2-14 juin 2020
France. Manifestations contre le racisme et les violences policières
Le 2, une semaine après l’onde de choc provoquée par la mort de l’Afro-Américain George Floyd, tué par un policier blanc aux États-Unis, plus de vingt mille personnes – selon la préfecture de police – se rassemblent aux abords du palais de justice de Paris, à l’appel du comité « La vérité pour Adama », pour dénoncer les violences policières. Adama Traoré est mort en juillet 2016 à la suite de son interpellation par les gendarmes, à Persan (Val-d’Oise). Sa sœur Assa Traoré, à l’initiative de cette manifestation, dénonce le « racisme systémique dans la police » et réclame « la fin de l’impunité policière ». Ce rassemblement se déroule le jour de la publication d’une contre-expertise médicale indépendante qui désigne le plaquage ventral pratiqué sur Adama Traoré comme la seule cause de sa mort. Le comité appellera à une nouvelle manifestation le 13.
Le 4, le site d’information StreetPress révèle l’existence d’un groupe Facebook rassemblant des milliers de membres des forces de l’ordre, sur lequel sont échangés des messages haineux et notamment racistes. Des échanges similaires sur d’autres réseaux sociaux sont rendus publics les jours suivants.
Le 6, environ vingt-trois mille personnes, selon le ministère de l’Intérieur, participent dans les grandes villes à des rassemblements contre le racisme et les violences policières.
Le 8, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner dément, lors d’une conférence de presse, que la police soit une « institution raciste », mais constate que, « ces dernières semaines, trop [de policiers] ont failli dans leur devoir républicain », ce qu’il juge « inacceptable ». Il annonce l’interdiction de la clé d’étranglement comme technique d’interpellation, mais pas du plaquage ventral, mis en cause dans l’affaire Adama Traoré comme dans celle de la mort du livreur Cédric Chouviat en janvier. Il demande qu’« une suspension soit systématiquement envisagée pour tout soupçon avéré d’actes ou de propos racistes » de la part d’un policier. Ce même jour, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) publie son rapport annuel qui fait état d’une forte augmentation du nombre des enquêtes pour faits de violences en 2019 – augmentation attribuée pour partie à la poursuite du mouvement des gilets jaunes. Le rapport annuel du Défenseur des droits, également publié le 8, déplore qu’aucune de ses demandes de poursuite disciplinaire relative à la déontologie des forces de sécurité, « pourtant rares et circonstanciées », n’a été suivie d’effet.
Le 12, alors que leurs syndicats sont reçus depuis la veille par Christophe Castaner, des policiers, qui s’estiment « lâchés » par le ministre, participent à des actions de protestation. Celles-ci se poursuivent au cours du mois.
Le 12 également, le quotidien Le Monde révèle les conclusions du rapport d’expertise balistique remis en mai à la justice dans l’affaire Zineb Redouane. Cette Algérienne octogénaire touchée au visage à son domicile par un tir de grenade, à Marseille, en décembre 2018, en marge d’une manifestation des gilets jaunes, était décédée le lendemain. Les experts estiment que « l’arme a été utilisée selon les préconisations et les procédures d’emploi en vigueur dans la police nationale ».
Le 14, dans son allocution télévisée sur le déconfinement, Emmanuel Macron affirme que les forces de l’ordre « méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la nation ». Il se rallie au « combat noble » contre le « racisme », « l’antisémitisme » et les « discriminations », mais déclare que celui-ci « est dévoyé lorsqu’il se transforme en communautarisme ».