2-24 août 2016
Turquie. Repositionnement diplomatique d’Ankara après la tentative de putsch
Le 2, dans un discours à Ankara, le président Recep Tayyip Erdogan dénonce « l’Occident [qui] soutient le terrorisme et se range aux côtés des putschistes ». Il réagit aux critiques émises par l’Union européenne et les États-Unis sur l’ampleur des purges effectuées par le pouvoir à la suite de la tentative de putsch de juillet.
Le 6, dans un entretien avec la presse occidentale, le président Erdogan menace de ne plus respecter l’accord sur les réfugiés conclu avec l’Union européenne en mars et confirme son intention d’appliquer la peine de mort si celle-ci est réinstaurée par le Parlement.
Le 7, plus d’un million de personnes participent à Istanbul au « rassemblement de la démocratie et des martyrs » à l’appel du chef de l’État auquel se sont associés le Parti républicain du peuple (kémaliste, social-démocrate) et le Parti de l’action nationaliste (nationaliste), mais pas le Parti démocratique des peuples (prokurde).
Le 9, le président Erdogan rencontre son homologue russe Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, mettant un terme à une crise de huit mois entre les deux pays, causée par la destruction en vol, par l’aviation turque, en novembre 2015, d’un bombardier russe participant aux frappes en Syrie. La situation dans ce pays demeure un sujet de tension entre Moscou et Ankara.
Le 9 également, Ankara demande à Washington, par la voix du ministre de la Justice Bekir Bozdağ, de ne pas « sacrifier » les relations entre les deux pays en refusant d’extrader Fethullah Gülen, chef d’une confrérie islamiste réfugié aux États-Unis depuis 1999, qui est présenté comme l’instigateur du putsch raté de juillet.
Le 12, Fethullah Gülen se dit prêt, dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, à se soumettre aux conclusions d’une enquête internationale indépendante sur la tentative de putsch de juillet en Turquie, qu’il condamne.
Le 23, Washington reconnaît avoir été saisi par Ankara d’une demande officielle d’extradition visant Fethullah Gülen.
Le 24, le vice-président américain Joe Biden est le premier dirigeant occidental à se rendre à Ankara depuis la tentative de putsch. Il précise qu’« aucune preuve » de la responsabilité de Fethullah Gülen dans le coup d’État n’a encore été apportée par la Turquie. Au sujet des milices kurdes appuyées par les États-Unis, qu’affronte directement la Turquie dans le nord de la Syrie, Joe Biden indique qu’elles doivent se retirer sur la rive orientale de l’Euphrate, sous peine de perdre le soutien américain.