2-21 avril 1982
France. Tensions au sein de la majorité
Le 2, se déroule la séance d'ouverture de la session parlementaire de printemps. C'est l'occasion, pour le Premier ministre, de définir sa politique après l'échec subi par la majorité aux élections cantonales de mars. Il évoque la nécessité d'inscrire le changement « dans le concret ».
Le 3, le comité directeur du P.S., réuni à Paris, demande au gouvernement de procéder à des changements d'hommes aux « postes clés » afin de faire face à la « guérilla socioprofessionnelle » que tente de pratiquer l'opposition pour « déstabiliser » le pouvoir. Le parti, s'il approuve la politique menée par le gouvernement, se montre réservé quant aux méthodes utilisées et demande davantage d'« autorité » et d'« efficacité ».
Le 7, l'examen par le Conseil des ministres du projet de réforme pénale, qui devait abroger la loi « sécurité et liberté », est ajourné, en raison semble-t-il de l'insécurité. Cette décision entraîne une certaine gêne parmi les socialistes, tandis qu'Alain Peyrefitte, ancien garde des Sceaux qui fut à l'origine de cette loi, se félicite de la « sagesse du gouvernement ».
Le 15, Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur, déclare qu'il faut renforcer les dispositions concernant les contrôles d'identité contenues dans la loi « sécurité et liberté » et que les policiers devraient, comme les gendarmes, avoir le droit de faire usage de leurs armes à feu après sommation.
Le 16, Robert Badinter affirme que cette déclaration n'engage que le ministre de l'Intérieur. Le projet que le ministre de la Justice devait soumettre au Conseil des ministres prévoyait en effet que les contrôles d'identité resteraient possibles, mais que la police ne pourrait y procéder qu'en cas d'infraction ou de risque d'infraction.
Le 19, Pierre Mauroy, après avoir convoqué les deux ministres, décide de ne pas modifier la législation concernant l'usage des armes à feu par la police et d'arbitrer, au cours du Conseil des ministres du 21, le conflit sur les contrôles d'identité.
Le 21, François Mitterrand, de retour du Japon, renouvelle son « entière confiance » au Premier ministre, et déclare à propos de la loi en question : « On ne corrige pas une mauvaise loi, on l'abroge. » Le projet sur les contrôles d'identité présenté par Pierre Mauroy est adopté : ceux-ci seront autorisés « là où la sécurité des personnes et des biens se trouve immédiatement menacée ».