2-17 septembre 1981
Égypte. Durcissement du président Anouar el-Sadate envers les opposants
Du 2 au 4, 1 536 personnes sont arrêtées, parmi lesquelles environ un millier d'intégristes musulmans, cent cinquante coptes, une centaine d'opposants politiques et quelque deux cent cinquante « repris de justice » impliqués dans des affrontements confessionnels qui ont fait soixante-dix morts en un an.
Le 5, dans un discours radiotélévisé, le président Anouar el-Sadate annonce la destitution du patriarche d'Alexandrie, le pape Chenouda III, chef de l'Église copte orthodoxe d'Égypte et rappelle les mesures d'interdiction, prises en 1954, à l'encontre des activités des Frères musulmans. Cette puissante confrérie regroupe des fanatiques religieux, responsables des attentats anticoptes et hostiles aux accords signés avec Israël. C'est sans doute l'exemple iranien qui a incité le président Sadate à sévir contre les extrémistes islamiques. Quant au pape Chenouda III, son insistance à vouloir obtenir pour ses fidèles une citoyenneté à part entière est devenue de plus en plus inadmissible aux yeux du « président musulman d'un pays musulman ». Mais les arrestations ne visent pas seulement les groupements religieux : plusieurs personnalités politiques de l'opposition sont arrêtées, telles Hassanein Heykal, ancien proche de Nasser, Fouad Seragueddine (wafdiste, c'est-à-dire nationaliste laïque) ou Helmi Mourad, vice-président du Parti travailliste, formation que le raïs avait lui-même patronnée pour en faire une opposition « loyale ».
Le 10, lors d'un référendum, 99,45 p. 100 des électeurs approuvent les mesures prises par le président Sadate. La « loi référendaire » est rétroactive et permet de traduire en justice les opposants arrêtés.
Le même jour, un journaliste américain, Chris Harper, est expulsé pour avoir interviewé une personne critiquant violemment le président Sadate et sa politique.
Le 13, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, correspondant du Monde au Caire, est prié de quitter le pays dans un délai d'une semaine pour avoir « manqué d'objectivité dans ses articles ».
Le 15, l'ambassadeur d'U.R.S.S., six de ses collaborateurs et deux correspondants soviétiques, accusés d'être à l'origine d'« activités subversives », sont expulsés d'Égypte. Des coopérants soviétiques, notamment des techniciens employés au barrage d'Assouan, sont également frappés par les mesures d'expulsion.
Le 17, en représailles, Moscou expulse l'attaché militaire égyptien et ses dix collaborateurs.