l'intégralité des dépôts de six grandes banques du pays. Ce cavalier seul est critiqué par les autres capitales européennes et par la Commission de Bruxelles.

Le 1er également, des rumeurs font état d'un projet de fonds centralisé, de type fédéral, pour renflouer les banques, que proposerait la France avec le soutien des pays du Benelux, de la Banque centrale européenne (B.C.E.) et du secteur bancaire allemand. Par la voix de son ministre des Finances, Berlin rejette immédiatement une telle idée.

Le 3, aux États-Unis, la Chambre des représentants adopte, deux jours après le Sénat, le plan Paulson de sauvetage du secteur bancaire dont elle avait rejeté la première version en septembre.

Le 3 également, les pays du Benelux annoncent la nationalisation, sur leurs territoires respectifs, des actifs de la banque belgo-néerlandaise Fortis, à la suite de retraits massifs de capitaux.

Le 4, le président français Nicolas Sarkozy réunit à l'Élysée pour un sommet du G4 (les pays européens du G8) la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Gordon Brown et son homologue italien Silvio Berlusconi, accompagnés de José-Manuel Barroso, Jean-Claude Juncker et Jean-Claude Trichet, respectivement présidents de la Commission européenne, de l'Eurogroupe et de la B.C.E. Les participants, qu'oppose l'idée d'un plan de sauvetage européen, prennent l'engagement « de soutenir les établissements financiers en difficulté, par des moyens propres mais de manière coordonnée ». Ils estiment également que « l'application du pacte de stabilité et de croissance devrait refléter les circonstances exceptionnelles » que traverse l'Union et que « la Commission européenne devra faire preuve de flexibilité en matière d'aide des États aux entreprises et d'application des principes du marché unique ». Ils appellent à un sommet international pour refonder le système financier, « tous les acteurs des marchés financiers [devant] être régulés ou surveillés et pas seulement les banques commerciales ».

Le 5, en Allemagne, le gouvernement et un consortium de banques s'entendent pour accorder un crédit supplémentaire de 15 milliards d'euros à la banque immobilière Hypo Real Estate, déjà secourue en septembre. La chancelière Angela Merkel annonce également que le gouvernement se porte garant de la totalité des dépôts d'épargne des particuliers – soit 568 milliards d'euros.

Le 6 est annoncé le rachat de 75 p. 100 de Fortis Belgique et de 66 p. 100 de Fortis Luxembourg par la banque française B.N.P. Paribas qui devient ainsi la première banque de dépôts de la zone euro. Fortis Pays-Bas reste entre les mains de l'État néerlandais.

Le 6 également, la Bourse de Paris connaît la plus forte chute de son histoire – — 9,04 p. 100 –, tandis que, à New York, le Dow Jones repasse, pour la première fois depuis octobre 2004, sous la barre des 10 000 points.

Le 6 encore, le Parlement islandais adopte un plan d'urgence accordant de fait à l'État le contrôle des banques du pays, qui ne peuvent plus faire face à leurs engagements.

Le 7, les ministres des Finances des Vingt-Sept, réunis à Luxembourg, conviennent que « l'intervention publique doit être décidée à un niveau national dans un cadre coordonné ». Ils portent de 20 000 à 50 000 euros le seuil de garantie des dépôts bancaires au sein de l'Union.

Le 7 également, en France, le Medef et l'Association française des entreprises privées, qui regroupe les sociétés du CAC 40, proposent un « code de gouvernance » qui limite l'usage des « parachutes dorés » et des compléments de rémunération pour les dirigeants d'entreprise.

Le 8, Londres annonce un plan de sauvetage des banques qui prévoit l'ouverture par la Banque d'Angleterre d'une ligne de crédit de 200 milliards de livres et une prise de participation dans le capital des banques qui en font la demande, à concurrence de 50 milliards de livres. Dans un courrier adressé à ses vingt-six homologues européens, Gordon Brown propose d'offrir une garantie publique, au niveau international, aux nouveaux prêts interbancaires.

Le 8 également, les banques centrales des États-Unis, de l'Union européenne, du Royaume-Uni, de la Suède, de la Suisse et du Canada annoncent une baisse concertée d'un demi-point de leurs taux directeurs respectifs. La B.C.E., dont le président exhorte les acteurs financiers à « reprendre leurs esprits », réduit ainsi le sien de 4,25 p. 100 à 3,75 p. 100.

Le 8 encore, le rapport semestriel du Fonds monétaire international (F.M.I.) sur les Perspectives de l'économie mondiale prévoit pour 2009 une croissance mondiale de 3 p. 100 en moyenne, contre 3,9 p. 100 en 2008, mais de valeur quasi nulle pour les pays développés: 0,2 p. 100 pour la zone euro, contre 1,3 p. 100 en 2008 et 0,1 p. 100 pour les États-Unis, contre 1,6 p. 100 en 2008.

Le 10, les ministres de l'Économie et des Finances et les directeurs des banques centrales des pays du G7, réunis à Washington, s'engagent à « continuer à travailler ensemble pour stabiliser les marchés financiers et restaurer le flot du crédit pour soutenir la croissance économique mondiale ». Ils conviennent notamment d'« utiliser tous les outils à [leur] disposition pour soutenir les institutions financières d'importance systémique et empêcher qu'elles fassent faillite », ce qui revient notamment à envisager qu'une partie de l'enveloppe du plan Paulson serve à recapitaliser les banques défaillantes, c'est-à-dire à nationaliser en partie les banques américaines. Le G7 s'engage également à faciliter les prêts interbancaires afin d'enrayer la crise de liquidités.

Le 10 également, la chute des indices boursiers en une semaine atteint — 18,15 p. 100 pour le Dow Jones américain, — 22,16 p. 100 pour le CAC 40 français, — 21,05 p. 100 pour le Footsie britannique, — 21,61 p. 100 pour le DAX allemand et — 24,33 p. 100 pour le Nikkei japonais.

Le 12, les dirigeants des pays de la zone euro, accompagnés de Gordon Brown, se réunissent à Paris. Ils parviennent, sur le modèle des propositions britanniques annoncées le 8, à un plan commun prévoyant l'injection de liquidités dans le système financier, la garantie des prêts interbancaires et la recapitalisation des banques en difficulté.

Le 13, les marchés boursiers rebondissent – + 8,26 p. 100 à Londres, + 11,08 p. 100 à New York, + 11,18 p. 100 à Paris, + 11,40 p. 100 à Francfort, + 14,15 p. 100 à Tōkyō le 14 –, tandis que les pays de la zone euro annoncent les mesures nationales qui doivent mettre en application le plan adopté le 12. Le montant total de ces dernières s'élève à 1 700 milliards d'euros – dont 480 milliards en Allemagne, 384 milliards au Royaume-Uni et 360 milliards en France.

Le 14, les États-Unis annoncent l'affectation de 250 milliards de dollars – sur les 700 milliards, destinés initialement au rachat des actifs douteux, que compte le plan Paulson – à la recapitalisation des banques les plus menacées. Neuf établissements dont Citigroup, Wells Fargo, J. P. Morgan Chase, Bank of America, Goldman Sachs et Morgan Stanley acceptent cette offre. Ils s'engagent en échange à restreindre la rémunération de leurs cadres dirigeants. Washington annonce également la garantie par l'État fédéral, pendant trois ans, des nouvelles dettes émises par les établissements financiers, donc les prêts interbancaires.

Le 15, toutefois, les Bourses mondiales rechutent massivement, constatant la propagation à l'économie réelle de la crise financière. Les chutes et les hausses se succèdent les jours suivants.

Les 15 et 16, le Conseil européen se réunit à Bruxelles sous présidence française. Les Vingt-Sept approuvent le plan de sauvetage bancaire adopté le 12 par les pays de la zone euro et appellent de leurs vœux la réunion avant la fin de l'année, aux États-Unis, d'un sommet international en vue de refonder le système financier mondial. L'Allemagne, tout comme le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, demeurent réticents à l'idée d'un plan européen de soutien à l'activité souhaité par la France.

Le 18, à Camp David où il reçoit Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso, le président américain George W. Bush accepte la proposition de réunir prochainement aux États-Unis un sommet des dirigeants de la planète au sujet de la crise financière. « Il est essentiel, précise-t-il, que nous préservions les fondements d'un capitalisme démocratique: un engagement pour des marchés libres, la libre entreprise, et le libre commerce. »

Le 20, en France, l'examen du projet de loi de finances débute devant le Parlement. Le gouvernement, qui prépare des mesures de relance de l'activité, a choisi de ne pas amender son texte, établi avant la crise financière.

Le 20 également, Paris annonce la mise à la disposition des six principales banques françaises – le Crédit agricole, B.N.P. Paribas, la Société générale, le Crédit mutuel, les Caisses d'épargne et les Banques populaires – de capacités de recapitalisation d'un total de 10,5 milliards d'euros, en échange d'un engagement de celles-ci à continuer à financer l'économie.

Le 24, le F.M.I. conclut avec l'Islande, en quasi-faillite, un accord sur l'octroi d'un prêt de 2,1 milliards de dollars. C'est la première fois, depuis 1976, qu'un pays occidental a recours à l'aide du Fonds.

Le 24 également, l'Office national britannique des statistiques annonce une contraction de 0,5 p. 100 de l'activité économique au Royaume-Uni pour le troisième trimestre.

Le 26, le F.M.I octroie un prêt de 16,5 milliards de dollars à l'Ukraine pour l'aider à faire face aux conséquences de la crise financière.

Le 29, la Réserve fédérale américaine abaisse d'un demi-point, à 1 p. 100, son taux directeur.

Le 30, le Japon annonce l'adoption d'un plan de relance de l'équivalent de 207 milliards d'euros.

Le 31, la Banque centrale du Japon abaisse à son tour son taux directeur d'un demi-point, à 0,3 p. 100.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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