2-22 décembre 1993
Russie. Adoption par référendum de la Constitution et victoire des ultranationalistes aux élections législatives
Le 2, la commission électorale refuse d'accéder à la demande, formulée le 29 novembre par le vice-Premier ministre Vladimir Choumieïko, soutenu par le président Boris Eltsine, d'exclure du scrutin législatif du 12 les partis faisant campagne contre le projet de Constitution.
Le 12 se déroulent simultanément plusieurs scrutins. Les électeurs sont appelés à se prononcer par référendum sur le projet de Constitution présenté par Boris Eltsine, qui consacre la primauté du président sur le pouvoir législatif et celle du pouvoir central sur les organes fédérés. Ils sont également invités à élire un Parlement bicaméral composé du Conseil de la fédération et de la Douma d'État, qui doit remplacer l'ex-Congrès des députés dissous en septembre par le président Eltsine. 58,4 p. 100 des électeurs approuvent la nouvelle Constitution. Le taux de participation, 54,8 p. 100, est supérieur au seuil de 50 p. 100 nécessaire pour que la Constitution puisse être déclarée adoptée. À la Douma d'État, où la moitié des quatre cent cinquante sièges est attribuée au scrutin majoritaire et l'autre au scrutin proportionnel, le parti du président Boris Eltsine, Choix de la Russie, obtient soixante-seize sièges dont quarante à la proportionnelle. Il devance le Parti libéral démocrate (ultranationaliste) de Vladimir Jirinovski, qui en enlève soixante-trois, mais le score de celui-ci au scrutin proportionnel – cinquante-neuf sièges – le place en tête des treize listes en présence. Le Parti agraire (conservateur) obtient cinquante-cinq sièges – vingt et un à la proportionnelle –, le Parti communiste (conservateur), quarante-cinq, le Parti de l'unité et de la concorde, trente, Femmes de Russie, vingt-trois, le Bloc Iavlinsky-Boldyrev-Lukin (centriste), vingt-cinq, le Parti démocrate (centriste), quinze, et la Nouvelle Politique régionale, soixante-cinq. Il s'y ajoute quarante-sept députés non inscrits. Le nouveau Parlement apparaît aussi peu favorable au président Eltsine que le précédent, mais la forte diminution de ses pouvoirs l'empêchera de jouer le même rôle de frein. Washington se félicite de ce vote. De leur côté, les anciennes républiques de l'U.R.S.S. s'inquiètent des déclarations impérialistes de Vladimir Jirinovski.
Le 22, lors d'une conférence de presse, Boris Eltsine estime que les Russes, en approuvant la Constitution, ont exprimé leur choix d'un « pouvoir fort » qu'il prévoit d'incarner jusqu'au terme de son mandat, en juin 1996. Il confirme que l'initiateur de la politique économique libérale, Egor Gaïdar, restera au gouvernement et que le cours des réformes sera maintenu. Le président russe n'exclut pas de « coopérer » avec Vladimir Jirinovski, en se réservant de le juger sur ses actes.