2-20 février 1990
Afrique du Sud. Légalisation des partis nationalistes noirs et libération de Nelson Mandela
Le 2, le président Frederik De Klerk présente, dans un discours-programme prononcé au Cap devant le Parlement, toute une série de mesures exceptionnelles en faveur des Noirs : la légalisation des partis anti-apartheid, dont le Congrès national africain (A.N.C.) interdit depuis 1960 et le Parti communiste sud-africain (S.A.C.P.), la libération prochaine de Nelson Mandela, la suppression des restrictions imposées dans le cadre de l'état d'urgence, la libération des prisonniers politiques qui n'ont pas commis de violences et la suspension des exécutions capitales en attendant que le Parlement légifère sur la peine de mort. Ces mesures sont accueillies favorablement en Afrique noire, à Moscou et dans les pays occidentaux. Seule l'extrême droite sud-africaine appelle à une campagne de résistance.
Le 11, Nelson Mandela, chef historique de l'A.N.C. condamné à la prison à vie le 12 juin 1964, est libéré « sans condition ». L'opinion internationale marque une très vive satisfaction, le président Bush exprimant même son « admiration » à Frederik De Klerk. Dans sa première déclaration, Nelson Mandela rappelle son attachement à la lutte armée en attendant que soit créé un climat favorable à un règlement négocié, puis, quelques heures plus tard, se prononce pour la recherche d'une solution pacifique au conflit en cours.
Le 13, Nelson Mandela participe à un rassemblement de ses partisans dans un stade de Soweto, dans la banlieue de Johannesburg : parlant devant plus de cent mille personnes, il rappelle les objectifs traditionnels de son mouvement et multiplie les appels au calme et à la paix sociale, tentant de rassurer la communauté blanche : « L'A.N.C. et moi sommes opposés à toute domination noire », affirme-t-il.
Le 16, le comité exécutif de l'A.N.C., réuni à Lusaka (Zambie), en l'absence de Nelson Mandela, confie à Walter Sisulu la mission de reconstruire les structures du mouvement en Afrique du Sud et se déclare prêt à rencontrer Frederik De Klerk afin de lever les obstacles aux négociations. L'A.N.C. réclame la fin de l'état d'urgence ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques.
Le 20, les douze ministres des Affaires étrangères de la C.E.E., réunis à Dublin, paraissent divisés sur l'attitude à adopter à l'égard de l'Afrique du Sud. La Grande-Bretagne, appuyée par le Portugal, est favorable à la levée des sanctions économiques alors que les autres États membres, tout en saluant comme positives les mesures prises par Frederik De Klerk, souhaitent d'abord « l'élimination compléte de l'apartheid ». À l'issue de la réunion, la Grande-Bretagne décide de lever unilatéralement l'interdiction qui s'applique aux investissements en Afrique du Sud.