2-18 mai 2006
France. Identification du « corbeau » dans l'affaire Clearstream
Le 2, le Premier ministre Dominique de Villepin, mis en cause dans l'affaire Clearstream, une opération de dénonciation calomnieuse visant des personnalités – notamment le ministre de l'Intérieur et président de l'U.M.P. Nicolas Sarkozy –, affirme, sur Europe 1, que celle-ci n'est qu'un « pétard mouillé » et que « rien ne justifie [son] départ ». Le même jour, Nicolas Sarkozy réaffirme devant les élus de son parti que la recherche de la vérité, dans cette affaire, est « une question de morale » et qu'il est déterminé à « aller jusqu'au bout ».
Le 4, sur France 2, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, se dit « choquée et en colère » face aux révélations de l'affaire Clearstream dont elle s'estime également victime, à travers l'évocation, dans le cadre de celle-ci, du nom de son compagnon, le député U.M.P. Patrick Ollier.
Le 10, Le Canard enchaîné révèle que Jean-Louis Gergorin, vice-président d'E.A.D.S., pourvoyeur des listes de personnalités possédant prétendument un compte secret dans l'établissement financier luxembourgeois Clearstream, a rencontré, en avril 2004, le juge Renaud Van Ruymbeke, dans le cadre de l'affaire de corruption liée à la vente de frégates à Taïwan en 1991; le juge, chargé de l'instruction de cette affaire, admet avoir été victime d'une « manipulation ».
Le 10 également, à l'issue du Conseil des ministres, le chef de l'État déclare que « la République, ce n'est pas la dictature de la rumeur, [...] c'est la loi » et réaffirme son entière « confiance » au gouvernement de Dominique de Villepin.
Le 10 toujours, Jean-Louis Gergorin est suspendu de ses fonctions de direction à E.A.D.S.
Le 11, Le Monde publie le contenu de notes personnelles prises par le général Philippe Rondot, conseiller pour le renseignement au ministère de la Défense, qui avait enquêté sur les listes à la demande de Dominique de Villepin. Celles-ci confirment ses précédentes déclarations à la justice révélées par le quotidien le 28 avril.
Le 11 également, le journaliste Stéphane Denis, parent de Philippe Rondot, affirme qu'il a, à la demande de ce dernier, informé Nicolas Sarkozy de l'enquête le concernant en septembre 2004, puis en avril 2005.
Le 16, l'Assemblée nationale rejette la motion de censure, déposée le 10 par le Parti socialiste, au sujet de l'affaire Clearstream et votée par l'ensemble de la gauche ainsi que par onze élus U.D.F., dont le président de cette formation, François Bayrou. Plus de la moitié des députés de l'U.M.P. sont absents lors du vote.
Le 18, dans un entretien accordé au Parisien, Jean-Louis Gergorin reconnaît être l'auteur du premier envoi anonyme à la justice, en mai 2004, de listes relatives aux comptes secrets de Clearstream. Il reconnaît, le lendemain, être également l'auteur d'un second envoi en juin de la même année, qui comportait notamment le nom de Nicolas Sarkozy.