2-19 septembre 1990
France. Préparation du budget et débat sur la « rigueur »
Le 2, clôturant l'université d'été du Parti socialiste, réunie depuis le 30 août à La Garde-Freinet (Var), Michel Rocard évoque la manière dont le gouvernement entend gérer les conséquences économiques de la crise du Golfe. Prônant « la justice dans la répartition de l'effort », le Premier ministre, sans renoncer à une « nouvelle étape sociale », insiste sur la nécessité de soutenir les capacités d'investissement des entreprises et rappelle le caractère prioritaire de la lutte contre l'inflation. Il intervient ainsi dans un débat interne au P.S. sur le retour éventuel à une politique de rigueur, qui a suscité une levée de boucliers.
Le 3, en Conseil des ministres, le président de la République soutient la ligne définie par le Premier ministre.
Le 12, l'adoption par le Conseil des ministres de la loi de finances pour 1991 relève du même exercice consistant à tenir compte tout à la fois des incertitudes internationales et des exigences sociales du P.S. Prévoyant 1 278 milliards de francs de dépenses (+ 4,8 p. 100) pour 1 197,8 milliards de francs de recettes, le budget 1991 ramène le déficit de 90 à 80 milliards de francs (1,2 p. 100 du P.I.B.) et donne la priorité au logement social, à l'éducation, à l'emploi, à la recherche, à l'environnement et à la justice. L'allégement fiscal global de 15,3 milliards de francs est réparti entre les entreprises (7,4 milliards), pour favoriser la lutte contre l'inflation et le chômage, et les consommateurs (7,9 milliards), grâce à une réduction du taux majoré de la T.V.A. de 25 à 22 p. 100. En revanche, des mesures dites « d'équité fiscale » doivent rapporter 6,7 milliards de francs supplémentaires à l'État : la réduction du plafonnement de l'impôt de solidarité sur la fortune (I.S.F.) et l'alourdissement de la taxation des plus-values mobilières en particulier plus-values sont décidés.
Le 19, Michel Rocard présente au Conseil des ministres son troisième plan pour l'emploi, destiné à lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée et à abaisser le coût du travail. Ces mesures, dont certaines s'intègrent au projet du budget et dont le coût global peut être estimé à environ 8 milliards de francs, concernent essentiellement les petites et moyennes entreprises.